"Dans l'eau, on est comme les autres", le handisurf fait sa place en Vendée, de l'initiation à la passion

En Vendée, il y a la volonté d'inclure les personnes en situation de handicap aux sports de glisse. La base nautique de Saint-Jean-de-Monts et une entreprise vendéenne de surf développent ensemble une planche qui devrait s'adapter à tous.

La base nautique de Saint-Jean-de-Monts travaille avec Squid Surfingboards depuis le début de l'année. L'entreprise vendéenne loue des planches d'initiation et s'occupe de leur entretien pour qu'elles durent dans le temps.

Alors qu'un lot de planches de la base nautique devait être révisé, une idée a émergé entre la structure de formation et le fabricant de planches. Cette idée est simple, adapter ces planches aux personnes en situation de handicap.

Une séance d'initiation spéciale était justement prévue en juin. La base nautique avait donc besoin de matériel adapté. En collaboration avec Squid Surfingboards, ils ont imaginé une planche (presque) comme les autres. 

Une planche polyvalente

"On a pensé cette planche pour qu'elle soit adaptée, mais pas spécifique" détaille Jimmy Boissonnot, directeur général de Squid Surfboards. Il ajoute, "tout est amovible. On a intégré un système de poignée latéral pour se hisser sur la planche et un rail réglable en fonction des morphologies"

On ne veut pas que ce soit une planche spécifique

Jimmy Boissonnot

Directeur général de Squid Surfboards

Le fabricant ajoute, "elle doit ressembler à une planche de surf normale. On peut la surfer debout, à genoux ou allongé". Ce qui change, ce sont les accessoires. L'entreprise a prévu pour l'instant sept poignées, dont une ajustable et des mousses pour le confort du buste. Pour Jimmy Boissonnot, il y a encore du travail, "on propose une première version aux écoles, mais on est en train de développer de nouveaux accessoires"

Grâce aux retours des journées d'initiation à destination de personnes en situation de handicap, la base nautique a pu échanger avec l'entreprise vendéenne pour expliquer les besoins concrets que rencontrent les débutants. 

"On a eu de très bons retours, mais on va essayer de développer la polyvalence de la planche pour qu'elle s'adapte mieux aux différents handicaps", reconnaît Jimmy Boissonnot

La planche doit être plus concave pour plus de stabilité

Jimmy Boissonnot

Directeur général de Squid surfboards

Le fabricant de planches devrait sortir une deuxième version en septembre. Ses concepteurs travaillent sur un système de maintien du buste, sur des bloqueurs de jambes ainsi que sur la forme générale de la planche pour que celle-ci soit plus rassurante et confortable.

"On est partie d'une planche d'école et on essaye maintenant de proposer un panel d'accessoires pour qu'elle soit la plus polyvalente possible", résume Jimmy Boisssonnot. 

De l'initiation à la passion

Tiago de Oliveira est moniteur de surf à la base nautique de Saint-Jean-de-Monts. Après une formation complémentaire spécifique au handisurf, il est à l'initiative de plusieurs actions au sein de la structure pour promouvoir le surf pour tous. Il a notamment organisé une grande journée d'initiation, le 20 juin dernier, en partenariat avec le Creps Pays de la Loire et plusieurs centres d'accueil.

Le but, c'est l'inclusion

Tiago de Oliveira

Moniteur de surf

"On propose une initiation, mais l'objectif, c'est que les personnes qui viennent puissent continuer l'activité et venir pratiquer toute l'année après", suggère l'ancien champion de bodysurf. 

Le projet de Tiago de Oliveira est bien de pouvoir inclure des personnes en situation de handicap aux cours de surf ordinaires. Un objectif possible sous certaines conditions. 

"L'idée n'est pas de mettre de côté le handisurf et de proposer des cours différents. Mais ce qui va permettre l'inclusion, c'est l'autonomie de la personne" met en perspective Alexis Ortiz, responsable surf de la base nautique. Il ajoute, " il faut que la personne puisse remonter seul sur la planche si elle tombe dans l'eau. Si ce n'est pas possible, il faut un accompagnement plus spécifique".

Il y a autant de pédagogie que de handicap

Alexis Ortiz

Responsable surf à la base nautique de Saint-Jean-de-Monts

"Avant de mettre la personne dans l'eau, il faut la rassurer et lui expliquer comment ça va se dérouler, explique Alexis Ortiz, parfois, on peut associer le surf au danger, mais on peut avoir des premières sensations de glisse assez simplement".

