Un an après l'incendie de Baugé-en-Anjou, la lente réparation des milieux naturels

Le 04 août 2022 débutait l'incendie de Baugé-en-Anjou, ravageant 1300 hectares de forêt et d'espaces naturels. Un an après, l'avenir se reconstruit lentement.

Il y a un an, le petit golf de 9 trous semblait encore perdu dans la forêt. Justin Alingrin, le propriétaire, garde un souvenir marquant de l'arrivée des flammes : "Le feu a commencé juste derrière, de l'autre côté du golf, et il a progressé au fur et à mesure, assez vite. En une heure et demie, on était évacués. Et après, plusieurs jours durant, il est venu encercler l'ensemble du golf, venant détruire l'intégralité de notre clôture."

1400 hectares de forêt détruite

Survenu au coeur d'un été caniculaire, l'incendie détruira 1400 hectares de massifs forestiers. Pendant 8 jours, les fumées se verront à des dizaines de kilomètres, donnant au ciel une couleur orangée, alors qu'aux alentours, une végétation sèche, jaunie par le manque d'eau, alimente le brasier.

Le feu ne fait aucune victime humaine, mais les dégâts sont effroyables. Un an après l'incendie, une sorte de steppe s'étend autour du golf de Montjoie. L'établissement ne devrait pas rouvrir avant le mois d'octobre, le temps de terminer la réfection complète de la clôture, puis la remise à niveau du terrain où les sangliers ont retourné les trous pendant la fermeture : "Ils arrivent dans un endroit qui pour eux ressemble au paradis : vous avez un terrain qui est humide, qui est vert, et où vous avez des vers de terre... Les sangliers se font un plaisir de retourner tout ce qu'ils peuvent pour chercher à manger."

Pour la réparation de la clôture, la remise en état, et la perte d'exploitation, Justin Alingrin estime les pertes entre 220 et 250 000 euros, des sommes qu'il a dû avancer en grande partie, car les assurances n'interviendront qu'après la réouverture du golf.

Vous voyez des souches, alors qu'on avait partout de beaux arbres. Maintenant, c'est lunaire !

Alain David propriétaire forestier

Quant à la perte de biodiversité, elle est inestimable. Devant sa parcelle brûlée, Alain David, propriétaire forestier, constate la désolation sur ses 24 hectares : "Vous voyez des souches, alors qu'on avait partout de beaux arbres. Maintenant, c'est lunaire !". Des cheminées émaillent encore son terrain, là où le feu a continué de couver sous la terre, des jours après la fin de l'incendie, dévorant les racines des arbres les plus anciens. 

En faisant attention de ne pas tomber dans l'un de ces trous, Alain David arpente les lieux, accompagné de Mandy Greaume, technicienne forestière du CRPF. Sur la parcelle où ils se trouvent, les arbres étaient anciens et ont laissé des pommes de pins, chargées de graines, qui ont fait des petits. De jeunes pins vert tendre percent ici et là. "En terme de densité, on voit que sur un mètre carré, on en a facilement deux, trois, voire quatre", constate Mandy Greaume. Les températures clémentes et la pluie ont offert cette année des conditions favorables à la régénération naturelle.

Si on part sur une sécheresse comme on a pu connaître les années précédentes, ça peut compromettre non seulement les futures graines, mais aussi les plants qui sont déjà sortis cette année.

Mandy Greaume technicienne forestière du CRPF

"L'été prochain, si on a les mêmes conditions, ce sera de nouveau de bonnes conditions pour que les graines puissent germer. Malheureusement, si on part sur une sécheresse comme on a pu connaître les années précédentes, ça peut compromettre non seulement les futures graines, mais aussi les plants qui sont déjà sortis cette année", s'inquiète Mandy Greaume. 

Sur les 24 hectares d'Alain David, la moitié environ pourront partir en régénération naturelle. Sur le reste de la propriété, il faudra replanter. Une opération lourde qui nécessite, avant les plantations, de faire appel à des entreprises spécialisées pour broyer et labourer les espaces forestier. Pour un hectare, il faut compter deux ou trois heures, à environ 200 euros de l'heure. Puis c'est l'implantation, qui coûte aussi beaucoup plus cher qu'avant : "Il y a eu beaucoup de vergers de graines qui ont brûlé dans les Landes, ce qui a entraîné une raréfaction".

Organiser la replantation

Des opérations que les propriétaires peuvent financer en partie avec l'argent de la vente du bois mort, après les incendies, mais également grâce aux aides de l'Etat. Pour mieux organiser ces plantations dans les parcelles privées, une association est née, l'association syndicale libre de gestion forestière des forêts de Baugé-en-Anjou. Dans ce secteur où la majeure partie de la forêt est privée, la plupart des propriétaires ne possèdent que de petites surfaces, dont certaines font à peine un hectare. Seuls , ils ne pourraient ni traiter avec les entreprises, ni prétendre aux différentes aides pour replanter. 

Si tout va bien, les arbrisseaux atteindront quatre mètres de haut d'ici cinq ou six ans. Mais il faudra une cinquantaine d'années pour qu'ils arrivent à leur mâturité. Comme la plupart des propriétaires engagés dans ce chantier, Alain David sait qu'il travaille pour les générations futures. "Pour nous, ils seront de toutes façons toujours jeunes, on ne les verra jamais comme avant. Mais ce que j'aimerais, c'est revoir la forêt vivante. Aujourd'hui tout est mort."

Une fois replantée, la forêt restera fragile. Les propriétaires peuvent installer des grilles pour éviter aux jeunes arbres d'être mangés par les chevreuils. Mais ils ne pourront pas empêcher les sécheresses ou les incendies annoncés dans le rapport du GIEC Pays de la Loire si rien n'est fait pour modifier la trajectoire du changement climatique. 

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