L'association Nos Viventia dénonce dans une vidéo le traitement imposé aux lapins dans des élevages de Vendée et du Maine-et-Loire. Des cages trop petites, des lapereaux jetés vivants dans des poubelles, les images sont un réquisitoire contre les élevages intensifs.
La vidéo diffusée sur Youtube avec une mention spécifiant que les images "ne conviennent pas aux spectateurs de moins de 18 ans" fait près de 14 minutes.
Le présentateur Eric Antoine, magicien de son état lorsqu'il est sur scène, s'est engagé dans cette cause aux côtés de l'association Nos Viventia pour dénoncer les conditions d'élevage des lapins. Il y interroge Pierre Rigaux, fondateur de l'association, à propos d'une enquête menée pendant un an dans des élevages de Vendée, du Maine-et-Loire et des Deux-Sèvres.
Pierre Rigaux explique tout au long de cette vidéo aux images difficilement soutenables comment on enferme les lapins dans des cages exigües, comment on recueille la semence des mâles pour ensuite inséminer les femelles puis trier les lapereaux.
Pour cette enquête, l'association a réalisé des vidéos dans les élevages ainsi qu'une interview, en caméra cachée, d'une éleveuse dont le visage est flouté.
Nos Viventia souhaite également dénoncer l'appellation parfois abusive d'élevage en plein air alors que les animaux sont en fait en cage, mais sous des bâches. "Ils ne se promènent pas par terre" reconnait l'éleveuse.
Une plainte va être déposée
Quand le camion vient pour prendre ceux qui sont sélectionnés pour l'abattage, à deux mois et demi, on voit dans la vidéo des lapins pris par les oreilles et jetés les uns sur les autres dans des caisses.
"L'ensemble des opérations de ramassage et chargement dans les caisses de 2000 lapins aura pris à peine une heure et demi", dit le commentaire.
Au terme de cette enquête, Nos Vinventia annonce porter plainte dans les jours à venir "contre la CPLB et contre certains éleveurs pour plusieurs infractions dont : acte de cruauté ayant entraîné la mort d'un animal domestique ; mauvais traitements envers des animaux placés sous sa garde par l'exploitant d'un établissement détenant des animaux ; défaut de soin à un animal domestique."
Nous avons tenté de joindre, CPLB, le groupe d'éleveurs mis en cause dans cette vidéo. Nous attendons toujours qu'il nous rappelle.
Une pratique répandue
Interrogé par Libération (article payant) Pierre Dupont, responsable de la CPLB admet que "des animaux vivants n’auraient pas dû finir à la poubelle. Parmi ceux qui naissent, un travail de sélection est à opérer pour éviter leurs souffrances. Dans ce cas, l’éleveur doit les sacrifier en leur donnant un coup derrière la tête."
Selon le patron de la CPLB, les conditions d'élevage dénoncée par l'enquête de Nos Vinventia sont celles pratiquées dans la quasi totalité du secteur.
"99 % des élevages de lapins en France sont sur ce modèle." avoue-t-il à nos confrère de Libération.
"Des animaux réduits à des objets de production"
Pour Pierre Rigaux, les éleveurs sont prisonniers d'une méthode de travail que leur imposent les coopératives.
"Finalement, dit-il, les cuniculteurs sont en quelque sorte des ouvriers dont la qualification consiste à savoir appliquer un protocole d’élevage extrêmement cruel fourni par une filière industrielle dont ils dépendent entièrement en amont et en aval de la vie des lapins, animaux réduits à des objets de production."
En août dernier, l'association L214 avait de son côté déposé une plainte similaire contre un éleveur de lapins en Bretagne.