"Qu'y a-t-il de plus beau que de sauver des vies ?", Francis, greffé du foie, lutte contre la pénurie d'organes

Quand on le voit, à bientôt 72 ans, marcher chaque jour d'un bon pas ses cinq kilomètres, il est difficile de croire qu'il y a cinq ans, il était à l'article de la mort. Francis, greffé du foie, voue désormais sa seconde vie à faire la promotion du don d'organes. Car la pratique ne va pas de soi.

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Qui s'opposerait à voir prélever ses organes une fois mort ? Peu de gens, si l’on en croit les sondages réalisés par l'agence de la Biomédecine.

80 % des Français se disent même favorables aux dons d'organes.

Et pourtant. Lorsque la mort survient, lorsque toutes les conditions médicales requises sont remplies, c’est-à-dire que les organes continuent de fonctionner alors que le patient est en mort cérébrale, les médecins essuient 33 % de refus.

Un sujet qui reste tabou

Ce sont, la plupart du temps, des proches qui doivent prendre la décision d'un prélèvement d'organe pour leur défunt. Comme le sujet reste en quelque sorte tabou, et qu'aucune discussion n'a eu lieu du vivant de la personne, les proches préfèrent refuser.

Si les chiffres sont têtus et stagnent depuis des années, Francis Charpentreau n'y voit pas de fatalité.

Lui, qui a droit à une seconde vie depuis qu'on lui a greffé un nouveau foie, a décidé de la consacrer à faire la promotion du don d'organe.

" Quand je pense à la mort, je me dis, je l'ai échappé belle… mais je crois que les gens ne se rendent pas compte de ce que c'est une greffe, un don.

Les gens ne captent pas l'intérêt du don quand ils ne sont pas concernés, c'est pour cela qu'il faut communiquer, en parler pour que les gens aient conscience de la valeur du don d'organe

Francis Charpentreau

représentant de l'association Greffes+

Devenu "patient expert" dans le service Hépatologie à l'hôpital de la Roche-sur-Yon, ce Vendéen intervient aussi à l'IFSI (Institut de Formation en Soins Infirmiers). Il témoigne à la fois de sa maladie, de son opération et du long processus qui lui a permis de reconquérir la santé et le bonheur de vivre.

Lui, qui a 66 ans, s'est vu mourir, se consacre désormais corps et âme à sensibiliser le public au don d'organes et de tissus à travers le collectif Greffe +. Il est même parti "en mission" dans sa propre commune pour convaincre l'équipe municipale de nouer un partenariat avec son association.

Et ça a marché !

Mouilleron-Le-Captif, première ville de Vendée ambassadrice du don d'organes

Le maire de Mouilleron, Jacky Godard, connaissait Francis Charpentreau de longue date, mais ne savait pas ce qui lui était arrivé.

Touché par son témoignage, l'édile a aussitôt accepté de faire de sa ville une ambassadrice du don d'organes. Conscient de l'enjeu qu'il y a à sensibiliser ses concitoyens à une initiative simple qui repose principalement sur le dialogue et la discussion.

En Vendée, c'est la première commune à s'engager ainsi et à rejoindre 250 autres villes en France inscrites dans cette même démarche.

Concrètement, deux panneaux seront apposés à l'entrée du bourg, un arbre sera planté et des temps forts seront organisés, leur communication relayée dans le bulletin municipal.

"L'idée, c'est que chaque année, on trouve un temps pour en parler, et rappeler l'importance du don d'organe. En laissant bien sûr à chacun le choix. Il ne s'agit pas d'obliger les gens à le faire, mais obliger les gens à en parler"

Jacky Godard

Maire de Mouilleron-Le-Captif

Des initiatives que salue le docteur Laurent Martin Lefevre, réanimateur à l'hôpital de la Roche-sur-Yon et coordinateur du don d'organes en Vendée et à Nantes. Pour lui, il est essentiel que les familles parlent du don d'organes, se préparent à l'éventualité d'un prélèvement au cas où un proche décéderait.

"En Pays de la Loire, on observe un taux d'opposition au prélèvement de 25 %, c'est un peu mieux que la moyenne nationale qui est de 33 %, mais ce n'est pas satisfaisant."

Il faut savoir que plus de 7 500 personnes sont actuellement en attente de greffe.

Docteur Martin-Lefevre

coordination du don d'organes en Vendée et en Loire-Atlantique

"Il faut savoir que plus de 7 500 personnes sont actuellement en attente de greffe. Et surtout rappeler que les dons d'organes sauvent des vies ou permettent, dans le cadre d'une greffe de rein, par exemple, d'améliorer considérablement les conditions de vie des patients"

Le docteur Martin-Lefevre est bien placé pour le savoir. L'an passé, il a pu prélever des organes, trois en moyenne, sur une quinzaine de donneurs. Il a ainsi pu redonner vie à quelque 45 personnes.

Les associations de patients greffés estiment, elles, que chaque année, plus de 1000 personnes meurent faute d'avoir pu obtenir une greffe.

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Mouilleron-Le-Captif devient la première ville de Vendée à devenir ambassadrice du don d'organes. Elle rend ainsi visible une problématique cruciale : la pénurie du don d'organes qui entraine chaque année un millier de décès faute de greffe. ©Sandrine Gadet/ Damien Raveleau/ Céline Landreau

Le reportage de Sandrine Gadet, Damien Raveleau, Céline Landreau

À savoir :

  • Chaque citoyen est considéré comme donneur d'organes s'il n'a pas manifesté son opposition au registre national des refus
  • 70 000 personnes vivent grâce à une greffe d'organe ou de tissu
  • Près de 6 000 greffes sont réalisées chaque année
  • C'est le 22 juin que se déroule la journée nationale de réflexion sur le don d'organes et la greffe... mais on n'est pas obligé d'attendre cette date pour y réfléchir et en discuter avec ses proches.

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