La France, et donc les Pays de la Loire sont insuffisamment préparés aux risques industriels, c'est ce qui ressort d'une commission d'enquête menée par les sénateurs après l'incendie de l'usine Lubizol classée "Seveso Seuil Haut" !

"On a su passer du tocsin à la sirène au début du XIXe siècle. Je pense qu'au XXIe siècle, il faut que nous passions au cell broadcast, c'est-à-dire à l'alerte de la population par téléphone portable", a relevé le préfet de Normandie Pierre-André Durand devant la commission d'enquête du Sénat sur l'incendie de l'usine Lubrizol classée Seveso Seuil Haut.

Car "quand sonne une sirène, il faut rester chez soi, mais qui le sait ?", a poursuivi le haut fonctionnaire, expliquant pourquoi il n'a déclenché les sirènes qu'à 8h45 pour un incendie qui avait débuté vers 2h30.
   
Ce système Cell Broadcast, pratiqué notamment aux États-Unis et au Japon, et dont Bruxelles demande la mise en place pour juin 2022, permettrait de prévenir tout en donnant une consigne. Et d'éviter que des maires ne soient alertés officiellement par la préfecture que douze heures après le début du sinistre comme cela fut le cas le 26 septembre autour de Rouen.

Mais pour l'association des collectivités pour la maîtrise des risques technologiques majeurs Amaris, les défaillances vont bien au-delà de sirènes "inaudibles". Selon un livre blanc qu'elle a publié début novembre et cité par les parlementaires, "la mise en protection des activités riveraines reste une étape à franchir" en France.
 

Des exercices grandeur réelle pour appréhender le danger

Face au "problème très français d'une culture du risque assez distanciée" selon le préfet, pour qu'une population ait "les bons réflexes", "il n'y a que les exercices".

"Les Japonais nous ont appris ça par rapport au risque tectonique", a de son côté estimé le vice-président EELV de la métropole de Rouen Cyrille Moreau au Sénat mercredi, plaidant pour des exercices à l'échelle des agglomérations, payés par les industriels.
"À ma connaissance à l'échelle des grandes agglomérations, il n'y a aucun exercice", a de son côté constaté le président PS de la métropole de Rouen Yvon Robert, "extrêmement réservé" quant à de tels exercices. Selon lui, près de 2,5 millions de personnes vivent pourtant à proximité des 1 312 sites Seveso français.
  

"Des plans de prévention riquiquis" dans les Pays de la Loire

Dans la foulée de la catastrophe AZF qui avait fait 31 morts en 2001 à Toulouse, des mesures avaient été prises comme la création de plans de prévention des risques (PPRT). Pour autant, population et élus sont inquiets.

Ces PPRT encadrent plus sévèrement l'urbanisation autour des sites classés, afin de limiter les risques liés aux explosions, aux incendies, voire aux émanations toxiques.

Ainsi, un plan de prévention des risques technologiques (PPRT) doit être élaboré pour chaque établissement (ou groupe d’établissements) classé(s) Seveso. Dans les Pays de la Loire, 18 PPRT ont été élaborés autour des 23 établissements classés Seveso de la région.

Dans les zones exposées au risque, des mesures constructives sur l’habitat peuvent être imposées. Un droit de préemption, voire dans les cas extrêmes, des secteurs de délaissement ou d’expropriation, pourront être définis; ces deux dernières mesures étant financées par les industriels, les collectivités territoriales et l’État dans le cadre d’une convention de financement tripartite. Des mesures de renforcement du bâti peuvent aussi être prescrites afin de protéger les populations d’un éventuel aléa technologique.

Les personnes associées (mairies concernées, riverains, industriels, services de l’État) constituent le groupe de travail chargé d’élaborer le projet de plan de prévention qui sera soumis à enquête publique.

"Les riverains n'ont pas à subir les conséquences de l'activité de l'entreprise", a-t-on entendu à Donges durant la phase de mise en place du PPRT. Les associations de protection de l'environnement parlent de plans riquiquis ! Et ajoutent les élus, "difficile de convaincre la population d'adhérer à ces mesures souvent anxiogènes".

 

Dans les Pays de la Loire, 23 installations industrielles sont classées Seveso Seuil Haut

Loire-Atlantique : 
  • Total et Antargaz à Donges
  • Odalis à Mésanger
  • Yara, Elengy, Idea services à Montoir
  • TitaNobel à Riaillé
  • Breentag à Saint-Herblain.
Maine-et-Loire :
  • ZaCh Systems à Avrillé
  • CCMP à Bouchemaine
  • Seda à Champteussé-sur-Baconne
  • Phyteurop à Montreuil-Bellay
  • EPC France à Saint-Crespin-sur-Moine
Mayenne :
  • Seché éco industrie à Changé
  • Brenntag à Grez-en-Bouère
  • TitaNobel à Lignières-Orgères
Sarthe :
  • Butagaz à Arnage
  • Société des dépôts pétroliers au Mans et à Saint-Gervais-en-Belin
  • Alsetex à Précigné
Vendée :
  • Planète artifices à Chaillé-les-Ormeaux
  • Butagaz à L'Herbergement
  • EPC France à Mortagne-sur-Sèvre
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