À Chanverrie en Vendée, 20 maisons modulaires pour salariés en mobilité professionnelle, viennent d'être inaugurées. Ces pavillons de 62 mètres carrés accueilleront les premiers locataires début décembre. Une solution alternative dans ce territoire où l'emploi tourne à plein mais où les entreprises peinent à recruter faute de logements.
Elles se montent en un temps record. Des maisons modulaires de 62 mètres, en ossature bois et aux dernières normes en matière d'isolation. Des pavillons qui peuvent accueillir des familles mais aussi des salariés en intérim, des saisonniers, des alternants.
Sur le parc du domaine de la Grange à Chanverrie en Vendée, 20 logements seront bientôt disponibles. La commune compte 5700 habitants et jouit d'un taux de chômage record : 4%. Ici, c'est le plein emploi, du travail il y en a mais pas ou peu de logements. Rien à la location et de rares offres à la vente, comme en témoignent les vitrines des deux agences immobilières installées au coeur du bourg.
David Jamin est restaurateur. Il a ouvert son affaire il y a une dizaine d'années. Une pizzeria qui affiche complet chaque midi.
"Sur le secteur des Herbiers on a quand même de très grosses entreprises qui ont leurs sièges sociaux et leurs outils de production sur place, ça fait beaucoup de personnes à employer et on voit bien qu'aujourd'hui sur le territoire on a pas les logements nécessaires pour les salariés", constate le restaurateur.
Moi le premier, j'ai un appartement loué avec le fond de commerce, je cherche une maison depuis un an c'est extrêmement compliqué. Je ne trouve pas de biens.
David JaminRestaurateur à Chanverrie
Cette crise, David Jamin en a déjà les frais. "Notamment sur du travail saisonnier. Les gens arrivent pour 3 mois, ils n'ont pas de quoi se loger. Ou alors en camping mais c'est compliqué pour eux. Donc oui les gens refusent de venir."
Ce système de maisons modulaires c'est vraiment très bien mais il en faudrait plus. Il faudrait aussi des parcelles pour accéder à la propriété. On en manque cruellement. 2000 salariés viennent travailler chaque jour sur la commune
David JaminRestaurateur à Chanverrie
Régis Le gendre lui, est chef d'entreprise. Sa PME, Lucas G, emploie 150 personnes.
"Je pensais que le problème de l'emploi ne concernait que les très grosses entreprises. Et bien non chez nous, nous avons aussi des problèmes de recrutement surtout pour des collaborateurs qui voudraient venir avec leur famille."
L'entreprise a essayé de participer à la création de logements sur la commune.
Nous avons vendu un terrain pour permettre la construction d'un premier lotissement. Ce n'est pas suffisant. Aujourd'hui ça nous limite dans l'extension et le développement de l'entreprise.
Régis LegendreDirecteur d'entreprise
Si la pénurie est un problème, le coût en est un autre. Les logements sont souvent trop chers. Difficile donc de trouver des locations moyenne durée.
"Chez nous, nous avons une quinzaine d'offres d'emploi ouvertes. Au moins 3 ou 4 fois par mois des gens sollicitent le service des ressources humaines en disant : aidez nous à trouver un logement ! ", explique le chef d'entreprise.
Nous n'arrivons pas à recruter alors nous faisons appel à de la main d'oeuvre étrangère. Une dizaine d'ouvriers Moldaves et Polonais recherchent actuellement des logements pour un mois ou deux. Pour eux non plus aucune solution
Régis LegendreDirecteur d'entreprise
"Il y a une tension immobilière sur la commune et sur le territoire. Il faut y répondre par des projets innovants", confirme le maire de Chanverrie.
L'habitat transitoire et démontable : voilà donc une des solutions alternatives.
"Les élus communaux et intercommunaux du pays de Mortagne (11 communes et 28 000 habitants) ont souhaité être candidats", explique Jean-François Fruchet.
A Chanverrie nous avions des terrains disponibles, du foncier destiné à un futur programme d'urbanisation. Le coût pour la commune c'est la viabilisation de la parcelle, soit 10 000 euros
Jean-François TruchetMaire de Chanverrie
20 logements cela peut paraître dérisoire : "c'est beaucoup et peu à la fois. Il faudra peut-être en construire d'autres. Les entreprises locales découvrent ce projet qui a sans doute de l'avenir sur d'autres territoires", conclut le maire.
A l'origine d'Habiflex, le bailleur social angevin Podeliha qui travaille en étroite collaboration avec l'association Escale ouest. L'investissement s'élève à 3,7 millions d'euros sur 10 ans. Le groupe a bénéficié de différents aides, notamment celles de l'Action Logement Service et de l'État.
Chaque maison dispose d'une cuisine ouverte, d'une pièce de vie de plus 30 m2 et de deux chambres. Le prix du loyer, calculé selon les conditions de ressources, s'élèvera entre 340 et 420 euros.
A l'issue d'une période de 7 ans, les logements seront déplacés pour être remontés ailleurs, les matériaux réutilisés à plus de 95%. Les locataires signent pour une année, renouvelable une seule fois. Et après ? "Nous accompagnerons les salariés dans leur recherche d'un nouveau logement", affirme Sylvie Boiteller-Doublier, directrice clientèle et des territoires du bailleur Podeliha.
Oui mais où et comment ? "Á cette question je n'ai aucune réponse pour l'instant", avoue la responsable de Podeliha.