Au début de l'aventure, ils étaient quatre, fondus de technologie numérique et adeptes de l'impression 3D. Aujourd'hui ils sont une centaine rassemblés dans un collectif qui fabrique et distribue jusqu'à un millier de visières par jour.
Un peu partout en France, les makers se mobilisent, font tourner leurs imprimantes 3D pour fabriquer des visières de protection destinés aux soignants.
Le modèle est simple, éprouvé depuis le début du confinement à travers l'Europe par des "géotrouvetout" du numérique.
L'idée, c'est d'imprimer un serre-tête en PLA (amidon de maïs) dans lequel on insère une feuille transparente semi-rigide, type rodoïd.
En 10 jours, ils sont passés de 5 imprimantes 3D... à 53
En Vendée, l'initiative, partie d'un petit groupe de 4 personnes, a pris en 10 jours des allures d'entreprise ultra-rodée, forte d'une centaine de participants.Colin Clément est l'un des fondateurs du projet. Il dirige Gustav by Cocktail, un atelier numérique, mais confinement oblige, il a été obligé de stopper ses activités.
C'est en discutant avec des collègues que la bonne idée est née. "En fait c'est parti d'une réflexion entre makers. On est tous des artisans qui essayons de créer des produits beaux, efficients et utiles. Mais à la différence des artisans qui travaillent le bois ou le fer, on bosse avec des outils numériques. On a cherché ce qu'on pouvait faire pour aider et voilà...".
Ensemble, ils ont mis leur savoir-faire en commun.
Ensemble, ils ont, rapidement, monté un réseau logistique pour s'approvisionner, mobiliser des machines 3D et organiser la distribution.
Le bouche à oreille a fonctionné, au-delà de ce qu'ils avaient imaginé.
"Au début on avait 5 imprimantes 3D...maintenant on en a 53. Des machines mises à disposition par des entreprises, des particuliers, des associations. Chacun fabrique les serre-têtes dans son coin, et les éléments sont assemblés au Fab Lab' de la Roche-sur-Yon qui a été transformé en atelier"
Au-delà de l'utile, l'aventure humaine
"Ce qui est chouette dans cette histoire, c'est que chacun apporte sa contribution, raconte encore Colin."Par exemple, en ce moment, c'est la course à la matière première. On voulait contacter Cougnaud et les Vérandas Rideau, mais on n’avait pas leurs coordonnées. Chacun a mis son réseau en route, et en quelques minutes on a eu les numéros persos et les directeurs au téléphone, ce qui n'aurait pas été imaginable avant le confinement! C’est assez rigolo de voir que les barrières sociales tombent ...là on est tous ensemble et une dizaine d'entreprises vendéennes se sont associées à nous pour qu'on profite de leurs machines de découpe, ou de leurs matières premières".
"On a mis en place un réseau de collecte des matériaux et la livraison des visières par nos soins, mais sur les longues distances, c'est une agence de VTC partenaire qui effectue les trajets. En fait, on a créé une entreprise qui réunit 90 personnes qui étaient artisan, secrétaire, comptable, auto-entrepreneur, aménageur de van, artiste, chef d’entreprises, dessinateur industriel, chef de service pôle emploi, professeur en lycée, chômeur, webmaster et même ma fille de 20 ans en Community manager !".
"Une immense solidarité qui nous dépassent et dépassent les gens qu’on livrent !"
Comme une entreprise, une petite usine, le collectif prend des commandes, établit une liste de priorités, met en fabrication et livre ses visières."On reçoit des demandes des cabinets d'infirmiers, des EPHAD, des cliniques, environ 400 à 500 par jour", à cela s'ajoute, les entreprises du BTP, 25 000 commandes à ce jour, et encore les particuliers.
En dix jours, le collectif a fourni 1 300 visières à différentes structures du département. Maintenant qu'il a atteint une certaine "vitesse de croisière", il en fabrique 500 par jour.
Mais les besoins sont énormes. Ils le constatent chaque jour.
"Chaque fois on arrive avec les visières comme des messies, raconte Virgile, ils n’ont rien, et personne ne pensent à eux. Je veux parler des maisons d’arrêt, les EPAHD, les cliniques privées, les pompes funèbre, la police municipale, la gendarmerie, les infirmières libérales, les chirurgiens, aide à domicile mais aussi les commerçants sur les marché, les laboratoires d’analyse, les jardineries, les mairies…".
Pour Colin Clément, pas question de polémiquer, il insiste sur la démarche désintéressée qu'il a contribué à initier. "Moi je suis scandalisé de voir que certains vendent ce types de visières à prix exorbitants... quand on sait que le coût de revient est de 50 centimes d'euros, alors rien que pour ça on va continuer! "
conseils pratiques pour rejoindre "Les makers vendéens"
Tous les professionnels ayant besoin de visières sont appelés à contacter le collectif afin de pouvoir bénéficier des visières de protection via le mail de contact covid19.vendee@gmail.comLes professionnels ou particuliers qui souhaiteraient se mobiliser au sein du collectif peuvent le faire, notamment par le biais :
de leur imprimante 3D / découpeuse laser / CNC
du don de matières premières (PMMA / Bobines PLA / bande élastique)
contact : covid19.vendee@gmail.com