François Fillon invité de "Vous avez la parole" sur France 2 : "Je ne chercherai pas à revenir"

A quelques semaines de son procès dans l'affaire des emplois présumés fictifs de son épouse Penelope, le Sarthois François Fillon revient pour une longue interview télévisée ce jeudi soir, près de trois ans après sa défaite cuisante à la Présidentielle.

François Fillon, l'ancien Premier ministre, retiré de la vie politique depuis son élimination dès le premier tour de l'élection présidentielle en 2017, était l'invité exceptionnel de "Vous avez la parole" ce jeudi 30 janvier sur France 2.
 

"Je ne chercherai pas à revenir"

"Je vais pour la première fois devant des juges impartiaux me défendre", a expliqué François Fillon en début d'émission, "toute la procédure contre moi a été une procédure exceptionnelle, une procédure à charge".

Pourquoi a-t-il accepté d'être sur le plateau de France 2 ce jeudi soir ? "Je dois des explications aux 7 millions de Français qui m'ont soutenu".  Autre raison pour François Fillon d'être sur le plateau de France 2, "pour défendre l’honneur de ma femme et ma famille, mon épouse, son honneur a été déchiqueté".

"Je regrette ce qui s'est produit, pour les Français qui m'ont fait confiance, pour mon pays, je le regrette pour ma famille y compris ma famille politique mais j'ai gagné cette élection primaire (...) alors que je n'étais pas la candidat attendu",
a expliqué François Fillon revenant sur son élimination à l'issue du premier tour de la Présidentielle.

Et la politique ? Terminé pour François Fillon car "40 ans c'est long" et puis "parce que j'ai perdu l'élection, enfin parce que j'ai entrainé ma famille dans une épreuve d'une violence inouie". 

"J'ai réussi ce que tout le monde pensait impossible, une reconversion professionnelle", a-il conclu sur ce chapitre.
 

"Elle fournissait un travail qui était plus important que beaucoup d'autres"

Le Sarthois est revenu sur ses débuts en politique avec Penelope, son épouse, "elle a géré mon agenda, les discours que je faisais, elle a été surtout le lien entre le terrain et un parlementaire qui était de plus en plus Parisien".

"Les autorités d'instruction ont refusé d'examiner toutes les preuves qui attestaient du travail de Penelope", "12 collaborateurs, plus de 700 documents qui attestent du travail de mon épouse".

"Elle n'a jamais travaillé à l'Assemblée Nationale, c'était ma collaboratrice sur le terrain dans la Sarthe" - François Fillon

"Il y a de très nombreux témoignages de son travail", a martelé François Fillon, "elle a été rémunérée tout au long de cette période, en moyenne 3 000 euros par mois".

"C'est la plus diplômée de tous mes collaborateurs, elle fournissait un travail qui était plus important que beaucoup d'autres",
a poursuivi François Fillon pour justifier le niveau de salaire de son épouse, "Tout ça était très transparent vis à vis des autorités publiques".

L'emploi de Penelope Fillon "n'était pas fictif", pour son époux.
 

Penelope Fillon, candidate à Solesmes

Deux des enfants du couple ont été embauchés par François Fillon.

"Sur ce sujet mes enfants ne sont pas poursuivis par la justice, dans ces conditions, je refuse de répondre aux questions qui concernent mes enfants", "je dirais juste une chose, mes enfants ont été extrêmement courageux, cette crise a renforcé la soldiarité familiale (...) je suis très fier d'eux".

"J'ai fait des erreurs mais pas celles que l'on me reproche", "j'ai fait l'erreur d'accepter des costumes que je n'aurais jamais du accepter". 48 500 euros de costumes de luxe lui ont été offerts par l'un de ses amis l'avocat Robert Bourgi.

"C'est une double erreur, la première, en donnant ma confiance à quelqu'un qui ne le méritait pas, une deuxième erreur en ne voyant pas que l'acceptation de ce cadeau aurait des effets désastreux".

