Si le règlement du Vendée Globe n'avait pas changé, comme tous les "finishers", Clarisse Crémer qui avait bouclé le Vendée Globe 2020/2021 aurait été qualifiée pour le 2024. Mais cette règle n'existe plus et la navigatrice qui s'est éloignée des compétitions pour cause de maternité ne pourra être au départ. Grosse déception.
Sur son compte Instagram, la navigatrice fait part de sa déception après avoir appris que son sponsor, Banque Populaire mettait fin à son partenariat pour le prochain Vendée Globe.
Selon Clarisse Crémer, c’est le fait qu’elle ait eu une petite fille en novembre 2022 qui a conduit son sponsor à prendre cette décision, car sa maternité l'a éloignée un temps des compétitions et elle n'a pu accumuler les milles nécessaires en course pour une qualification.
La fin de la règle des finishers
En ayant terminé le précédent Vendée Globe, Clarisse Crémer aurait dû être automatiquement qualifiée mais le règlement a changé et cette règle qui concernait les finishers n'existe plus.
"J’avais informé mon sponsor, Banque Populaire, dès février 2021 de mon projet d’enfant écrit-elle sur son compte Instagram. Ils m’ont tout de même choisie pour ce nouveau Vendée Globe et ont communiqué sur notre engagement mutuel à l’automne 2021."
Mais la navigatrice dit avoir appris vendredi dernier que Banque Populaire la remplaçait.
"Je ne serai pas au départ du Vendée Globe 2024, annonce Clarisse Crémer qui se dit sous le choc. Il restait deux saisons complètes et 4 transatlantique pour revenir au niveau. J’étais à fond pour finir ma rééducation au plus vite."
"C'est la mort dans l'âme qu'on a pris cette décision"
Lors d'une conférence de presse ce jeudi après-midi, l'équipe sponsoring de Banque Populaire explique avoir essayé de trouver une solution avec Clarisse Crémer mais a dû prendre la décision de mettre fin à leur partenariat.
"On n'a rien à reprocher à Clarisse" déclare-t-on chez Banque Populaire où l'on dit avoir pris cette décision dans la douleur, la priorité étant d'assurer une présence au prochain Vendée Globe.
"On a envie d'être au départ de ce Vendée Globe, déclare Laurent Buffard, directeur de la communication de Banque Populaire, on a fait l'acquisition d'un bateau (L'ancien IMOCA de Charlie Dalin NDLR) . C'est la mort dans l'âme qu'on a pris cette décision."
Des solutions proposées au Vendée Globe qui les a rejetées
Dans un communiqué visible sur son site, l'équipe Banque Populaire explique sa décision :
"Déterminé à prendre le départ de la course à ses côtés en 2024, plusieurs solutions ont été proposées par le Team Banque Populaire à l’organisateur pour que le règlement prenne en compte la situation des femmes dans le Vendée Globe et la question de la maternité. Toutes ces propositions, ainsi que les demandes d’attribution d’une garantie de wildcard (autorisation exceptionnelle), ont été rejetées, y compris celle formulée il y a quelques jours encore, et c’est regrettable."
Le sponsor devra donc trouver un(e) skipper pour son nouveau voilier, en capacité d'être qualifié pour cette édition 2024 où 45 projets sont en lice pour 40 places au départ. On évoque le nom de Nicolas Lunven, qui pendant la maternité de Clarisse Cremer l'avait remplacée sur l’Imoca Banque Populaire lors de deux courses, la Bermudes 1000 Race et la Vendée-Arctique-Les Sables-d'Olonne.
Ce jeudi, Le team Banque Populaire et le Vendée Globe semblent se rejeter la responsabilité de cet échec.
Dans un communiqué publié en fin de journée, le Vendée Globe précise notamment :
"Les principes généraux de qualification et de sélection au Vendée Globe 2024 se sont notamment appuyés sur des réflexions et des propositions débattues et votées par la Classe IMOCA en Assemblée Générale, en août 2020.
Afin de préserver l’équité envers l’ensemble des prétendants au prochain Vendée Globe, l’Organisation de la course ne peut en aucun cas se permettre de changer les règles, alors que le processus de sélection était déjà engagé.
Quant à la Wild Card, c’est une possibilité qui a été évoquée avec le Team Banque Populaire et Clarisse Crémer. Celle-ci ne pourra être fléchée avant la fin du parcours de sélection, le Vendée Globe ne connaissant pas les skippers qui pourraient y prétendre."
"Que signifie l'égalité pour les femmes ?"
Cette décision souligne l'inégalité hommes-femmes dans le sport, même dans cette discipline mixte qu'est la voile.
"Au 21e siècle, à qui veut-on faire croire que de telles règles seraient équitables ?" s'interroge Clarisse Crémer.
"On a beau jeu de déplorer, ensuite, le faible nombre de femmes sur les lignes de départ... Je pense surtout à toutes les femmes, sportives et les autres qui traversent des difficultés similaires sans avoir cette opportunité de prendre la parole. Que signifie l'égalité pour les femmes ? Se comporter en tout point comme les hommes et donc ne pas être enceinte ?" conclut la navigatrice qui espère que son message fera progresser la société.