Quadruple meurtre dans la Sarthe : vers un nouveau procès Dany Leprince ?

La commission d'instruction de la Cour de révision examine jeudi 12 décembre la requête de Dany Leprince, condamné pour les meurtres de son frère, sa belle-soeur et deux de leurs filles en 1994 dans la Sarthe, et qui souhaite faire reconnaître son innocence.

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Y aura-t-il un rebondissement dans l'affaire Leprince, vieille de 30 ans ? Le 4 septembre 1994, gendarmes et policiers découvrent l'horreur dans la maison de la famille. Christian et Brigitte Leprince ainsi que deux de leurs filles, âgées de 7 et 10 ans, sont retrouvés tués à coups de hachoir dans leur pavillon de Thorigné-sur-Dué. 

Très vite, les soupçons se portent sur le frère de Christian, à savoir Dany Leprince. Moins d’une semaine après, celui-ci avoue en garde à vue avoir tué son frère et se rétracte tout aussi tôt. Mais les témoignages de sa femme de l'époque et de sa fille l'accablent. Il est donc mis en examen pour les quatre meurtres, ce qu'il ne cessera jamais de contester. 

Malgré l'absence de trace ADN, d'empreinte et de preuve matérielle, Dany Leprince est condamné à la perpétuité après neuf jours de procès, devant les Assises de la Sarthe.

Audience à huis clos

Ce jeudi 12 décembre, la commission d'instruction de la Cour de révision se penchera à nouveau sur ce macabre dossier. L'audience, à huis clos, doit débuter à 14h00.

Après la lecture d'un rapport, les magistrats de la commission d'instruction écouteront la position de l'avocat général et la plaidoirie de la défense puis donneront la parole à Dany Leprince, 67 ans désormais, qui clame son innocence depuis trente ans.

Lire aussi : Affaire Dany Leprince : son avocat révélera bientôt "des avancées importantes" avant la décision de la Cour de révision


Dans plusieurs semaines, la commission d'instruction peut ordonner un supplément d'information, rejeter la requête ou au contraire la transmettre à la Cour de révision.
Seule cette dernière, si elle est saisie, peut se prononcer sur l'annulation ou non de la condamnation pénale de Dany Leprince.

"Doute sur sa culpabilité"

Après le rejet de son pourvoi en cassation en 1999 - la possibilité de faire appel d'une condamnation par une cour d'assises n'est possible en France que depuis 2000 - il avait déposé une première requête en révision en 2006. Mais la Cour de révision avait refusé en 2011 la tenue d'un nouveau procès.
Dix ans plus tard, au printemps 2021, il a déposé une seconde requête en révision et a rapidement obtenu que soient lancées de nouvelles investigations. En amont de l'audience à la commission d'instruction, sa défense a adressé le 16 octobre un mémoire de 200 pages listant les éléments en faveur d'une révision de sa condamnation pour meurtres.


"Nous espérons convaincre les magistrats à partir de faits nouveaux et d'éléments inconnus de la cour d'assises, lorsque Dany Leprince a été condamné, de nature à faire naître un doute sur sa culpabilité", ont indiqué à l'AFP ses avocats, Mes Olivier Morice et Missiva Chermak-Felonneau. "La seule survivante de ce massacre demande aussi un nouveau procès", ont-ils ajouté.

La personnalité de Martine Compain

Dans une lettre adressée en avril à cette commission et consultée par l'AFP, Solène, 32 ans aujourd'hui, révèle avoir "de sérieux doutes quant à la culpabilité" de son oncle, "au regard des nombreuses incohérences" du dossier et souhaiter "ardemment qu'un nouveau procès puisse avoir lieu pour rechercher la vérité".


Parmi la vingtaine d'éléments considérés par la défense comme nouveaux ou inconnus figurent la personnalité de Martine Compain, "formée à l'utilisation de couteaux de boucher" - l'une des potentielles armes du crime - ses "multiples revirements", sa "jalousie maladive" à l'égard de sa belle-sœur et ses liens avec notamment un major de gendarmerie.


En 2014, une information judiciaire a été ouverte au Mans après une plainte pour meurtre et complicité de meurtre déposée par le père des fils Leprince. La mise en examen de Martine Compain, requise par le parquet fin août, a été refusée par le juge d'instruction qui l'avait placée au printemps sous le statut plus favorable de témoin assisté. Une audience devant la cour d'appel du Mans doit se tenir prochainement.

"Dany Leprince se trompe lourdement en pensant qu'il va réussir à établir son innocence en accablant par tous les moyens et contre le dossier Martine Compain", avaient fustigé les avocats de cette dernière, .

William Bourdon et Colomba Grossi, avocats de Martine Compain


L'analyse des couteaux cités dans la procédure, des expertises ADN, ou bien encore les aveux rétractés de Dany Leprince, font également partie de l'argumentaire de la défense.
Les révisions de condamnations pénales restent rares en France: seules une dizaine de requêtes ont abouti depuis 1945 dans des affaires de meurtre ou de viol.

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