"De la concurrence déloyale", comment le traité de libre-échange entre l'UE et le Mercosur ravive la colère des agriculteurs

Ce mercredi 13 novembre, le président de la FNSEA et son homologue des Jeunes agriculteurs ont lancé un appel à une mobilisation nationale des agriculteurs "à partir de lundi" prochain, pour "interpeller les pouvoirs publics". Le mouvement sera suivi en Pays de la Loire.

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"On va importer une agriculture qu'on n'a pas le droit de produire en France. Le traité du Mercosur, c'est tromper les consommateurs", lance Mickaël Trichet, président de la FNSEA de Loire-Atlantique. 

Ce mercredi matin, l'éleveur ligérien a cessé de travailler pendant quelques minutes pour écouter l'appel de Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, à une mobilisation nationale à partir de lundi 18 novembre. Un message également lancé par son homologue des Jeunes agriculteurs.

Loin d'être anodine, cette date est aussi celle de la réunion du G20 au cours de laquelle le traité de libre-échange entre l'Union Européenne et le Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay et Bolivie) pourrait être signé.

Vers une délocalisation de l'agriculture ?

Au micro de France Inter, Arnaud Rousseau espère que cette prochaine mobilisation pourra "interpeller les pouvoirs publics" sur le risque de "conséquences dramatiques" en cas d'entrée en vigueur du traité négocié par l'UE et des pays d'Amérique du Sud. De son côté, Mickaël Trichet se dit notamment préoccupé par l'avenir de sa filière, le bovin.

En effet, le Mercosur est l’accord de libre-échange où la concession sur la viande bovine est la plus grande. Il est noté, dans une étude présentée en 2021 par la Commission européenne, que "dans le cadre de l'accord avec le Mercosur, l'UE autorisera 99 000 tonnes de viandes bovines à entrer sur son marché".

Ainsi, Mickaël Trichet assure que l'appel du président de la FNSEA a été entendu. Des mobilisations auront lieu en Loire-Atlantique. Sous quelle forme ? Le syndicaliste ne sait pas encore. "La priorité est au travail. On a pris beaucoup de retard au niveau des récoltes, à cause de la pluie. Donc, on ne sait pas encore quelle forme va prendre le mouvement, on décidera ça qu'à partir de jeudi", détaille-t-il.

Le syndicat majoritaire n'est pas le seul à se montrer inquiet face à l'accord du libre-échange. La Confédération paysanne prévoit de protester devant le ministère de l’Économie et des Finances avec le collectif national Stop Mercosur, ce mercredi. Cela pour pousser l’exécutif français à se montrer bien plus offensif à Bruxelles, et obtenir l’abandon de l’accord. 

"On s'oppose à ce traité depuis le début", s'agace Jean-Christophe Richard, co-président de la Confédération paysanne de Loire-Atlantique.

Pour le producteur de lait, la signature de cet accord donnerait la mort à plusieurs exploitations agricoles françaises. "Ça va se passer comme pour les entreprises du textile dans les années 2000. L'agriculture va être délocalisée dans des pays où la main-d’œuvre est moins chère et les paysans vont déserter les campagnes françaises".

Pour l'heure, aucune mobilisation de la Confédération Paysanne n'est prévue dans la région. "Si le traité est signé, ça peut toutefois être l'étincelle qui allume le feu", estime Jean-Christophe Richard.

Interpeller les consommateurs

Ce mercredi, Brice Guyau, président de la FDSEA de la Vendée, est pour sa part déterminé à reprendre les mobilisations. "On va commencer dès dimanche soir dans le département", assure-t-il. L'agriculteur bio prévient toutefois que, cette fois, la colère ne se criera pas sur les routes. 

"On ne veut pas gêner les gens, au contraire, on veut les interpeller en tant que consommateurs", précise Brice Guyau. Le syndicaliste considère que le traité de libre-échange est avant tout une tromperie pour les consommateurs. "Il prévoit d'importer une agriculture qui utilise des produits interdits depuis des années chez nous. Les personnes ne vont plus savoir ce qu'elles mangent", déplore-t-il.

En effet, les normes diffèrent entre l'Union européenne et le Mercosur. Par exemple, certains composants actifs de pesticides autorisés dans le Mercosur sont interdits dans l’UE. C'est notamment le cas d'un herbicide nommé "atrazine" et classé comme "nocif" pour l'homme.

"Nous refusons d’ouvrir les marchés européens à du poulet dopé aux antibiotiques, à du bœuf élevé sur fond de déforestation, au maïs traité à l’atrazine", ont par ailleurs défendu 200 parlementaires de gauche, macronistes et centristes dans une tribune publiée dans le Figaro, le 4 novembre. Dans une autre tribune publiée dans Le Monde(Nouvelle fenêtre), mardi 12 novembre, ils sont de plus de 600, issus de différents groupes politiques à faire part de leur opposition à l'accord. 

Cette mobilisation n'est que le début de nos actions de cet hiver. Et, on sait quand ça commence, mais jamais quand ça finit.

Mickaël Guilloux

Secrétaire général de la FDSEA de la Mayenne

En Mayenne aussi des mobilisations sont prévues dès ce dimanche 17 novembre, au soir, dans les campagnes. Puis, le lundi, le rendez-vous est notamment donné à 16 heures sur le pont de l'Europe, à Laval. "C'est évidemment symbolique", souligne Mickaël Guilloux, Secrétaire général de la FDSEA de la Mayenne. Il informe que la rocade qui entoure la ville devrait aussi être bloquée.

Par ailleurs, l'éleveur de porcs souligne ne pas être contre les logiques d'import-export en agriculture. "Le problème, ce qui nous met en colère, c'est d'accepter d'importer des produits qui ne respectent pas nos normes. Ça nous fait de la concurrence déloyale", estime-t-il

Puis, à cette aversion envers ce traité de libre-échange, s'ajoute également un ras-le-bol global chez les agriculteurs. "Cette mobilisation n'est que le début de nos actions de cet hiver. Et, on sait quand ça commence, mais jamais quand ça finit", prévient Mickaël Guilloux.

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