La FDSEA de la Mayenne et la FRSEA des Pays-de-Loire ont reproché ces dernières semaines au groupe Fleury Michon d'avoir apposé un autocollant avec une photo d'éleveurs français sur des emballages de jambon d'origine espagnole.
Des éleveurs pointent du doigt certains jambons commercialisés par des industriels agroalimentaires installés en France, qu'ils accusent de "contourner" la législation en matière d'étiquetage, une manière de faire pression pour une meilleure information des consommateurs avant le vote de la loi Alimentation.
Les éleveurs français qui ont participé au lancement d'une gamme de jambon d'origine France sans OGM chez Fleury Michon et sans antibiotiques ont eu la désagréable surprise de trouver leur photo de groupe sur l'étiquette d'un sachet qui renfermait du jambon venant d'Espagne, précise Philippe Jehan, éleveur et président de la FDSEA de Mayenne et administrateur de la FNSEA.@FleuryMichon pour le jambon vous dites que vous manquez de jambon FR dc vous vous approvisionnez en ES, mais pour les allumettes de cochon, les gésiers et le poulet, quelles bonnes raisons avez vous ?@JEUNESAGRI53 @fdsea53 @CaroTlr @LaCooperativeU @FRSEA_PDL pic.twitter.com/Vc6d4FceQg
— NOEL (@Vincenono) 13 août 2018
Une rencontre a déjà eu lieu juste avant l'été entre le syndicat et le groupe Fleury Michon. "On a eu une concertation avec la répression des fraudes qui diligente une enquête, dont on n'a pas les conclusions encore", a aussi affirmé M. Jehan. Contactée par l'AFP, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) n'était pas en mesure dans l'immédiat de confirmer cette enquête.
"On peut comprendre que ça ait été mal compris ou mal interprété par les éleveurs qui sont à fleur de peau par rapport aux cours des matières premières", a répondu à l'AFP David Garbous, directeur stratégie innovation du groupe Fleury Michon, qui évoque une "action pour faire la promotion de la filière".
"Ce n'est pas un sticker d'origine, mais qui indique 'venez découvrir une nouvelle gamme'", ajoute-t-il: "On s'est accordé avec eux pour dire que l'année prochaine, on ne le mettrait que sur les emballages des produits 'J'aime'", soit les produits directement concernés.
Selon le groupe, les sachets de jambon incriminés ne représentaient que 1% de la production hebdomadaire de l'usine concernée, soit 6.900 sachets.
Une polémique en pleine loi Alimentation
Pour la FDSEA, la publication de ces griefs vise aussi à "peser sur l'importance de l'étiquetage", dans une "période de décision" avant le vote de la loi Alimentation prévu à la rentrée.
"Le texte, tel qu'il se présente, n'est pas suffisant", a souligné M. Jehan, pour qui "fabriqué en France, ne veut pas dire produit en France": il cite d'autres produits que le jambon, comme l'aubergine ou le melon charentais.
Le président de la FDSEA Mayennne souhaite permettre aux consommateurs "d'identifier le produit français, pas de dire qu'il est meilleur mais permettre aux consommateurs de choisir".
Cette loi souhaite, entre autres, "mettre fin à la guerre des prix qui paupérise les producteurs et fragilise des pans entiers de l’industrie agroalimentaire française" et à "assurer une meilleure répartition de la valeur créée entre les acteurs".
Les différents volets de cette loi sont à retrouver sur le site du ministère de l'agriculture.
Le projet de loi Agriculture et Alimentation doit être à nouveau examiné à l'Assemblée nationale à compter du 12 septembre prochain.