Depuis le début de la pandémie du Covid 19, les ambulanciers privés en première ligne sont restés dans l'ombre. Certains demandent une prime au même titre que les personnels soignants.
"Une prime serait la bienvenue surtout que l’on est allé au charbon comme tout le monde pendant la crise" constate Karelle Froger, à la tête d’une entreprise de neuf salariés à Savigné-l'-Evêque, "travailler dans un contexte de contagion avec des risques, nous connaissons mais le plus frustrant a été de continuer notre travail sans matériel. Nos stocks de masques et de blouses prévus pour 6 mois, étaient épuisés au bout d’une semaine".Le matériel, un sujet sensible aussi chez les ambulanciers privés, reconnait Patrick Vilain, président du syndicat départemental des ambulanciers de la Sarthe et patron d' Apha Ambulances, qui compte une vingtaine de salariés à Parigné-l'Evêque. "En pleine crise, l’ARS nous fournissait 20 masques par ambulance par semaine en sachant que le véhicule transporte 3 personnes à protéger et qu’il tourne 7 jours sur 7 même la nuit, faites le calcul!".
Pour ce syndicaliste et ambulancier depuis 35 ans, au delà de la reconnaissance sociale, il réclame une reconnaissance plus large de la profession : "Ne pas mieux être intégré dans la chaîne médicale est regrettable...Il faut que cela change, on ne nous associe pas entre le donneur d’ordre et le patient, les ambulanciers resteront une profession de l'urgence malmenée, qui ne sera jamais mise en avant car on est une activité privée.
"La sérénité professionnelle"
Les informations médicales restent confidentielles, parfois au détriment de la santé de ces professionnels. Durant l'épidémie, certains ambulanciers ont découvert après le transport de malades que ceux-ci étaient déclarés positifs au covid 19. "A mes yeux, la sérénité professionnelle compte beaucoup plus que la partie pécunière dénonce Patrick Vilain, les ambulanciers sont transporteurs sanitaires, oui mais ils veulent aussi transmettre les informations médicales du patient pour mieux réagir et avant tout, mieux se protéger".Jean-Marc Feitama, à la tête de Coulaines Ambulances à Saint-Pavace, une entreprise de 70 salariés, craint que la prime promise aux personnels soignants allant de 500 à 1 500 euros au titre de leur mobilisation durant l'épidémie du coronavirus n'aille qu'aux personnels soignants du public.
Lui estime, pourtant, ne pas avoir été oublié par le gouvernement en tant qu’entrepreneur. En plus des mesures exceptionnelles du chômage partiel pour ses salariés restés à domicile, des aides spécifiques évaluées sur la perte de son chiffre d’affaires par rapport à l’année passée lui ont été versées.
Une somme qui a atteint 86% de la perte évaluée pendant la crise. Un soulagement pour son entreprise devenue une entreprise à l’économie fragile.
Une reconnaissance économique qui semble avoir pris le pas sur la reconnaissance sociale.