Abandon d'animaux. "On ne peut plus accueillir. C'est dur psychologiquement" : saturés, les refuges et la SPA appellent à l'adoption responsable

La compagnie d'un animal domestique peut faire envie à de nombreux égards. Mais elle s'accompagne aussi de responsabilités et de contraintes que la SPA rappelle en ce début d'été, période phare d'abandon d'animaux, alors que les refuges sont déjà saturés.

"On ne peut plus accueillir d'abandons. C'est dur psychologiquement de devoir refuser, surtout quand les animaux sont en détresse", témoigne Anne, responsable du refuge indépendant SPA de Loire-Atlantique à Carquefou.

Depuis le début de l'année 2023, les refuges voient déferler une vague d'animaux sans commune mesure dans leurs locaux. "On est saturé en chats et en chiens, on n'a jamais vu ça", rapporte Anne.

La situation risque d'empirer avec l'été. À cette période, un double effet participe à la surpopulation des refuges : plus d'animaux arrivent en raison des abandons, mais aussi des naissances de chatons, et moins de personnes adoptent car elles partent en vacances. 

Quand on dit qu'on se prépare à l'été, on ne parle pas de vacances.

Anne

Responsable du refuge indépendant SPA de Loire-Atlantique

Anne ne prend pas de congés de juillet à début octobre. Le refuge de Carquefou embauche sur la période estivale, et fait appel aux bénévoles qui aident notamment au nettoyage le matin. 

Même constat au refuge SPA d'Yvré-l'Évêque-Le Mans (Sarthe), où une salariée confie que "c'est compliqué depuis fin 2022. C'est du jamais vu, les refuges ne désemplissent pas. On a 80 places pour les chiens, mais on est déjà montés à 97".

Au refuge de Bouguenais, près de Nantes, la liste d'attente est, elle aussi, saturée. "On a beaucoup de demandes pour les chiens, parce qu'ils sont agressifs, qu'ils ne peuvent pas rester seuls et que les gens partent en vacances ou déménagent", détaille Gwenn Milcent, salariée du refuge. 

Des "erreurs de casting" dans l'adoption

Certaines personnes abandonnent leur boule de poil à cause de leur coût, "mais d'autres nous disent honnêtement qu'ils n'ont plus la patience, ils ne veulent plus faire d'effort pour l'animal", nous dit-on à la SPA d'Yvré-l'Évêque-Le Mans. 

La décision relève souvent d'une "erreur de casting", ajoute Anne, de la SPA de Loire-Atlantique : "Ça arrive quand les gens se sont mal renseignés sur la race. Certains chiens à la mode aujourd'hui ont de gros besoins de jeux, de dressage et de sorties. Ça peut être compliqué à gérer quand on travaille et qu'on a des enfants en bas âge de devoir sortir se balader une à deux heures tous les jours."

Le refuge porte une attention particulière à créer des duos qui fonctionneront au quotidien. "On peut refuser une adoption lorsqu'on est sûrs que ça ne collera pas", précise Anne.

Un cochon d'Inde pour se défendre des loups ? 

Ces erreurs de casting font l'objet de la nouvelle campagne de sensibilisation "#Stopabandon" de la Société protectrice des animaux (SPA) au niveau national. "Prendre un cochon d'Inde pour défendre un village viking vous semble absurde ?", demande son spot publicitaire.

De même, acquérir un chat sans poils pour la transhumance de moutons, ou un gros chien dans un studio parisien n'a pas de sens. En partant de ce postulat humoristique, la SPA insiste sur l'importance de se renseigner et de réfléchir avant de choisir son animal de compagnie pour éviter au mieux les incompatibilités et les abandons.

Il est impératif d'opter pour un animal qui "correspond le plus à notre mode de vie", souligne l'association. Beaucoup de paramètres entrent en jeu : le coût alimentaire, le poids, la taille, la capacité à être seul ou non, le besoin plus ou moins prononcé d'activité physique...La décision d'adopter un animal ne se prend pas à la légère.

Au cours de l'été 2022, 16 457 animaux qui ont été recueillis dans les refuges de la SPA, dont une grande majorité de chats et de chiens. Un chiffre "considérablement élevé s’apparentant au record de 2021", selon l'association.

L'afflux d'animaux provoqué par un mauvais choix impacte directement les refuges. "On a besoin d'adoptants, de bénévoles et de finances", déclare Anne, qui rappelle que la SPA de Loire-Atlantique ne fonctionne que grâce aux dons et aux legs.

Petit rappel : abandonner un animal est un délit puni par la loi, d’une peine pouvant aller jusqu’à 45 000 euros d’amende et trois ans d’emprisonnement.

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