Le maire de La Roche-sur-Yon, Luc Bouard, a pris un arrêté qui interdit la « mendicité agressive » jusqu’au 31 août dans certains secteurs de la ville. L'élu, qui aurait agit suite à des plaintes de plusieurs riverains, veut "ramener la tranquillité" dans la ville.
Dans le quartier des Halles, à La Roche-sur-Yon, quelques sans-abri font habituellement la manche. Mais depuis l'arrêté du maire, qui interdit la mendicité agressive, les rues sont plus désertes.
Après l'installation de caméra de surveillance et d'un commissariat de quartier, le maire est en effet allé encore plus loin, en prenant un arrêt anti "mendicité agressive". L'élu LR veut tranquilliser les riverains du centre-ville : "Il s'agit d'endroits très précis et d'un petit groupe d'une dizaine, quinzaine de personnes. Mais cela suffit à rendre la vie invivable." Dans une conférence de presse, mercredi 18 juillet, il a qualifié les personnes visées d'"asociaux chroniques", qui iraient jusqu'à "provoquer des passants, ou se bagarrer entre-eux."
Cet arrêté prévoit, en cas de "mendicité agressive commise en réunion ou sous la menace d’un animal dangereux", une peine de 6 mois d’emprisonnement et 3 750 € d’amende. Le texte s'applique jusqu'au 31 août, avec possibilité de reconduction, sur les quartiers des Halles, de la gare SNCF, les abords du lac Moulin Papon, etc. Il permettrait, selon le maire, de donner les moyens à la police municipale de faire cesser certains comportements.
Luc Bouard indique avoir agit suite à des plaintes de riverains et de commerçants locaux. "Je sais juste que régulièrement ils sont là, explique le gérant de la supérette du quartier, Florent Rimbault. Ces mini attroupements entravent beaucoup les gens."
Une mesure répressive dans une ville paisible ?
La mairie et la police municipale se défendent de vouloir apporter une solution uniquement répressive : "Cet arrêté est un complément pour nous, réagit le directeur de la police municipale, Nicolas Ménard. La ville aide aussi à traiter les causes de cette incivilité, en amont." Lors de son point presse, le maire s'est justifié en évoquant 10 médiateurs et 5 éducateurs sociaux sur le secteur.Mais pour l'opposition municipale, cet arrêté n'a pas lieu d'être. "Nous sommes dans une ville très paisible, je ne vois pas l'intérêt d'un tel arrêté, déplore Joël Soulard, élu PS. Comment on juge l'agressivité ? S'il y a une agression, nous disposons déjà de tout l'arsenal juridique nécessaire."
Le Code pénal sanctionne en effet déjà la mendicité agressive, via l'article 321-12-1.
Le maire avait déjà pris un autre arrêté municipal interdisant la consommation d’alcool dans plusieurs lieux publics, ainsi qu'un autre obligeant à tenir les animaux en laisse.
► Un reportage d'Élodie Soulard, Damien Raveleau et Florence Thibert.