Mathieu Latour est un photographe et cinéaste animalier. Il dévoile son projet photographique "Regards d'Extinction" jusqu'au 27 août dans le cadre de l'exposition "Odyssée animale" au palais des congrès de Saint-Jean-de-Monts. 30 espèces en voie de disparition y sont représentées pour sensibiliser le public à la cause animale.
Confrontés à la disparition de la biodiversité et d'espèces animales, les humains sont bien souvent tentés de faire l'autruche. Mathieu Latour, lui, la regarde littéralement en face. Le photographe animalier de 25 ans présente une partie de sa série "Regards d'Extinction" jusqu'au 27 août au palais des congrès Odyssea de Saint-Jean-de-Monts (Vendée).
Ce projet photographique vise à réaliser 300 portraits d'animaux menacés d'extinction en capturant leur regard. Trente tirages de la série figurent parmi une centaine d'autres œuvres au sein de l'exposition "Odyssée animale" en partenariat avec la galerie PromenArts.
Les visiteurs peuvent venir se plonger dans les yeux d'un tigre de Sumatra, d'un vautour de Pondichéry, d'une raie brunette et d'autres animaux, tous les jours de la semaine, à l'exception du lundi et du samedi.
Des mammifères aux invertébrés
Cette exposition est une première ouverture au grand public du projet "Regards d'Extinction" pour Mathieu Latour. Il s'agissait à l'origine d'un projet d'étude, que le photographe a souhaité poursuivre au nom de son engagement pour la préservation de la biodiversité.
"C'est un projet qui regroupe tous les groupes d'animaux, des mammifères aux invertébrés, parce que je pense que toutes les espèces sont intéressantes. Je veux représenter toute la diversité du vivant menacé d'extinction", confie-t-il.
En deux ans, Mathieu Latour a réussi à réunir 87 portraits. "Je travaille en partenariat avec des parcs zoologiques comme le bioparc de Doué-la-Fontaine, la Vallée des singes ou l'aquarium de La Rochelle", détaille le photographe, originaire de l'île de Ré (Charente-Maritime).
Patience, le maître mot
Les animaux en captivité sont plus faciles à repérer, mais pour obtenir le bon cliché, il faut s'armer de l'outil le plus indispensable du photographe animalier, la patience : "Il faut attendre que l'animal soit proche et qu'il nous regarde. Ça peut me prendre trois heures juste pour une photo d'oiseau."
Mathieu Latour privilégie les moments où les animaux sont actifs car "une bonne photo animalière, c'est une photo qui raconte une histoire", un moment où il se passe quelque chose dans le comportement de l'animal. "C'est aussi une photo qui provoque une émotion, comme lorsqu'on croise le regard de l'animal, et qui est artistique", précise le photographe.
Il faut jouer avec la couleur et la forme de l'animal et de son environnement, et avec la lumière pour susciter le rêve et l'imagination.
Mathieu LatourPhotographe animalier
Un gorille des plaines de l'ouest qui plante son regard dans le nôtre, ça saisit, même à travers le papier glacé. C'est précisément ce que Mathieu Latour recherche, lui qui souhaite sensibiliser à la préservation des espèces en provoquant l'émoi du public envers des animaux méconnus, comme l'écrevisse à pattes blanches.
"J'ai dû négocier deux mois avec la Fédération de pêche de Dordogne pour qu'ils acceptent de m'emmener à un endroit où il y en a. C'était extraordinaire", relate celui qui s'enthousiasme tout autant d'aller photographier des orang-outans à Bornéo que des pigeons à Paris.
Diplômé de l'école de photographie de Condé et de l'IFFCAM*, le photographe est également cinéaste animalier. Il a filmé des flamants roses de Camargue pour le documentaire VIVANT de Yann-Arthus Bertrand. Le film part à la découverte de la biodiversité des différentes régions de France. "Pendant un mois, j'allais sur le toit d'un immeuble pour filmer un nid de faucons pèlerins, raconte Mathieu Latour, j'ai réussi à en filmer deux alors qu'ils s'échangeaient une proie devant la tour Eiffel."
*Institut francophone de formation au cinéma animalier de Ménigoute
Le respect des limites animales
Ces précieuses séquences sont le résultat de longs moments d'attente et d'observation. "Il faut faire des recherches et bien connaître le sujet. Il faut être capable d'interpréter le comportement des animaux et de respecter leurs limites", explique le photographe.
Une anecdote survenue lors de son voyage en Afrique du Sud lui revient : "On était entourés d'un troupeau d'éléphants qui étaient très proches, et la matriarche reniflait la voiture. J'ai vu que quelqu'un voulait prendre une photo avec une perche à selfie, et je l'ai tout de suite enlevée parce que si ça ne lui plaît pas, l'éléphant peut retourner la voiture en deux secondes."
Selon lui, "le danger est quelque chose que l'on provoque" et qui n'a pas de raison de survenir si le photographe est bien préparé, renseigné et accompagné dans les endroits qu'il maîtrise peu.
Sri Lanka, Angleterre, Nouvelle-Zélande
Après l'exposition "Odyssée animale" à Saint-Jean-de-Monts, ses photographies migreront dans les locaux de son sponsor, ABC Arbitrage. Mathieu Latour cherche de nouveaux partenariats pour continuer à compléter la série "Regards d'Extinction".
Le photographe fourmille de nombreux projets. Il part pour le Sri Lanka en août, et espère pouvoir se rendre dans les prochains mois en Belgique, en Angleterre, et pourquoi pas en Nouvelle-Zélande pour immortaliser l'oiseau endémique de l'île : le kiwi.