Il a passé plusieurs heures seul sur l'océan dans son radeau de survie, Kevin Escoffier a été secouru dans la nuit de lundi à mardi par Jean Le Cam. Ils seront tous deux en duplex ce mardi soir dans notre édition regionale à 19 heures.
"C’est surréaliste ce qui s’est passé. Le bateau s’est replié sur lui-même dans une vague à 27 nœuds. J’ai entendu un crac mais honnêtement, il n’y avait pas besoin du bruit pour comprendre", ainsi commence le récit du skipper Kevin Escoffier.Lundi matin, son Imoca s'est cassé en deux, "j’ai regardé l’étrave, elle était à 90°. En quelques secondes, il y avait de l’eau partout. L’arrière du bateau était sous l’eau et l’étrave pointait vers le ciel. Le bateau s’est cassé en deux en avant de la cloison de mât. Il s’est comme replié. Je vous assure, je n’exagère rien… il y avait un angle de 90° entre l’arrière et l’avant du bateau".
Escoffier, qui participe à son premier tour du monde en solitaire, avait envoyé un message d'alerte lundi à 14h46 heure française (13H46 GMT) signifiant une voie d'eau importante. Le skipper de PRB a juste eu le temps d'envoyer un texto à son équipe et de sauter dans sa TPS, sa combinaison de survie.
"J’ai vu de la fumée, l’électronique qui cramait. Tout s’éteignait. Le seul reflexe que j’ai eu a été d’attraper le téléphone pour envoyer ce message et prendre la TPS que je ne matosse jamais (NDLR : matosser = déplacer du matériel, pour équilibrer un bateau). J’ai voulu prendre le grab bag (sac de survie) mais je n’ai pas réussi car l’eau montait", a-t-il raconté.
Les conditions météo à ce moment-là étaient médiocres avec des vents de 35 noeuds. L'attente a alors démarré, le temps pour Jean Le Cam de se dérouter et rejoindre la dernière position connue de Kevin Escoffier.J’aurais voulu rester un peu plus longtemps à bord mais je voyais bien que tout allait très vite et puis je me suis pris une déferlante et suis parti à l’eau avec le radeau
"Putain, t’es à bord ! C’était chaud !"
"J’ai seulement été rassuré quand j’ai vu Jean. Mais le problème, c’était de savoir comment faire pour monter à bord avec lui, a-t-il poursuivi, on s’est dit 2-3 mots. C’était Verdun sur l’eau. Il a été contraint de s’éloigner un peu puis après, j’ai vu qu’il restait sur zone. Je suis resté dans le radeau jusqu’au petit matin"."Je ne savais pas si la météo allait mollir suffisamment pour permettre une manœuvre. Il était à 2 mètres de moi, il m’a envoyé la frite avec un lien mais c’était dur d’arrêter le bateau. Finalement, j’ai réussi à attraper un tube, une barre pour monter à bord. Il y avait encore de la mer, environ 3,50 mètres. C’est une épreuve dans ces conditions de monter à bord d’un 60’, d’autant plus quand tu es contraint dans tes mouvements par la TPS. Sincèrement, heureusement que je suis en forme physique car je vous assure que ce n’est pas simple".
"Et moi, je lui ai dit «"Je te nique ta course, tu faisais une super course". Il m’a répondu,"C’est pas grave, la dernière fois c’est moi qui avait mis à plat la course de Vincent", a relaté le skipper de PRB.Quand je me suis retrouvé à bord avec Jean, nous sommes tombés dans les bras l’un de l’autre. Il m’a dit "Putain, t’es à bord ! C’était chaud !"
Kevin Escoffier a été récupéré sain et sauf par Jean Le Cam.
Jean Le Cam poursuivra, lui, son tour du monde. Les heures passées à porter secours à Kevin Escoffier seront décomptées de son temps final de course. De même pour Boris Herrmann, Sébastien Simon et Yannick Bestaven, déroutés par la direction de course pour prêter main forte à Jean Le Cam.
Ce mardi soir, Jean Le Cam et Kevin Escoffier seront en duplex depuis l'Atlantique sud dans notre édition régionale à 19h.
> Kevin Escoffier à bord du bateau de Jean Le Cam