"Si j'étais un homme d'argent, je n'aurais pas choisi cet engagement politique. Au moment de la présidentielle, tout le monde a vu que j'avais moins de patrimoine que monsieur Mélenchon", s'est défendu François Fillon.

"Mon seul patrimoine c'est ma maison dans la Sarthe" - François Fillon

François Fillon a précisé que sa femme serait de nouveau sur une liste aux prochaines élections municipales à Solesmes, dans la Sarthe.

"Ce que je demande c'est d'être jugé comme tout le monde, avec équité", a conclu l'ancien Premier ministre sur le plateau de "Vous avez la parole" face à Léa Salamé et Thomas Sotto.


"Donner la vérité"

Cette intervention était très attendue à quelques semaines du procès de François Fillon. Le Sarthois sera jugé notamment pour "détournement de fonds publics"? Procès qui se déroulera du 24 février au 11 mars devant le tribunal correctionnel de Paris.

"J'espère que ce procès sera équitable" - François Fillon    

"Il a à coeur de donner sa vérité", a assuré le patron des sénateurs LR, le Vendéen Bruno Retailleau, proche de l'ancien chef du gouvernement, "François Fillon a été mis devant le tribunal médiatique, il ne s'agit pas de régler des comptes, mais de s'expliquer devant les Français", a-t-il ajouté.

François Fillon, son épouse et son ancien suppléant à l'Assemblée Marc Joulaud seront jugés dans l'affaire des emplois présumés fictifs de Penelope, pour lesquels elle aurait touché plus d'un million d'euros entre 1998 et 2013.

Le couple devra aussi répondre de "complicité et recel d'abus de biens sociaux" pour un emploi en partie fictif à la Revue des Deux Mondes. 

"Il est sorti du champ politique"

En 2017, cette retentissante affaire aux multiples rebondissements avait stoppé net la course en tête pour la présidentielle du candidat de droite, parti favori dans les sondages mais finalement éliminé au premier tour.

C'est un véritable tsunami qui déferle à la une du Canard Enchainé ce 25 janvier 2017. Les soupçons d'emplois fictifs du clan Fillon s'affichent à la une du journal satirique.
    
Mis en examen au mois de mars, François Fillon avait dans un premier temps dénoncé un "scandale d'Etat" avant de se retrancher dans le silence.
    
"Une partie de l'élection présidentielle a été complètement faussée" par cette affaire devenue un feuilleton, estime aujourd'hui le député LR Eric Woerth.
 
A l'époque, les révélations en cascade avaient écorné l'image intègre de François Fillon. La formule assassine qu'il avait employée contre Nicolas Sarkozy lors de la primaire de la droite, "qui imagine de Gaulle mis en examen ?", lui était revenue comme un boomerang.

Le coup de grâce était venu des révélations de Robert Bourgi, figure des réseaux de la "Françafrique", qui s'était vanté de lui avoir offert deux costumes d'une valeur de 13 000 euros. 

En 2017, la droite avait été pour la première fois de la Ve République absente du deuxième tour de l'élection présidentielle.
    
Pour Les Républicains qui n'ont cessé de s'enfoncer depuis, cette séquence ravive donc de mauvais souvenirs, juste avant des élections municipales qui leur offrent enfin l'occasion de relever la tête.
    
"Pas sûr que ça ait une influence sur les élections", veut croire le président de LR Christian Jacob. "Il est sorti du champ politique", note un élu. "Cela permettra de tourner la page", espère un autre.
    
D'autres digèrent mal la tribune offerte en prime-time à l'ancien candidat. "C'est minable. C'est nul. Cela n'a aucun intérêt", tempête un élu.
    
Absent des médias français depuis 2017, François Fillon a toutefois donné une interview en octobre à la Radio-télévision suisse, où il comparait la mobilisation des Gilets jaunes à celle des opposants à sa propre réforme des
retraites, en 2003. "Macron, c'est un petit joueur à côté !" avait-il ironisé.
   
Loin de la politique, François Fillon est associé de la société de gestion Tikehau Capital et siège à la Fédération internationale de l'automobile (FIA). Il s'engage aussi pour les chrétiens d'Orient.
    
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