A 81 ans, Jean Mercier, ancien mécano garde la forme. Depuis sa retraite il se passionne pour les courses de formule 3 et de formule France.
Ce qui le conduit chaque mois sur les plus grands circuits. Mais pas comme spectateur !
Quand le visiteur entre dans son atelier, c’est une autre époque qui l’attend. En 1929, le père de Jean Mercier ouvre son atelier et son garage.
Le petit Jeannot va même apprendre à marcher sur la terre battue aidé par les ouvriers de son papa. Et quelques pas et années plus tard
il prendra sa suite.
Depuis, les lieux n’ont pratiquement pas changé. Ils se sont seulement agrandis et les Rosalie ont peu à peu laissé la place aux 2 chevaux puis aux Clio. Toutes les voitures de Saint-Ouen-des-Toits sont passées par là un jour ou l’autre.
Une retraite à 200 km/h
Mais voilà, il y a 20 ans Jean Mercier part à la retraite. Et là, c’est la révélation : Jean sera Fangio ou rien…Enfin à sa manière, sur des Formules 3 puis sur des Formule France, des véhicules qu’il va construire lui-même sur la base d’épaves.
Car Jean est aussi inventeur et constructeur.
Dans son camion par exemple qu'il emmène sur toutes les courses, il n’y a pas de rampes comme dans ceux des autres pilotes
pour charger sa voiture. Non, lui a fabriqué une grue, véritable curiosité à chaque fois pour ses concurrents et amis qui le croisent régulièrement dans sur les circuits. Avec évidemment un compliment à la clé. Jean Mercier est en effet connu comme le loup blanc :
"je suis le plus vieux des paddocks" admet-il dans un éclat de rires. "Les jeunes de 20 ans me demandent toujours des conseils…"
Spa, Nogaro, Le Mans…
Imaginez, un papy de 81 ans aujourd’hui, qui continue de rouler sur les parcours mythiques de la course automobile, comme Spa, Nogaro, ou Le Mans…Et toutes ces vedettes du bitume, il les a croisé, rencontré, comme spectateur dès l’âge de 12 ans. Il a parlé avec eux, plaisanté…" Quand je suis au volant, à fond dans les lignes droites, je pense à tous les grands champions qui ont couru là. Je suis heureux…"
"A l’époque on pouvait facilement les approcher. Maintenant c’est impossible". Il a assisté cinquante fois aux 24 heures du Mans.
Un drame dans sa vie
Mais cette course, c’est aussi un douloureux souvenir et lorsqu'on évoque le 11 juin 1955, ce mayennais toujours souriant a très vite les larmes aux yeux. Ce jour là il était parmi les spectateurs victimes de l’accident de la Mercedes de Pierre Levegh. 84 morts, 120 blessés. Une hécatombe, la plus grande catastrophe du sport automobile. Jean avait 18 ans. Lui s’en est sorti indemne mais son oncle qui l’avait emmené voir le course a été tué.
" La vie est faite de bonheur et parfois aussi de malheurs ", confie t-il.
Mais revenons au bonheur : sa passion totale et inconditionnelle pour la mécanique et la piste. A l’âge où beaucoup font des parties acharnées de scrabble ou vont paisiblement à la pêche, l’ancien mécano fait tous les mois des milliers de kilomètres pour se rendre aux rendez-vous des courses " Formule Ford Historique" à bord de son camion hors d’âge.
Difficile d’arrêter Jean quand il commence à vous parler de la construction de ses prototypes, des moteurs et des anecdotes rencontrées lors des courses. Intarissable également, ses voisins qui évoquent un homme généreux, serviable et véritable célébrité dans leur cité." Ah oui, Jean, on le connaît bien " nous confirment les organisateurs
D’ailleurs de nombreux scolaires vont régulièrement visiter son atelier "à l’ancienne" et découvrir ses deux bolides, de quoi faire rêver les gamins.
Mais pour tout raconter sur la vie de Jean Mercier et sa vie à 200 km/h il faudrait écrire un livre.