Mégafeux au Canada. "Les dimensions et les techniques ne sont pas les mêmes" pour Damien Vigouroux, le pompier de Vendée parti en renfort au Québec

Confronté à une année record en termes d’incendies et à de très nombreux mégafeux, le Canada a déjà vu brûler plus de 10 millions d’hectares cette année, l’équivalent de la superficie du Portugal. Ces incendies ont nécessité des renforts d'autres pays. L'adjudant Damien Vigouroux a été l'un des soldats du feu français à s'envoler pour le Québec.

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Un mois de mai exceptionnellement sec et une ligne de foudre ayant traversé le Québec le 1ᵉʳ juin 2023, voici comment la Belle Province s'est retrouvée confrontée à de nombreux feux de forêt.

"Dans les 24 heures qui ont suivi cet épisode, 139 nouveaux feux de forêt ont été détectés (dont 95% causés par la foudre) qui se sont propagés de manière agressive en raison des conditions très sèches faisant passer les indices de danger d’incendie du niveau 'élevé' à 'extrême'", précisent les pompiers de Vendée.

C'est dans ce contexte que l'adjudant Vigouroux, sapeur-pompier volontaire au service opération, et par ailleurs sapeur-pompier professionnel affecté au centre d’incendie et de secours de Pouzauges, "s’est porté candidat pour participer, sur ses temps de repos" à la lutte contre ces incendies géants au Québec.

L'adjudant Vigouroux s'est associé au détachement de 119 pompiers français pendant trois semaines. Les pompiers se sont concentrés sur la bordure nord de deux incendies menaçant des installations à Radisson et Wemindji.

Parti le 18 juillet dernier, l'adjudant Damien Vigouroux, 32 ans, est aujourd'hui de retour.

Pour moi, c'est une expérience très riche. On évolue dans un paysage complètement différent, le terrain n'est pas le même.

Adjudant Damien Vigouroux

Pompier au SDIS 85

Cette expérience sur le sol canadien a nécessité de s'adapter à ce territoire aux forêts si différentes de celles que l'on trouve en France. "Le sol canadien cache des kilomètres de feu, sous une épaisse mousse à caribou et couche d’humus", explique le SDIS 85.

Des forêts qui brûlent vite

"La mousse de caribou, c'est une sorte de mousse végétale qui, au bruit, réagit comme la neige et on s'enfonce comme dans la neige, à plusieurs endroits. Ça crée des difficultés d'accès au niveau de la marche. C'est vraiment beaucoup plus compliqué que chez nous", relate l'adjudant Vigouroux.

Cette végétation tapisse la terre de la taïga, forêt dense également appelée "forêt boréale" et endémique des régions nordiques aux hivers longs et très froids. Selon le SDIS 85, le sol de la taïga est soumis à de nombreux changements de direction des vents, et il brûle très rapidement.

La surface brûlée depuis le début de l'année au Canada est 12 fois plus grande que la surface brûlée en France entre janvier et novembre 2022, alors que l'Hexagone a aussi connu d'importants feux de forêt lors de la période estivale. 

Une stratégie différente face au feu

Cette immensité géographique, couplée à des "incendies très actifs", oblige les soldats du feu à se concentrer sur "la défense de points sensibles et stratégiques, de traitement de lisières et de l’attaque de feux naissants", détaille le SDIS.

L'adjudant Damien Vigouroux a noté cette approche différente du feu. "En France, on a pour objectif principal d'enrayer la propagation du feu, d'éviter qu'il atteigne les habitations et puis, dans l'absolu, de l'éteindre, explique-t-il. Leur priorité à eux, c'est la défense des points sensibles, c'est-à-dire des infrastructures stratégiques. Et pour y arriver, ils ne travaillent pas du tout comme nous."

"On avait besoin [des pompiers canadiens] pour savoir quoi faire sur place parce que leurs techniques sont complètement différentes des nôtres, poursuit le pompier. 

Les dimensions ne sont pas les mêmes et les techniques ne sont pas les mêmes.

Adjudant Damien Vigouroux

Pompier au SDIS 85

"Ils ne travaillent pas de manière conventionnelle comme en France, explique Damien Vigouroux. Nous, on travaille avec des CCF, des camions citerne de feux de forêt. On travaille en unité de deux véhicules, ou en GIF, groupe d'intervention feux de forêt à quatre véhicules, donc ça fait 16 hommes sur le terrain. Là-bas, on travaille par équipe de 4."

La différence d'effectif se ressent sur le terrain : "Soit on n'est pas loin d'une piste, on peut travailler à deux équipes, on peut être aussi projeté d'un hélicoptère à 15-20 minutes de toute piste, à seulement 4 ou 8 bonhommes. Et là, on se retrouve confronté à des feux qu'on gère généralement à 3, voire 4 groupes d'intervention feux de forêt en France."

Ils nous ont montré des techniques qu'on n'a pas forcément utilisées, mais qu'on n'aurait pas forcément pensé à faire en France.

Adjudant Damien Vigouroux

Pompier au SDIS 85

Damien Vigouroux est spécialisé en feu de forêt, cette mission l'a conforté dans ce choix. Il va pouvoir profiter de quelques jours de repos bien mérités avant de reprendre le chemin de la caserne.

"Je vais profiter un peu de la famille parce que c'est aussi un travail d'équipe, tant au travail qu'à la maison. Je vais pouvoir retrouver mon fils de 9 mois et ma compagne", confie le pompier, qui n'exclut pas de repartir sur une mission à l'étranger, en accord avec sa conjointe.

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