Il y a presque cinq ans, le 13 novembre 2019, la légende du cyclisme, Raymond Poulidor, décédait. À la veille de ce triste anniversaire, son souvenir reste encore vif dans le milieu du cyclisme et particulièrement à Saint-Léonard-de-Noblat (Haute-Vienne), village dans lequel il a fait sa première grande course et vécu de longues années.
Il était surnommé affectueusement "Poupou", Raymond Poulidor a écrit sa propre légende, au point de devenir un nom incontournable du cyclisme. Il était l’un des sportifs préférés des Français durant les années 1960 et 1970.
Né en Creuse puis élevé en Haute-Vienne, Raymond Poulidor se passionne pour le cyclisme grâce à ses deux frères. Le jeune homme arpente les chemins de son village en empruntant le vélo de sa mère.
Il a signé son premier grand exploit en 1961, sur les routes italiennes de Milan-San Remo où il remporte la victoire. C'est le début d'une ascension. À la fin de sa carrière, il comptabilise 189 victoires professionnelles, d’innombrables podiums, et une popularité jamais démentie.
Un palmarès incroyable
Une seule victoire manquera à son palmarès, celui du Tour de France. Il participe à quatorze éditions entre 1962 et 1976. Malgré ses nombreux essais et une volonté de fer, il n’a jamais gagné la Grande Boucle ni porté le maillot jaune. Cette position lui vaut le surnom "d'Éternel Second", et participe aussi à construire sa légende.
Il contribue à populariser sa région et notamment Saint-Léonard-de-Noblat, une terre qui l'aura vu grandir et s'éteindre. Le 9 juillet 2023, le village accueille la neuvième étape du Tour de France qui s'étend jusqu'au Puy-du-Dôme (Puy-du-Dôme).
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Une légende toujours dans les mémoires
Les exploits de Raymond Poulidor restent toujours dans l'esprit de "ceux qui ont eu l'honneur de le connaître et de l'avoir côtoyé". À Saint-Léonard-de-Noblat, tout le monde le connaît." On a créé notre association pour l'honorer pendant sa carrière et après sa carrière. J'espère qu'on le fera encore pour quelques années", raconte le secrétaire de l'association née en 2004, ARPAD pour "les amis de R. Poulidor et A. Dufraisse".
Le secrétaire se souvient d'un homme "simple, accessible, qui a toujours vécu debout sur un vélo" et aussi de quelqu'un doté "d'une mémoire phénoménale qui se souvient de chaque détail."
Il raconte une anecdote lors d'une exposition en région parisienne : "Une personne est venue apporter une photo qui datait d'il y a, je ne sais pas... quarante ans. Il a tout de suite reconnu, et s'est souvenu du moment exact où la photo a été prise, c'était pendant le Critérium du Dauphiné".
Un autre souvenir l'emmène à Oradour-sur-Glane : "Je me souviens qu'on avait organisé un rassemblement d'anciens et nous sommes allés là-bas en compagnie de Raymond. Il y avait des gens de l'est qui l'ont reconnu. Un homme lui alors expliqué qu'on lui avait offert un vélo avec écrit Raymond Poulidour, se souvient Jean-Jacques Chantron.
Donc, c'est pour vous dire que son succès va même au-delà des frontières françaises.
Jean-Jacques Chantronsecrétaire de ARPAD
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"C'est un peu une histoire de famille"
Les plus jeunes ne l'auront connu qu'après sa carrière de coureur professionnel. C'est le cas de Damien Chédeville, trente ans, qui vit depuis quelques années dans la commune et qui est, bien sûr, fan de vélo. Il a pu avoir, à plusieurs reprises, de courts échanges avec le cycliste lors de circuit, notamment pendant le Tour du Limousin, pour lequel le jeune homme est bénévole. "Mais, j'ai eu l'occasion d'échanger plus longuement avec lui à la Foire du livre de Brive. Il semblait surpris de voir que les gens s'intéressaient autant à sa carrière. Je lui ai demandé s'il pouvait me recommander un livre", raconte le jeune homme.
Le père de Damien, comme beaucoup avait suivi Raymond Poulidor lors du Tour de 1964, sur les pentes du Puy-de-Dôme, en coude à coude avec Jacques Anquetil.
L'histoire de Raymond, c'est un peu une histoire de famille, c'est un peu le grand-père de tout le monde, ici, à Saint-Léonard. On transmet son histoire de génération en génération. On le connait d'autant plus si on fait du vélo.
Damien ChédevillePassionné de vélo
Aujourd'hui, c'est le petit-fils de Poupou, le coureur néerlandais Mathieu van der Poel qui a pris le relais et fait rêver les foules.
Mais sur les terres du champion, à Saint-Léonard-de-Noblat, la mémoire s'entretient. Même s'il n'existe pas de musée en son honneur, un peu partout, se trouve des plaques commémoratives, des expositions, un stade, une statue de lui.
Il n'est pas rare que les touristes, de passage dans la commune, demandent à voir la tombe de l'athlète pour s'y recueillir. En contrebas du vieux cimetière, à quelques pas du caveau de la famille Gay Lussac, dans le jardin du souvenir beaucoup plus moderne, Raymond Poulidor qui lui aussi repose en paix.
Des circuits de randonnée à vélo portent aussi son nom, une manière de se souvenir de celui qu'on appelait tout simplement, ici "Raymond."