C'est une rue calme du centre-ville du Mans à quelques pas du palais de justice. Un peu avant minuit mardi soir, un corbillard s'est avancé pour recueillir la dépouille de Jean-Michel Lambert. L'ancien juge de l'affaire Grégory pourrait s'être suicidé à son domicile.
Le quartier est resté calme ne dévoilant rien du drame qui s'y est noué.
Le corps de Jean-Michel Lambert a été découvert à son domicile du Mans mardi soir. Sa tête était recouverte d'un sac plastique noué à l'aide d'un foulard.
C'est une voisine, alertée par l'épouse du magistrat qui n'avait plus de nouvelle depuis la veille, qui a découvert son corps dans son bureau.
Aucune trace d'effraction ou de lutte n'a été relevée dans son appartement, d'après les premières constatations.
La police judiciaire d'Angers a été saisie et le parquet du Mans a ouvert une enquête pour déterminer les circonstances de la mort.
Le Mans est la ville où le magistrat a terminé sa carrière. Il avait 65 ans.
Surnommé "le petit juge", Jean-Michel Lambert avait 32 ans lorsque le 16 octobre 1984, le cadavre du petit Grégory Villemin, quatre ans, avait été retrouvé pieds et poings liés dans la Vologne.
Alors seul juge d'instruction à Epinal (Vosges), il s'agissait de son premier poste.
Propulsé sous les projecteurs, le magistrat avait surpris en multipliant les confidences à la presse dès les premiers jours de l'enquête.
Figure atypique, fasciné par les médias, le juge Lambert s'était illustré en 1987 en publiant "Le petit juge", dans lequel il faisait état de confidences sur sa vie intime et considérations personnelles.
Après s'être rêvé, sans succès, chroniqueur à la radio, le magistrat, natif de Jarnac, avait été nommé à Bourg-en-Bresse en 1988, avant d'être muté en 2003 au Mans.
En 1993, au procès de Jean-Marie Villemin devant les assises de Dijon, Jean-Michel Lambert avait été sévèrement taclé par l'avocat général. Le représentant de l'accusation l'avait qualifié de "mémorable funambule de la pensée", dont il espérait qu'il avait "conscience des catastrophes dont il avait été indirectement la cause".
Le magistrat s'était réfugié dans l'écriture, essais ou romans, aux titres déroutants : "Regards innocents", "Confession fatale", "Scrupules" ou "Un Monde sans vérité".