Pour sauver un sanglier, la préfecture de Vendée bientôt assignée au tribunal administratif

Estimant être victime d'une mauvaise interprétation de la loi, une Vendéenne va saisir le tribunal administratif afin de faire aboutir son projet de "sanctuaire pour sangliers".

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Le destin d'un marcassin va-t-il conduire les services de l'État en Vendée devant le tribunal administratif ? Jeannot, de son prénom, est un jeune sanglier récemment sauvé et soigné par un centre de sauvegarde de la faune sauvage près de Poitiers. 

Grièvement blessé lors de sa prise en charge, l'animal a réussi à être sauvé par les équipes spécialisées de ce centre. Du moins, c'est ce qu'ils croyaient. En effet, maintenant sur pied, mais handicapé et surtout "imprégné" par sa proximité avec les hommes, la bête ne peut être rendue à son milieu naturel. Elle n'y survivrait pas. Seule solution : lui trouver une place dans un sanctuaire dédié. Sinon, ce sera l'euthanasie. 

Élevage de viande à pâté

Cette place, les soigneurs pensaient l'avoir trouvé en Vendée, chez Sabine Landais. Avec son mari, cette habitante de la Roche-sur-Yon accueille déjà deux sangliers : "On était déjà refuge pour cochon, mais un jour, on nous a déposé un marcassin. Puis, on en a découvert un autre sur notre terrain. Nous avons alors décidé de les garder". 

"Je ne vais pas m'amuser à me lever le matin pour aller chercher des marcassins dans la nature !"

Sabine Landais

Sauf que l'accueil d'animaux sauvages issus d'un milieu naturel est très réglementé. "Nous avons mis des années à obtenir une autorisation pour nos deux sangliers, malgré une parfaite mise aux normes de nos installations", explique Sabine Landais qui espérait plus de bienveillance de la part des services de l'État. "Nous avons tout pour être reconnus comme sanctuaire capable d'accueillir jusqu'à huit sangliers alors que nous envisageons d'en recueillir quatre : la surface suffisante, les clôtures aux normes, le suivi vétérinaire… Mais la préfecture nous a juste accordé le droit pour deux animaux et sous un statut insatisfaisant". La propriété des Landais est ainsi considérée comme un "élevage de viande à pâté". Une situation "ubuesque" pour la Vendéenne qui est également enquêtrice nationale pour 30 millions d'amis. 

"Cela n'a aucun sens"

Depuis cette reconnaissance a minima, c'est l'impasse avec les services de l'État qui considère que ces sangliers viennent d'un milieu sauvage et que par conséquent, ils ont été "prélevés". Une pratique interdite par la loi. "Cela n'a aucun sens", peste la principale intéressée. "Je ne vais pas m'amuser à me lever le matin pour aller chercher des marcassins dans la nature !".

Néanmoins, cette interprétation semble être le principal obstacle aux démarches visant à la création d'un sanctuaire. "Cela nous empêche d'accueillir des animaux comme Jeannot", regrette Sabine qui vient de mettre une pétition en ligne. "Depuis la loi de 2021 sur la maltraitance animale et la jurisprudence sur le sujet, ouvrir un sanctuaire est notre droit".

Un recours va donc être déposé au tribunal administratif pour statuer sur la nature de ce lieu d'accueil pour sangliers. Une procédure qui sera probablement trop longue pour assurer un avenir à Jeannot, mais "des Jeannots, il y en a partout", conclut la défenseure des animaux. 

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