Le carambolage d'une cinquantaine de véhicules qui a fait cinq morts et une vingtaine de blessés mardi en Vendée sur la RD160 s'est produit dans un brouillard "à couper au couteau" et a été aggravé par des traversées d'automobilistes, a déclaré le procureur de la République de La Roche-sur-Yon.
Deux accidents distincts, dans lesquels sont impliqués cinq poids-lourds, se sont produits vers 9h50 à hauteur de Sainte-Flaive-des-Loups dans les deux sens de la voie rapide RD 160, entre les Sables-d'Olonne et La Roche-sur-Yon.
Une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de l'accident. "Il semble bien que le premier choc se soit produit sur la voie reliant Les Sables-d'Olonne à La Roche-sur-Yon, que des personnes aient tenté de sortir de leur véhicule et de traverser la voie pour se mettre à l'abri, et qu'elles n'aient pas été vues par les voitures qui arrivaient dans l'autre sens", a déclaré dans la soirée Hervé Lollic.
"On a une partie des victimes qui ont été atteintes de cette façon-là, et malheureusement nous avons eu du "suraccident", à la fois sur la même voie que le premier choc, et ensuite dans l'autre sens", a-t-il précisé.
Le brouillard reste toutefois le facteur privilégié par les enquêteurs pour expliquer l'origine du drame.
"Il y avait un brouillard à couper au couteau, les premiers témoins font état d'un véritable mur de brouillard", a de nouveau affirmé Hervé Lollic. "C'est sans doute une des premières origines de l'accident mais tout cela reste à vérifier", avait-il déclaré plus tôt dans la journée.
Une autopsie des cinq victimes sera pratiquée mercredi à Nantes. Il s'agit d'un homme et d'une femme d'environ 80 ans, d'un homme et d'une femme de 60 ans et d'une jeune femme de 20 ans. Le pronostic vital de la personne qui, parmi la vingtaine de blessés, était grièvement atteinte, n'est en revanche plus engagé. Les blessés ont été évacués vers les hôpitaux des Sables-d'Olonne et de La Roche-sur-Yon ainsi que vers une clinique de La Roche-sur-Yon.
Le ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux, arrivé en début de soirée en Vendée, a annoncé "un renforcement de tous les contrôles sur les routes" du pays. "Il n'y aura aucune mansuétude qui sera apportée en cette fin d'année, tant j'ai pu constater les dégâts que peuvent entraîner les accidents", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.
Des dépistages négatifs
Au total, plus d'une vingtaine d'ambulances ont participé aux secours ainsi qu'une centaine de gendarmes et plus de 110 pompiers. Un poste médical avancé a été établi et des véhicules de secours routiers (VSR) ont été envoyés pour désincarcérer des passagers de leur véhicule.
Le Plan Novi (dispositif de secours en cas de nombreuses victimes) a par ailleurs été activé.
D'après les premiers dépistages d'alcoolémie et de consommation de stupéfiants réalisés, "aucun conducteur n'avait bu ni consommé de stupéfiants", a indiqué le procureur Lollic. Pour les besoins de l'enquête, des clichés en trois dimensions devaient être réalisés à partir d'un hélicoptère.
Les personnes indemnes ont été transférées au village de Sainte-Flaive-des-Loups.
Une chapelle ardente y a été installée, et deux salles ont été ouvertes, l'une pour accueillir les victimes, l'autre pour les familles.
"Vous avez un mur de brouillard d'un seul coup" devant vous "et vous ne savez plus ce qui se passe", a raconté à l'AFP Thierry, l'un des rescapés. "Tous les véhicules se sont encastrés de plein fouet, sans avoir eu le temps de freiner. Ça n'arrêtait pas, c'est là que c'était atroce", témoigne ce quinquagénaire.
"Ça a été un enchevêtrement de véhicules pendant au moins une minute", raconte Luc Bourron, autres rescapé. "C'est très choquant. On a vu des choses qu'il ne faudrait pas voir. J'ai réussi à protéger mon fils pour qu'il ait pas cette vision abominable", dit-il.
Des cellules d'urgence médico-psychologique ont été activées. La voie rapide reste fermée à la circulation.