"Ce sont des séances fortes en émotions, déclare Tiago de Oliveira, pour certains, c'est l'expérience d'une vie". Faire découvrir les joies de la glisse à un maximum de monde, c'est ce qui motive le jeune moniteur. Une seconde journée d'initiation est prévue vendredi 27 septembre à la base nautique de Saint-Jean-de-Monts.

Plus à l'aise dans l'eau que sur terre

Suite à la journée d'initiation, deux personnes ont fait connaître leur envie de s'inscrire aux cours de surf à l'année. C'est le cas de Noémie Leclair, tétraplégique incomplète depuis 13 ans, suite à une maladie congénitale.

Avec sa femme et ses deux filles, la Vendéenne va s'inscrire pour faire du surf tous les samedis matin, en famille.

Dans l'eau, je suis plus à l'aise

Noémie Leclair

Participante à la journée d'initiation

Dans la mer, Noémie est autonome. Elle peut remonter sur sa planche, avancer, nager et surfer. "C'est la préparation qui est compliquée. Je ne peux pas mettre ma combinaison toute seule ni aller à l'eau. Il faut deux personnes pour m'aider", explique-t-elle.

Noémie avait déjà fait du handisurf pour découvrir la pratique, mais elle n'avait pas trouvé de structure près de chez elle. Grâce au matériel de la base nautique, elle va pouvoir surfer régulièrement. "Ici, maintenant, ils sont formés donc ils connaissent et ils sont prévenants. Il y a les planches adaptées et le fauteuil de plage, c'est très pratique" précise la surfeuse en herbe. Elle ajoute, "surfer, c'est un extraordinaire moment de détente".

Une pratique salvatrice

Si développer le handisurf est aussi important, c'est parce que ses bienfaits sont nombreux, et ce, particulièrement pour les personnes en situation de handicap. Selon la parasurfeuse professionnelle, Emmanuelle Blanchet, "dans l'eau froide, les douleurs s'estompent".

Dans l'eau, les différences se voient moins, elles se subissent moins aussi

Emmanuelle Blanchet

Parasurfeuse kneel membre de l'Équipe de France

À 43 ans, Emmanuelle Blanchet a trouvé dans le parasurf, le moyen de se dépasser et d'assouvir sa soif de compétition. Après un lourd accident, celle qui était jusqu'alors maître nageur, cherche à se réinventer, sans jamais douter de ses capacités.

"L'eau, c'est mon élément", affirme la sportive de haut niveau. Et pour preuve, quelques mois après avoir découvert le parasurf kneel, Emmanuelle Blanchet remporte une compétition à Saint-Gilles-Croix-de-Vie. C'est le début d'une passion qui la mènera vice-championne de France en 2011 et, depuis deux ans, dans l'Équipe de France.

Après un gros accident, on se demande ce qui va être possible de faire

Emmanuelle Blanchet

Parasurfeuse kneel membre de l'Équipe de France

"Mon corps était mon outil de travail, j'ai su tout de suite qu'il fallait que je trouve un nouveau sport. J'ai besoin de ça. Dans le surf, il y a l'eau, la liberté et la nature" confie la surfeuse. Elle ajoute, "dans l'eau, on est comme les autres. Debout, à genoux ou couché, ça reste du surf. On a tellement à s'apporter les uns les autres que c'est bien de faire ça ensemble".

Les limites, c'est nous qui nous les fixons

Emmanuelle Blanchet

Parasurfeuse kneel membre de l'Équipe de France

Pour Emmanuelle Blanchet, "c'est important de savoir qu'on peut pratiquer comme les autres". La surfeuse souligne quand même l'importance de bien choisir sa structure, "il faut se diriger vers des établissements labellisés qui pourront bien accompagner les débutants" précise-t-elle.

Aujourd'hui, le nouveau rêve d'Emmanuelle Blanchet est de pouvoir participer aux Jeux Paralympique de Los Angeles en 2028. Malheureusement, le comité d'organisation a écarté l'inclusion du parasurf au programme des JO 2028. Mais la surfeuse ne baisse pas bras, "c'est un peu injuste, on aimerait une reconnaissance, mais j'ai encore de l'espoir".

Pour soutenir le rêve de la surfeuse vendéenne, une pétition a été lancée pour que le parasurf soit représenté, dans quatre ans, aux Jeux paralympiques de Los Angeles.

► Retrouvez-nous sur nos réseaux sociaux et sur france.tv

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité