TEMOIGNAGE. Elle avait été brûlée vive à La Flèche en 2019, Aurélie Mignot, attend "de savoir le pourquoi"

Trois hommes et une femme comparaissent devant la cour d’assises de la Sarthe pour tentative d’assassinat à La Flèche en 2019. La famille du principal accusé, Stéphane Schubhan, témoignait ce lundi 23 janvier devant la cour.

Stéphane Schuhan comparaît aux côtés de trois autres personnes, dont sa maîtresse. Tous sont poursuivis pour tentative d'assassinat ou complicité de tentative d'assassinat et encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

La principale victime de cet incendie volontaire est Aurélie Mignot, la compagne de Stéphane Schubhan et la mère de cinq de ses enfants. Grièvement brûlée, elle a survécu à ses blessures, mais elle est marquée à vie.

"Il ne pouvait pas m'avoir fait ça"

Aurélie Mignot souhaite maintenant comprendre pourquoi elle a fait l'objet de cette tentative d'assassinat à laquelle elle avait refusé de croire pendant un temps.

J'attends de savoir le pourquoi. Je n'ai pas mérité ça. J'ai aussi envie qu'ils paient, j'ai envie de connaître leur peine. J'aimerais qu'ils avouent qui a fait quoi, et pourquoi.

Aurélie Mignot

Victime

"En aucun cas je n'ai voulu croire que c'était lui qui avait mis le feu. Je me disais qu'il ne pouvait pas m'avoir fait ça. Mais les gendarmes sont venus me voir en centre de rééducation et m'ont dit que c'était lui", raconte-t-elle.

La victime affirme toutefois qu'elle n'ignorait pas les incartades de son compagnon, mais qu'elle fermait les yeux sur certaines choses : "Peut-être que je mettais de côté. Maintenant je sais ce que l'expression 'l'amour rend aveugle' veut dire".

Un portrait peu reluisant

Un père au mieux absent, au pire tyrannique. Un homme impulsif et violent. Le portrait de Stéphane Schubhan, dressé par ses enfants ce lundi matin à la barre de la cour d'assises de la Sarthe, n'est pas des plus reluisants. 

Dans le box des accusés, l'homme de 49 ans, soupçonné d'avoir voulu assassiner sa compagne en mettant feu à sa maison à La Flèche en 2019, secoue la tête à chaque accusation, réfutant les propos de ses proches. 

Il n'a pas du tout la même vision de l'éducation qu'il a donné à ses enfants, ayant été lui-même victime de violences.

Maître Camille Crabières

Avocate de Stéphane Schubhan

"Il a toujours eu à cœur de ne pas répéter ce schéma, donc il est très affecté par ce qu'il entend de ses filles", explique Me Camille Crabières, avocate de l'accusé.

Une semaine pour démêler les faits 

L'avocate de Stéphane Schubhan tient à "faire en sorte que les choses soient dites et assumées par tout le monde".

L'homme n'est en effet pas le seul à comparaître devant la cour d'assises de la Sarthe. Dans le box des accusés figurent aussi sa maîtresse, Fabienne Gautier, son fils Louis Lebreton et Florian Nallet, un proche de la famille. L'enquête n'avait pas permis de désigner l'auteur du départ de feu. 

"Une nuit d'horreur"

Les faits examinés par la cour d'assises remontent à la nuit du 27 au 28 avril 2019. Les quatre accusés auraient fomenté un incendie dans le but de tuer Aurélie Mignot, la compagne de Stéphane Schubhan.

Cette nuit-là, un des enfants du couple, coincé sur le toit, échappe in extremis aux flammes en sautant dans le vide. Les témoins de l'incendie et de la souffrance d'Aurélie Mignot décrivent un homme plus préoccupé de lui-même que de sa femme. "Il réclamait de l'eau pour son bras brûlé, criait beaucoup. Je me souviens de lui avoir dit de se taire", relate ainsi un témoin.

Un premier expert conclut à une origine accidentelle provoquée par l’incendie du téléphone portable de la victime. La procédure est clôturée le 19 juillet 2019.

Mais un renseignement anonyme adressé aux enquêteurs relance l’affaire et met les gendarmes sur la piste criminelle. L'incendie serait criminel et ourdi par le compagnon de la victime et sa maîtresse, Fabienne Gautier.

Procès commencé le 20 janvier

Vendredi 20 janvier, lors de la première journée du procès au Mans, plusieurs témoins sont venus dire à la barre l'état dans lequel ils ont trouvé la victime, dont le corps a été brûlé à 55%. "Elle était complément noire, brûlée, c'était du carbone", lâche un voisin.

Le motif de cette tentative d'assassinat doit être déterminé par la cour d'assises. L'une des pistes est celle d'un apport financier que l'accusé aurait cherché à s'accaparer en éliminant sa compagne.

Victime en 2016 d'un essai clinique effectué au laboratoire Biotrial à Rennes, Stéphane Schubhan, 49 ans, avait été hospitalisé dans un état qualifié de "sévère". Il en avait gardé des séquelles et était reconnu travailleur handicapé suite à cet accident.

En 2019, il attendait le versement d'une indemnisation de 25 000 euros de Biotrial. Avait-il convenu avec sa maîtresse de garder cette somme pour lui ? Est-ce le mobile de cette tentative d'assassinat ?

Le jury a jusqu'à vendredi 27 janvier pour tenter de déterminer les responsabilités de chacun.

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