L'association de défense des animaux L214 a déposé plainte pour "mauvais traitements" contre l'élevage de lapins du "responsable numéro 1 de la filière cunicole française", situé en Ille-et-Vilaine. Dans une vidéo rendue publique ce mercredi 24 août à 23 h, elle révèle la maltraitance subie par les lapines reproductrices et leurs lapereaux. L214 réclame la fermeture de cet élevage.
Un élevage breton de lapins se trouve aujourd'hui dans le viseur de l'association L214. Et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit de celui de Frédéric Blot, président de la Fédération nationale des groupements de producteurs de lapins (FENALAP) mais aussi président du groupement Elvilap, qui commercialise 10 % de la production française.
La vidéo, dévoilée ce mercredi par L214, a été tournée en mai dernier dans son élevage situé à Domalain, en Ille-et-Vilaine. Les images (attention, certaines d'entre elles sont choquantes, NDLR) montrent "des lapins gravement blessés aux pattes, aux oreilles, aux yeux, des blessures infectées, des lapereaux agonisant sur le sol grillagé des cages, indique l'association. L'hygiène générale est déplorable. On y voit des lapins ramassés sans ménagement au moment de leur transport à l'abattoir et entassés les uns sur les autres dans les chariots".
"Qualité de vie réduite à néant"
Selon L214, l'élevage exploite 1.500 lapines reproductrices sur deux sites. "Isolées dans des cages, elles sont inséminées tous les 42 jours et donnent naissance à plus de 130.000 lapereaux chaque année. Ces derniers sont engraissés en cage ou en parc et envoyés à l'abattoir à 2 mois et demi".
L'association dénonce les conditions de vie des animaux dans cet élevage intensif, "avec des lapins qui n'ont jamais accès à l'extérieur et vivent dans des bâtiments fermés sans fenêtre. En cage ou sur des caillebotis, leur qualité de vie est réduite à néant'.
L'association étaye son enquête à l'aide de documents provenant de l'élevage, comme, dit-elle, "ce bordereau de livraison d'un aliment complémenté avec 1,5 % d'antibiotiques, ici de l'oxytétracycline 40, un antibiotique classé hautement important pour la santé humaine par l'OMS (Organisation mondiale de la santé, NDLR)".
Plainte pour "mauvais traitements"
Une partie des lapins issus de cet élevage sont vendus sous la marque Le Gaulois, "le dirigeant de l'élevage se trouve même en photo sur l'étiquette des barquettes" souligne L214 qui porte plainte auprès du procureur de la République de Rennes "pour les délits de mauvais traitements et d'abandon". Elle demande également la fermeture de l'élevage ainsi que l'arrêt de son projet d'agrandissement.
"On nous reproche souvent, à tort, de montrer des élevages singuliers qui seraient les “moutons noirs” d’une filière, observe Sébastien Arsac, co-fondateur de L214. Ces nouvelles images ont été tournées dans l’élevage du responsable n° 1 de la filière cunicole française. Elles ont choqué tous les vétérinaires à qui nous les avons montrées".
Joint par téléphone ce mercredi matin, Frédéric Blot semble tomber des nues. Il affirme découvrir l'existence de cette enquête menée par L214 au sein de son élevage. Il ne souhaite pas commenter des images qu'il n'a pas encore vues et préfère attendre de les visionner pour réagir. Il dit seulement que "tout se passe bien sur son exploitation" et que "les animaux sont suivis par un vétérinaire".
Après avoir pu regarder les images dans l'après-midi, l'éleveur n'a plus souhaité donner suite à notre demande d'interview.
Une enquête ouverte
La préfecture d'Ille-et-Vilaine a ordonné une enquête, ce 25 août, suite à la plainte de l'association L214. Des équipes de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) se sont rendues sur l'exploitation, annonce-t-elle. "Elles rédigent un rapport dont les conclusions seront mises à la disposition du parquet de Rennes" précise la préfecture à l'AFP.