La Roche-sur-Yon : les salariés de Michelin doivent -il s'inquiéter ?

Sur fond de crise économique et de concurrence accrue sur le marché des pneus de poids lourd, le groupe français Michelin a annoncé mardi une importante réorganisation de ses activités en Europe avec la fermeture de trois usines, hors France, suscitant l'inquiétude des syndicats.

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D'ici 2016, l'entreprise va fermer son usine de Fossano en Italie et celle de sa filiale Pneu Laurent à Oranienburg en Allemagne, et projette de faire subir le même sort d'ici la mi-2018 à son site britannique de Ballymena, a-t-il détaillé dans un communiqué. Au total, près de 1.500 salariés sont concernés par ces fermetures.

Interrogé par l'AFP, Florent Menegaux, directeur général des opérations chez Michelin, explique cette réorganisation par un marché du pneumatique poids lourd qui "a chuté de 25% depuis 2007 en Europe, en passant de 21 à 16 millions de pneus. Pendant ce temps, la concurrence a progressé avec des ventes de pneus asiatiques qui augmentent de 108%".

Le marché à l'export est aussi "très difficile", ajoute-t-il. "La zone Amérique du Sud connaît une chute très forte, la baisse est assez marquée en Asie du Sud-Est et il y a un ralentissement en Europe orientale".
Le dirigeant insiste sur les nouveaux investissements que le prévoit de réaliser parallèlement, comme en Italie où la fermeture de Fossano, qui emploie 400 salariés dans la production de produits semi-finis, est associée à une enveloppe de 180 millions d'euros pour augmenter les volumes de pneus des sites de Cuneo et Alessandria.

Au total, 578 personnes sont concernées par la réorganisation des activités dans ce pays d'ici 2020.
En Allemagne, Pneu Laurent, filiale du Groupe Michelin prévoit de fermer d'ici fin 2016 son usine d'Oranienburg (rechapage de pneus poids lourd), qui emploie 180 personnes, et de concentrer l'ensemble de son activité sur son site français d'Avallon. 

Au Royaume-Uni, Michelin projette de fermer d'ici mi-2018 l'usine nord-irlandaise de Ballymena (pneus poids lourd), qui compte 860 salariés, invoquant des "coûts de production et d'exploitation (...) trop élevés", selon Florent Menegaux.

En revanche, l'usine écossaise de Dundee et ses 855 salariés, fera l'objet de 69 millions d'euros d'investissement, afin d'augmenter sa production de 30% d'ici 2020, tandis que 16 millions d'euros seront investis sur le site de anglais Stoke-on-Trent (260 salariés).
Ces investissements "entraîneront la création de 110 emplois", assure Michelin.

 

Provision de 280 millions d'euros

Le groupe a précisé qu'il enregistrerait une "provision d'environ 280 millions d'euros" dans ses comptes 2015 pour financer cette réorganisation.
Par ailleurs, en Inde, Michelin "renonce temporairement" à son projet d'usine génie civil de Chennai, déjà suspendu en 2013, et va provisionner une charge comptable de 75 millions d'euros.

Les syndicats ont aussitôt dénoncé les conséquences de ces fermetures pour l'emploi.
L'arrêt de Ballymena "est un coup dur pour les salariés à l'approche de Noël et est une nouvelle dévastatrice pour l'économie de l'Irlande du Nord", a réagi Davy Thompson, du syndicat britannique Unite.

François Roca, délégué syndical CGT chez Michelin et membre du comité d'entreprise Europe dénonce des fermetures "très inquiétantes car elles représentent de très nombreux d'emplois. Ce ne sont pas juste des fermetures de services mais des fermetures entières d'usines".

"On est véritablement dans une continuité de la politique Michelin qui a fermé ces dix dernières années plusieurs sites en France (Toul, Poitiers, Lille)", estime-t-il, manifestant de "très vives inquiétudes concernant la dernière usine de fabrication de pneus poids lourds en France, à La Roche-sur-Yon".

"Ce n'est un début", considère aussi Jean-Michel Gilles, secrétaire général CGT, sur le site de Cataroux (Clermont-Ferrand)."On s'attend à des annonces début 2016, qui pourraient bien concerner Clermont-Ferrand et son site de La Combaude. Les activités de Tours, Monceau-les-Mines et celles du Puy-en-Velay sont aussi dans la balance".

La direction de Michelin assure cependant qu'aucune autre fermeture n'est prévue à ce jour et que "tous les dispositifs d'accompagnement" vont être mis en place pour permettre à l'ensemble des salariés concernés de retrouver un emploi, "dans le groupe si possible ou à l'extérieur".
Michelin emploie plus de 65.000 salariés en Europe, et ses 40 sites industriels représentent 40% de l'activité du groupe.

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