"À chaque vague, il s'enfonçait sous l'eau", les tragédies et les belles histoires qui ont fait la légende du Vendée Globe

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Le départ du Vendée Globe 2024 sera donné le dimanche 10 novembre. Ils sont 40 skippers à partir cette année pour cette course mythique dont la réputation s'est bâtie sur ses drames et sur ses belles histoires.

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Trois disparitions en deux éditions

La deuxième édition du Vendée Globe en 1992 est marquée par deux drames.

L'Américain Mike Plant disparaît en octobre 1992 lors du convoyage de son bateau pour les Sables-d'Olonne. Son voilier sera retrouvé chaviré le  milles au nord des Açores.

L'Anglais Nigel Burgess disparait la première nuit de la course dans le golfe de Gascogne. Son corps sera retrouvé le 26 novembre au Cap Finisterre flottant dans sa combinaison de survie, avec ses balises. Son bateau est intact.

"Les vagues ne sont plus des vagues, elles sont hautes comme les Alpes", c'est le dernier message de Gerry Roufs au PC course le 7 janvier 1996. Ce même jour, la balise du Québécois cesse d'émettre.

Isabelle Autissier, hors course après avoir été contrainte à faire escale au Cap, navigue dans la même zone. Elle se déroute pour entamer des recherches, mais son bateau chavire à six reprises dans des vents atteignant 90 nœuds.

Le corps du marin de 43 ans ne sera jamais retrouvé, mais l'épave disloquée de son voilier sera repérée quelques mois plus tard au sud du Chili. 

Des chavirages à la pelle

La première édition du Vendée Globe contribuera à faire la légende de la course.

Le bateau de Philippe Poupon se retrouve sur la tranche après avoir pris une vague dans les 40ᵉ. Trois bateaux sont déroutés, dont celui de Loïck Peyron qui arrive le premier sur les lieux et se porte à son secours.

Le marin de La Baule remorque le bateau de Poupon, qui parvient à être redressé par son skipper une fois largué le mât d'artimon. La scène est intégralement filmée par Loïck Peyron et fera le tour du monde.

L’édition 1996-1997 du Vendée Globe est marquée par le naufrage de Raphaël Dinelli. Il chavire par deux fois le 25 décembre 1996 au sud de l’océan Indien, mais à chaque fois son bateau se redresse. Un ultime et violent choc provoque un nouveau chavirage au cours duquel le mât de son bateau se brise.

Malgré des conditions dantesques, Pete Goss déroute son IMOCA. Il parvient à sauver Dinelli, cramponné à un simple cordage.

Le skipper, dont le bateau est en train de couler, aura dû patienter 36 heures dans une eau à 3°.

Cette même édition 1996-1997 verra le chavirage de Tony Bullimore. Il trouvera refuge dans une poche d'air du bateau à l'envers, sans lumière ni vivres. Thierry Dubois, hors course à la suite d'un arrêt technique en Afrique du Sud, chavire et démâte. Il sera finalement hélitreuillé. 

Lors de l'édition 2008-2009, Jean Le Cam sera à son tour victime d'un chavirage.

Après une journée passée sous la coque renversée de son bateau, Jean Le Cam s'extirpe, le 6 janvier 2009, par la trappe placée à l'arrière de la coque. C'est Vincent Riou qui lui porte secours.

En attendant l'arrivée des secours, Jean Le Cam était resté à l'intérieur de son bateau chaviré. "Quand il m'a entendu arriver, il a pris son courage à deux mains, il est sorti, et voilà. Il a réussi à remonter sur sa coque, à s'accrocher à un safran. À chaque vague, il s'enfonçait sous l'eau", avait raconté Vincent Riou.

Le sauvé devient à son tour sauveur lors de l'édition 2020-2021 du Vendée Globe en prêtant main-forte à Kevin Escoffier. Le marin déclenche sa balise de sécurité le 30 novembre 2020 en raison d'une importante voie d'eau. 

LIRE AUSSI. Vendée Globe 2020 : "En 4 secondes le bateau s'est plié en deux", le récit de son naufrage par Kevin Escoffier

Les conditions météo à ce moment-là sont médiocres avec des vents de 35 nœuds. L'attente démarre, le temps pour Jean Le Cam de se dérouter et de rejoindre la dernière position connue de Kevin Escoffier. 

Ce dernier passera plusieurs heures seul sur l'océan dans son radeau de survie, avant d'être secouru dans la nuit par le roi Jean.

La langue de Bertrand de Broc

Édition 1992-1993, Bertrand de Broc se sectionne profondément la langue avec une drisse de grand-voile alors qu'il navigue au large des Kerguelen. Il la recoud lui-même, guidé à distance par le médecin Jean-Yves Chauve.

"Je l’ai engagé très fortement à réaliser l’opération, tout seul. Avant de lui proposer ça, j’ai réalisé sur moi l’intervention – sans évidemment me couper la langue avant – mais j’ai pris l’aiguille, j’ai essayé de suivre dans la glace et je me suis un peu piqué la langue pour voir si c’était vraiment douloureux et pour voir si tout seul, on pouvait effectivement le faire", expliquait le médecin en octobre dernier à Voiles et Voiliers.

Le marin réalisera ainsi deux points de suture à vif devant un petit miroir. Cet épisode vaudra à de Broc le surnom de Rambo.

Le fémur de Yann Eliès

Le 18 décembre 2008, au 39ᵉ jour de course, Yann Eliès met son harnais avant d'aller effectuer une simple réparation de routine : un des câbles situé à l'avant de son monocoque frotte contre une barre métallique.

Le bateau fonce à 25 nœuds, soit plus de 45 km/h. D'un coup, il se soulève, avant de se fracasser contre une vague énorme en retombant. 

"J'ai eu un trou noir". Quand il rouvre les yeux, Yann Eliès n'est plus sur son bateau. Seul son harnais le retient, la main gauche sur la coque.

Dans le choc, Yann Eliès s'est brisé le fémur alors qu'il se trouve à 800 milles de l'Australie.

Il vit ensuite l'enfer en attendant l'arrivée des secours. Il devra déployer des efforts surhumains pour regagner l'intérieur de son bateau et y chercher des antidouleurs.

Le skipper attendra les secours pendant 36 heures. Marc Guillemot se déroute, avant que la Marine Australienne ne puisse évacuer le skipper le 20 décembre 2008.

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