Le Ligue pour la protection des oiseaux monte au créneau en réaction aux centaines de cadavres de dauphins retrouvés sur les côtes françaises, notamment en Vendée. L'association annonce ce mercredi qu'elle va demander à la Commission européenne de saisir la Cour de justice de l'Union européenne, pour faire réagir le gouvernement français.
Le combat de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) pour faire cesser l'hécatombe de dauphins victimes des filets de pêche continue. Plus de 400 ont été découverts depuis décembre 2022, affirme la LPO sur son compte Twitter.
L'association, engagée pour la protection de l'ensemble de la biodiversité depuis 2012, va solliciter la Commission européenne pour enclencher une saisine de la Cour de justice de l'Union européenne. La LPO renforce son action juridique dans l'espoir d'obtenir la "suspension des pratiques de pêche en cause".
Directeur du pôle Protection de la nature à la LPO, Cédric Marteau explique que cette procédure s'inscrit dans un recours enclenché en février 2019 par l'association, aux côtés de 25 autres ONG européennes.
La plainte avait donné lieu à un avis le 15 juillet 2022, sommant le gouvernement français de prendre les mesures urgentes nécessaires pour "empêcher les prises accessoires de dauphins communs et d'autres espèces protégées". Selon Cédric Marteau, cet avis n'a pas été suivi d'effets.
Le gouvernement a refusé de mettre en place un plan d'urgence, alors qu'il l'a fait pour la grippe aviaire.
Cédric MarteauDirecteur du pôle Protection de la nature à la LPO
"On a constaté que la mortalité n'a pas baissé. Le but de cette procédure est de verser au dossier de nouvelles pièces accablantes pour la France", précise-t-il.
Au-delà d'une condamnation, la LPO espère surtout "faire réagir" le gouvernement, d'autant plus que les scientifiques "proposent des solutions".
La nécessité d'un "plan d'urgence"
Le problème : ces solutions ne sont pas prises en main par l'État. Au micro de France info ce mercredi matin, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, ne sort pas du discours habituel sur l'encadrement des pratiques de pêche, qui consiste à évoquer les effaroucheurs sonores et les caméras installés sur les bateaux.
Cette position ne répond pas à "l'urgence de la situation", selon la LPO, qui rappelle que les scientifiques du Conseil international pour l'exploration de la mer (CIEM) "ont indiqué que la seule mesure efficace est d’abord de suspendre les pratiques de pêche concernées dans les zones à risque pendant les 4 mois d’hiver".
Aujourd'hui, la France n'arrive pas à faire face à cette problématique, qui est petite par rapport à ce que doit gérer un État.
Cédric MarteauDirecteur du pôle Protection de la nature à la LPO
Là-dessus, le gouvernement botte en touche. "La fermeture spatio-temporelle pose plusieurs questions : sur quel territoire, comment s'organiser dans le Golfe de Gascogne avec les Espagnols, sur quelle période, quel niveau d'indemnisation mettre en place ?", énumère Christophe Béchu.
Une réponse qui a le don de hérisser le poil de la LPO. "Ça fait plus de cinq ans qu'on constate ces taux de mortalité. On ne découvre pas le problème".
Pour Cédric Marteau, la solution serait de "réorganiser l'activité économique de la pêche. Les bateaux ne sortent pas 365 jours par an, ni 24 heures sur 24. Il faut que les marins se reposent, et que le matériel soit entretenu. On demande juste de planifier ces contraintes au moment où l'interaction est forte avec les cétacés, entre décembre et mars, pour faire baisser la mortalité."
Une exposition photographique de cadavres de dauphins
Cette annonce de la LPO coïncide avec une exposition de 400 photographies de cadavres de dauphins en taille réelle sur l'esplanade des Invalides à Paris. Une façon de "sensibiliser l'opinion publique au massacre des cétacés dans le Golfe de Gascogne".
L'action intervient quatre jour après la macabre découverte de l'ONG Sea Shepherd au large des côtes vendéennes : celle de la dépouille mutilée d'un dauphin figurant une inscription homophobe à l'encontre de l'ONG.
"C'est une provocation qui ne fait qu'aggraver la situation et empêche d'avancer, commente Cédric Marteau. Nous condamnons cet acte, d'autant plus qu'il nous éloigne d'un climat de confiance pour trouver des solutions, alors que nous savons que les marins-pêcheurs n'ont pas la volonté de faire du mal aux dauphins."