Le plaisir de retrouver le monde de la forêt ajouté à celui d'aller dans les bois voir le travail du printemps qui a oeuvré sans nous, amène à pénétrer un écosystème dont on a peu conscience de la fragilité quand on se trouve à l'ombre de ses grands chênes. Alors, attention à nos comportements.
L'ONF alerte sur les risques d'incendie
Alors que la chaleur de ces dernières semaines poussait une partie des déconfinés à la plage, elle en envoyait une autre partie à l'ombre des grands arbres.
Quel plaisir de retrouver tant de verdure et de calme au milieu des chants des oiseaux, la forêt domaniale s'offre à tous.
Encore faut-il en retour lui prêter attention, car elle est fragile. Si certaines forêts comme la forêt du Gâvre, au nord de la Loire-Atlantique ont conservé la fraîcheur et l'humidité acquises dans l'hiver, certaines forêts sont déjà exposées aux risques d'incendie.
Selon l'Office National des Forêts, en charge de la gestion de ces forêts domaniales, les feux de forêt sont souvent provoqués par des négligences. Dangereux pour les promeneurs et les riverains, le feu détruit aussi la forêt et les animaux.
Si la végétation reprend vie après un incendie, la biodiversité, elle, aura besoin de plusieurs décennies pour se reconstituer. Des feux trop rapprochés engendrent une dégradation irréversible du milieu.
Des solutions pour prévenir l'incendie?
Chaque jour, Météo France évalue le risque incendie et le partage sur un site internet à l'attention des professionnels. Si la sécheresse a tendance à se prolonger, l'ONF met en place une cellule de veille.
Etant donné que la première cause d'incendie est d'origine humaine, les réflexes et les comportements sont déterminants pour éviter l'embrasement.
En France, 5 000 départs de feu surviennent chaque année et l'homme en est à l'origine dans 9 cas sur 10.
L'Office National des Forêts rappelle donc les règles de base : ne pas fumer et jeter les mégots en forêt ou à proximité des massifs forestiers, ne pas allumer de feux et barbecue.
À partir d’un certain niveau de risque, la préfecture peut interdire le brûlage des déchets verts à l'air libre. Le code forestier, quant à lui, ''interdit de faire du feu à moins de 200 mètres d'une forêt''.
En cas d'incendie, le geste réflexe : appeler les pompiers
Si vous êtes témoin d’un début d’incendie, il faut immédiatement donner l’alerte par le 112 ou le 18 en précisant le mieux possible la localisation. Un panneau d'allée forestière, une route départementale à proximité, un numéro de parcelle sur un arbre, etc.
Sensibilisation aux feux de forêt : les prévenir et s'en protéger
Et la forêt privée ?
Suite au déconfinement, Fransylva Pays de la Loire , syndicat régional de forestiers privés nous a alertés sur les risques encourus par la forêt en raison des conséquences liées au Covid19.
En Pays de la Loire, la forêt ne pèse que 11% de la superficie du territoire, un des taux les plus faibles de France. La Vendée a le taux le plus faible avec 6% et la Sarthe le plus fort avec 19%.
Mais la proportion a tendance à augmenter avec la plantation d'arbres sur des terres agricoles, notamment par des initiatives privées. La filière bois est bien présente dans notre région et pèse plus de 31 000 emplois.
Même s'il s'agit à terme de forêts d'exploitation, ces massifs forestiers sont le premier capteur de CO2 terrestre de notre région. Ils filtrent l’eau naturellement et la purifient. Ils assurent un équilibre de la faune et de la flore en maintenant des espèces ou des essences rares. La forêt est naturelle et sans apport de fertilisant, elle est aussi lieu de loisirs et de chasse.
Forêt, avec un F, comme Fragile
Ce syndicat, pour la partie 44, parle de ''mise en danger des 58 000 hectares de forêt privée en Loire-Atlantique'' et explique son inquiétude : ''les Français vont passer leurs vacances en France. Une bonne nouvelle pour les hôteliers, restaurateurs de notre département et autres acteurs du tourisme qui ont tant souffert du confinement''.
Mais, car il y a un Mais : ''pour les forêts privées qui représentent plus de 90% de la forêt de la Loire-Atlantique, leur caractère privatif est incontournable et par définition, l’accès n’est pas autorisé.Personne n’ira se promener dans un champ de maïs ou de blé car chacun sait que c’est un lieu de production. La forêt, elle, apparaît comme un bien commun alors que c’est aussi un lieu de production ; la sylviculture est comme l’agriculture, destinée à produire et créer un revenu pour le propriétaire.''
Le syndicat veut être entendu sur le fait que son affirmation de la propriété privée et à comprendre sous l'idée que ''le forestier privé produit les bois français pour l’avenir et préserve le milieu naturel’’.
Pour conclure, cet organisme représentant les forestiers privés rappelle que ''si la forêt publique sait s’organiser, la forêt privée ne peut accepter les visiteurs, elle n’en a pas les moyens".
Cela n’empêche que des exceptions sont possibles et il y en a déjà. Un propriétaire responsable peut envisager l’ouverture de sa forêt via les offices de tourisme ou la mairie. Il définira les conditions, horaires, parcours, nombre de groupes … Il aura défini les conditions sécurisantes pour les hommes et les arbres.
Mais il convient avant tout d'intégrer les risques en forêt, les risques pour la forêt.
''Le promeneur s’expose lui-même : tiques et donc maladie de Lyme, accident etc. Il crée un danger pour la forêt avec d’abord le risque d’incendie qui est très grand et amplifié par les périodes de sécheresse cet été. Le milieu fragile ne peut accepter des balades et autres visites incontrôlées. Des dégradations de toutes sortes sont possibles : marcher dans une régénération naturelle, passer à plusieurs en sous-bois, ramasser des branchages, etc. Sans parler de la multiplication des fêtes en tout genre, du barbecue aux rave parties''.
Il est donc important pour ce syndicat de rappeler que les balades sont autorisées dans les forêts publiques, adaptées et organisées pour recevoir les promeneurs, les sportifs et autres amateurs de nature. Elles font l’objet de réglementations affichées et visibles par le public. Elles sont surveillées par des agents formés et habilités qui peuvent dresser procès-verbal en cas d’infraction. Un forestier privé ne dispose pas de ces dispositifs.
Au moment où le déconfinement nous permet de nous rendre en forêt, il nous doit nous permettre aussi de prendre conscience de la richesse et la fragilité de la forêt qui demeure un bien précieux pour l'humanité.