Quatre ans de prison ont été requis mardi contre l'abbé Max de Guibert, jugé par le tribunal correctionnel du Mans pour des agressions sexuelles
sur mineurs, commises entre 1990 et 2003. Le tribunal a mis sa décision en délibéré.
Quatre ans de prison, c'est la peine requise mardi par le tribunal correctionnel du Mans contre l'abbé Max de Guibert, jugé pour des agressions sexuelles sur mineurs, commises entre 1990 et 2003.
La décision du tribunal a été mise en délibéré. Le jugement sera rendu le lundi 18 janvier 2021.
Le procureur a assorti cette peine d'un suivi sociojudiciaire pendant dix ans contre ce prêtre de 59 ans, qui a fait toute sa carrière dans la Sarthe. Il a exercé dans les paroisses de Mamers, Bonnétable ou du Grand-Lucé. L'abbé Guibert encadrait notamment des leçons de catéchisme ou des camps de scouts.
Des scènes humiliantes
Onze victimes ont été identifiées dans cette affaire. Tous des hommes, aujourd'hui âgés d'une trentaine d'années et qui restent traumatisés par ce qu'ils ont subi.Le magistrat a demandé la relaxe pour les faits portant sur deux des neuf victimes présumées, pour lesquelles "il n'y a pas d'éléments de certitude suffisants".
Pour les sept autres victimes présumées, il a demandé de ne "retenir que les faits avérés". "Ce sont des gestes éducatifs maladroits oui... mais ils sont tous orientés vers la nudité", a-t-il pointé.
Il s'agit notamment de fessées déculottées, de lavages forcés, massages ou d'auscultation des parties intimes, commis entre 1990 et 2003 dans le nord Sarthe et à Arzon, en Bretagne.
"Max de Guibert, lui seul, savait ce qu'il avait dans la tête dans ces moments-là", a pointé le magistrat.
Les victimes avaient évoqué lundi des scènes humiliantes. Quatre seulement se sont portées parties civiles devant le tribunal correctionnel du Mans.
Des "fessées cul nu"
Antoine, 40 ans, a parlé de "fessées cul nu" lors de séances de soutien scolaire au presbytère, le pantalon en bas des pieds et le sexe à l'air, alors qu'il avait entre 12 et 14 ans. "Ça a pourri ma vie pendant 20 ans", a-t-il témoigné.Un des témoins a dénoncé des caresses au niveau des parties génitales et a assuré que le prêtre lui avait montré des photos de garçons nus avec le sexe en érection.
Face à ces accusations, Max de Guibert ne plie pas. Il répond que ces pratiques n'avaient aucune connotation sexuelle. "Mon désir était de faire choc", a affirmé le prévenu. "Aujourd'hui, ça ne me paraît pas adapté", a-t-il concédé.
Une autre victime a également raconté que sous la douche, le prêtre lui avait expliqué comment décalotter son sexe.
La famille d'une des victimes avait informé l'évêque du Mans dès 1995, sans porter plainte. Le prêtre avait été muté dans une autre paroisse, avec l'interdiction d'entrer en contact avec les jeunes. Mais l'abbé Max de Guibert avait continué à encadrer des camps de vacances destinés aux jeunes garçons.
La famille du jeune homme avait de nouveau fait part de ses inquiétudes à l'évêque.
Une enquête canonique devait être menée. "Elle est toujours en cours dans l'attente de la justice des hommes", selon l'avocat de la défense.