Le procureur du Mans a décidé mardi 9 janvier d’ouvrir une information judiciaire à l’encontre du Dr Jean-Paul Guittet. Le pédo-psychiatre est mis en examen pour viols, et agressions sexuelles.
Le médecin a été placé ce mercredi 10 janvier sous contrôle judiciaire. Il lui est interdit de rencontrer témoins et victimes. Interdit d'exercer surtout.
" C'est ça qui me soulage, c’est qu’il est maintenant hors d’état de nuire commente une ancienne patiente, elle aussi victime des agissements du médecin, après, soupire-t-elle, il est passé tellement de fois entre les mailles du filet…mais j’espère que cette fois justice sera faite »
Si c’est une plainte récente déposée par une patiente qui a déclenché cette procédure judiciaire, ce n’est pas la première fois que ce psychiatre est ainsi accusé de viol.
Plusieurs patientes se sont en effet manifestées, il y a quelques années, pour dénoncer les pratiques criminelles du praticien mais, les faits remontant à la fin des années 80, ils étaient prescrits. La justice n’a donc jamais poursuivi le Dr Guittet. Deux femmes s’étaient alors tournées vers le conseil de l’ordre départemental de la Sarthe.
Un seul signalement avait jusqu’ici abouti à une sanction
En septembre 2017, la chambre disciplinaire du Conseil de l’Ordre des Médecins des Pays de la Loire l’avait condamné à 3 mois de suspension suite à la plainte d’une ancienne patiente.
Certes le motif de viol n’avait pas été reconnu, faute de preuve, mais ses pairs avaient été interpellés par les gestes de tendresse déplacés que le psychiatre avait avoué avoir prodigué à la plaignante.
A l’issue du délibéré, le psychiatre avait fait appel. L’appel étant suspensif, le temps que le Conseil de l’ordre National se positionne, l’homme, âgé de 71 ans continuait donc de pratiquer la médecine, et de consulter.
Mais cette fois-ci c’est pour des faits beaucoup plus récents que le Dr Guittet est incriminé. La plainte date de la mi-décembre, il y a un mois à peine.
Les accusations d’Hélène (nom d’emprunt) portent sur des faits qui se seraient produits sur une vaste période, de 2001 à 2017.
Elle s’est tournée vers le praticien suite au décès de son mari. S’est alors engagée une relation sexuelle « consentie » selon le médecin qui nie les accusations.
« On peut néanmoins se demander si une patiente, sous traitement, fragile et sous l’influence de son médecin peut manifester un consentement libre et éclairé, s’interroge le Procureur du Mans, Fabrice Belargent.
Le magistrat n’a semble-t-il pas été sensible aux arguments de M. Guittet, pas plus qu’à ses explications relatives à un prêt de 20 000 euros « consenti » là encore par une autre patiente. C'est ce dernier élément qui vaut à Jean-Paul Guittet d’être placé sous le statut de témoin assisté.
Quatre patientes se sont déjà signalées depuis 1980 pour dénoncer les agissements de cet homme. Mais jusqu’ici, leurs témoignages n'avaient jamais été réellement pris en compte et l'homme n'avait pas eu à répondre de ses actes.
Les observateurs de ce type de dossier, (mettant en cause un médecin face à ses patientes), ont souvent dénoncé l’omerta, le corporatisme qui règne dans les milieux médicaux. Il semblerait que l’époque qui voulait que les médecins, exercent entre eux une connivence de classe et des soutiens de bon aloi soit révolue.
Les récents scandales et notamment l’affaire Weinstein sont passée par là.
C’est d’ailleurs en regardant un témoignage télévisé, qu’Hélène a décidé de porter plainte contre le Docteur Guittet. « Elle se sent un peu le porte-drapeau d’autres femmes qui n’osent pas parler, précise son avocat Jonathan Proust, d'autres femmes qui n'osent pas dénoncer un homme qui se sert de son statut et de sa position pour abuser d'elles ».