Vendée : Pierre Barouh s'en est allé à 82 ans

"Comme nos voix ba da ba da da ba da ba da / Chantent tout bas ba da ba da da ba da ba da..." Pierre Barouh, mort mercredi à 82 ans, a signé les paroles de chansons fredonnées par des générations de Français, mais aussi oeuvré à la découverte de nouveaux talents avec son label Saravah.

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"Comme nos voix ba da ba da da ba da ba da / Chantent tout bas ba da ba da da ba da ba da..." Le parolier et compositeur Pierre Barouh, auteur notamment du texte des chansons Un homme et une femme et La bicyclette, est mort, mercredi 28 septembre, à Paris, à l'âge de 82 ans. Il a succombé à un infarctus. 

"Un homme et une femme", chanson du célèbre film de Claude Lelouch dont il est le parolier et l'interprète avec Nicole Croisille, sur une musique de Francis Lai, reste comme l'un des monuments de la carrière de cet artiste éclectique et curieux.
"C'est, je crois, la première fois qu'on utilisait la chanson comme ça dans le cinéma, qu'on tressait de la sorte ces deux modes d'expression populaire", se souvenait-il le mois dernier, avec encore plein de projets à l'esprit.


Claude Lelouch a souligné pour sa part que Pierre Barouh était "la seule personne dont j'ai écouté les conseils". "Et son regard sur le monde est omniprésent dans la plupart de mes films", a ajouté le réalisateur surTwitter.


Loin de se contenter d'écrire des chansons - il a enregistré une demi-douzaine d'albums sous son nom-, il a également créé en 1966 Saravah, son label découvreur de talents. Parmi eux: Jacques Higelin, Brigitte Fontaine, Jean-Roger Caussimon, Areski Belkacem, mais également le Bénino-Togolais Alfred Panou, précurseur du slam dans le paysage hexagonal, le Gabonais Pierre Akendengué, aux prémices de la world music, ou encore le percussionniste brésilien Nana Vasconcelos.

Pierre Barouh a participé le 20 novembre au concert organisé à Paris pour fêter les 50 ans du label.

Il avait plus de 80 ans donc il était fatigué mais sur scène il était en pleine forme,


a confié à l'AFP son épouse Atsuko Ushioda, en annonçant sa mort mercredi.

Une attache particuliére à la Vendée


Pierre Barouh était amoureux de la Vendée où il était propriétaire d’une maison à Le Boupère. "J'y suis le plus souvent possible. Je suis d'ailleurs officiellement domicilié dans le bocage vendéen. Mon rapport à la Vendée, c'est une histoire dingue. Et une chanson comme " A bicyclette " est directement inspirée de cette parenthèse. En fait, en 1967, je venais de toucher mes droits d'auteur après " Un homme et une femme " : 1,5 million d'anciens francs. Hilaire Rocher, l'homme qui m'avait accueilli enfant, a dit à mes parents qu'une maison pouvait m'intéresser : ce fut un coup de foudre. C'est un lieu magique, situé au Boupère. Il y a un petit chemin pour y accéder : les douze derniers mètres deviennent une symphonie. Je l'appelle la petite Toscane. »

Son fils dirige toujours Saravah éditions à Nantes.

Des fans au Japon 


Avant de devenir un inlassable passeur musical, le jeune musicien, né en 1934, s'essaye aussi au métier d'acteur au début des années 60. Sa première chanson "Les filles du dimanche", retenu par Georges Lautner pour son film "Arrêtez les tambours" (1961), est celle qui va lui permettre d'entrer dans le monde du cinéma. "Cette très belle chanson, qu'il jouait à la guitare, a été le sésame pour lui", a expliqué à l'AFP son fils Benjamin. C'est alors qu'il fait la rencontre de Claude Lelouch, qui le dirige une première
fois sur son film "Une fille et des fusils". Puis vient "Un homme et une femme" (Palme d'or à Cannes en 1966) avec Jean-Louis Trintignant et Anouk Aimée qui deviendra sa première femme.

C'est le succès du film qui va notamment lui permettre de créer Saravah. Pierre Barouh délaisse alors peu à peu les lumières des tournages pour prendre la route le plus souvent possible, aux confins des musiques du monde. Malgré des heures difficiles, il a édité plus de 200 disques en 50 ans. Son histoire d'amour avec Atsuko Ushioda le lie au Japon, où il part vivre dans les années 80 et mener de nouveaux projets. S'y constitue alors un cercle de fans qui lui vouent une admiration telle qu'ils parviennent à retrouver un documentaire datant de 1969, "réalisé en trois jours à Rio de Janeiro et que j'avais vite oublié".

Ce film, "Saravah", capte l'essence de la samba et devient culte. "Il a refait surface grâce aux Japonais et depuis on ne cesse de me solliciter au Brésil à ce sujet", s'exclamait l'octogénaire en novembre, amusé de ce "Barouh d'honneur".

AFP


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