Bruno Retailleau l'affirme : le président de la République n'a pas tenu, à ses yeux, ses "engagements" sur la responsabilité des élus dans le projet de loi organisant le déconfinement. Selon le sénateur vendéen, le protocole sanitaire prévu pour les écoles "est une usine à gaz hors sol".
Il est contre et le fait savoir : Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs LR a affirmé au JDD ce dimanche 3 mai, que les sénateurs de son parti saisiront le Conseil constitutionnel sur le projet de loi prorogeant l'état d'urgence sanitaire et organisant le déconfinement.
Dire que Bruno Retailleau est critique sur ce projet, examiné lundi au Sénat, relève de l'euphémisme. Le président de la République n'a pas tenu, à ses yeux, ses "engagements" sur la responsabilité des élus, selon Bruno Retailleau.
"Lors d'une réunion, le 21 avril, Emmanuel Macron s'était engagé auprès de Gérard Larcher, le président du Sénat, à traiter la question de la responsabilité des élus locaux. Or elle est absente du texte", fait-il valoir. Le protocole sanitaire de 63 pages prévu pour les écoles "est une défausse. C'est une usine à gaz hors sol. (...) Ces règles sont autant de potentielles mises en cause de la responsabilité pénale d'un élu", selon lui.
Dans la journée de dimanche, le sénateur vendéen, invité de l'émission politique "Le grand rendez-vous" sur Europe1/CNews/LesEchos a apporté quelques précisions. Si le fond de la polémique reste le même, la forme change, indiquant que M. Larcher "pourrait" saisir le Conseil constitutionnel,et précisant que les sénateurs LR allaient d'abord amender le texte sur la responsabilité des élus.
Les sénateurs LR proposeront en outre "trois modifications" de l'article 6 sur le suivi des malades: la création d'une "instance de contrôle", le refus de légiférerpar ordonnances, et la possibilité, "pour les tiers ayant possiblement été contaminéspar d'autres alors que ce serait faux", de refuser d'être inscrits au fichier de suivi des malades.
Le sénateur de Vendée dit au JDD voir des "failles de sécurité béantes" dans le système d'information des malades "sans anonymisation", sans "aucune instance de contrôle, ni pour la collecte des données, ni pour leur destruction ensuite".
Concernant le volet "pratique", selon M.Retailleau, le groupe LR, majoritaire au Sénat, s'abstiendra comme la majorité des députés LR,sur la stratégie de déconfinement présentée ce lundi au Sénat par le Premier ministre (avant l'examen du projet de loi) "parce que nous ne voulons pas voter contre le principe du déconfinement mais que nous avons des doutes sur les conditions de sa réussite"."Il n'y aura pas de commission d'enquête sur la polémique des masques. Il y aura une commission d'enquête, mise en place en juin, qui portera sur l'ensemble de la chronologie de la crise"
— Europe 1 ??? (@Europe1) May 3, 2020
Bruno Retailleau, patron du groupe LR au Sénat, sur #Europe1#LeGrandRDV pic.twitter.com/GCTSzDUzNH
Le sénateur vendée poursuit : "Le chef du gouvernement (Edouard Philippe NDLR) construit sa stratégie comme on fait un pari, en croisant les doigts pour que ça ne tourne pas à la catastrophe", alors qu'il "aurait au contraire fallu créer les conditions pour casser la chaîne de contamination (du coronavirus) ", "généraliser les masques, massifier les tests, tracer et isoler" et "former plus tôt" les brigades du déconfinement".
Après l’Assemblée nationale la semaine dernière, le Premier ministre présente ce lundi 4 mai son plan de déconfinement à partir de 14h30, suivi d'un débat et d’un vote. A l'horizon, le souhait d'un retour à une "vie normale". La politique, elle, n'a pas perdu ses habitudes.