Les femmes participent au contre la montre cycliste du Chrono des Nations aux Herbiers depuis 1987, mais c'est seulement en 2021 que le montant du prix est à parité entre le femmes et les hommes. Les partenaires publics et privés se sont laissés convaincre de mettre fin à une disparité injustifiée.
C'est probablement une première dans le monde des courses cyclistes professionnelles en France, la meilleure coureure, reçoit le même prix que le meilleur coureur de l'épreuve au Chrono des Nations, une course contre la montre, aux Herbiers en Vendée. Soit ici près de 6000 euros, pour cette compétition qui clôture la saison professionnelle.
En 1987, Jeannie Longo remportait ce qui s'appelait alors le Chrono des Herbiers. La course était ouverte aux amateurs de vélo, femmes et hommes déjà. Souvent la plus célèbres de compétitrices françaises est montée sur la première marche du podium jusqu'en 2010. Six fois première, deux fois deuxième, la récompense était loin de celle des hommes. Il conviendrait de lui demander si le montant de l'ensemble de ses primes de victoires atteignait seulement une seule de celles des messieurs...
2021, les mentalités évolueraient-elles enfin ? Sur Paris-Roubaix, le vainqueur a empoché 30 000 €, mais seulement 1500 € pour la vainqueure. Les femmes récompensées sur le même pied d'égalité, on avance, mais sur le tout petit braquet. Pour y parvenir Thierry Adam a dû augmenter le budget et convaincre les partenaires publics et privés de réparer cette injustice.
C'est à Thierry Adam, l'organisateur de la course qu'on doit cette "vélorution". "C'est quelque chose qui nous a marqués. À Rolland Garros, les filles gagnent la même chose que les hommes. J'ai un peu regardé ce qui se faisait, et quand j'ai vu les prix, je me suis dit que c'est effarant. Ça demande 15 000 € supplémentaires, les femmes gagneront désormais la même chose que les hommes ici".
Même effort, même prime !
Quand après une année de pause du fait du confinement, Thierry Adam a remis la 39ème édition du Chrono des Nations en route, il n'imaginait pas que l'actualité du Paris Roubaix, rencontrerait son choix d'organisateur soucieux de parité. "Le plus difficile a été de franchir le pas. On nous bassine avec la parité, mais peu de gens le font. Dans le vélo c'est un peu compliqué, on est encore dans des vieux clichés, la vraie difficulté c'était que tout le monde accepte". Le Conseil départemental de la Vendée a joué le jeu avec 10 000 € supplémentaires.
Sophie Bodrogi ambitionne de devenir professionnelle, du haut de ses 16 ans, elle voit les mentalités évoluer enfin dans le bon le sens : "On fait la même course que les garçons, on se bat pareil, c'est normal d'avoir la même prime". "Les filles ne font pas tout à fait le même nombre de kilomètres, mais elles font le même effort, il faut que l'UCI (Union Cycliste Internationale) avance sur cette idée. Si ça peut aider à créer d'autres courses cyclistes se serait formidable, c'est le sens de l'histoire, le sens de la vie", conclut Thierry Adam, heureux de l'intérêt porté à son initiative.
Sur la ligne d'arrivée tout le monde applaudit les vainqueures et les vainqueurs, et assurément aussi cette belle initiative, qui aura tant tardé.
Sur les podiums
Chez les femmes, Marlen Reusser (Suisse) remporte la course en catégorie Élite, devant l'Autrichienne Anna Kiesenhofer et l'Allemande Mieke Kröger.
Chez les hommes, Stefan Kûng (Suisse) remporte cette 39ème édition du Chrono des Nations, devant le Danois Martin Toft Madsen et l'Italien Alessandro De Marchi.