Les maires des petites communes ont aussi le blues dans la Sarthe. Le maire des Aulneaux, près d'Alençon, a décidé de partir, après avoir été maire pendant 10 ans. En 4 ans, 500 maires ont démissionné de leur mandat en France.
Dans le petit village des Aulneaux, 117 habitants, de nouvelles élections vont avoir lieu, après les élections municipales de 2014. En cause : le maire de cette commune du nord-est de la Sarthe, Gilbert Parmentier, a jeté l'éponge, fin mai. À regrets :
C’est un petit peu difficile, mais on fait des choix. Le fait d’arrêter deux ans avant, c’est une décision politique.
Maire depuis 10 ans, conseiller municipal depuis 30 ans, Gilbert Parmentier a vu ses moyens d’action se réduire d’années en années, et ses projets noyés au cœur d’une immense inter-communalité. Sa communauté de communes est passée de 13.000 à 29.000 habitants, et de 43 à 78 représentants.
C’est très difficile de s’exprimer et d’être pris en considération dans ces conditions.
Un abandon de la part de l'État également, qui laisse tomber les territoires ruraux, selon lui. Emmanuel Macron souhaiterait réduire le nombre d’élus, et pour Gilbert Parmentier, ça ne passe pas.
C’est un manque de respect. On nous fait passer pour des gens qui coûtent, alors que ce n’est pas la vérité des choses.
Les démissions des maires ont augmenté de 54% en 4 ans, soit 500 maires démissionnaires. Un chiffre en très forte hausse par rapport à la précédente mandature. Le signe d’un profond malaise chez les maires qui restent les élus préférés des français.
Philippe Rion, ancien maire de Castillon, petite commune des Alpes Maritime, a quitté ses fonctions en février. Interrogé cinq mois plus tard, il est toujours aussi remonté.
Lorsque qu’il était maire, à la suite des baisses des dotations, il avait du faire des coupes dans toutes les dépenses, jusqu’à annuler certaines commémorations nationales. Pour les municipales de 2020, il est inquiet : "Je pense qu’on aura du mal à trouver des élus, dans certaines communes, car les gens en ont marre d’être pris pour des imbéciles".Il faut que les français se rendent compte qu’on est en train de leur piquer leur bien : parce que la commune, ça appartient à chaque français.
L’association des maires de France vient de réclamer la création d’un fond spécial pour les communes les plus en difficultés.
► Un reportage de Stéphanie Pasgrimaud, Julien Gasparutto et Guillaume Le Goff