La Sud-Africaine Kirsten Neuschäfer a remporté l'édition 2022-2023 de la Golden Globe Race, course au large à l'ancienne, sans technologie moderne et sans escale, jeudi 27 avril. Elle a été accueillie par un public admiratif aux Sables-d'Olonne, où elle a posé pied à terre pour la première fois après 235 jours.
La Sud-Africaine Kirsten Neuschäfer est entrée dans l'histoire de la voile jeudi en devenant la première femme à remporter une course autour du monde en solitaire, à son arrivée aux Sables-d'Olonne (Vendée) en tête de la Golden Globe Race.
La navigatrice de 40 ans s'est imposée après 235 jours en mer d'une folle épopée contre vents et marées. Les 16 concurrents au départ de la course devaient passer par les trois caps de référence (Bonne Espérance, Leeuwin, Horn), sans escale, assistance ni technologie de navigation moderne.
Sourire aux lèvres et pieds nus, Kirsten Neuschäfer a franchi à 21h43 la ligne d'arrivée située au large des Sables-d'Olonne, à bord de son petit monocoque de 1988 baptisé Minnehaha, qui a résisté à de nombreuses tempêtes pendant presque 8 mois.
Je suis très émue et honorée qu'il y ait autant de gens ici.
Kirsten NeuschäferGagnante de la Golden Globe Race
"C'est incroyable, c'est beaucoup après tous ces mois en solitaire", a déclaré, en français, la navigatrice en mettant le pied à terre.
"C'est extraordinaire, je passe un moment de ma vie qui n'arrive qu'une fois, et c'est grâce à tout le monde", ajoute modestement Kirsten Neuschäfer. "C'est grâce à toi !", entend-on dans la foule de Sablais venue la féliciter sur les pontons.
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Parmi le public figure le navigateur Jean-Luc Van Den Heede, 77 ans, vainqueur de la précédente édition de cette aventure vintage, en 2019.
Il faut avoir un mental très fort et je pense que Kirsten fait partie des gens qui ont un mental très fort.
Jean-Luc Van Den HeedeNavigateur, vainqueur de la Golden Globe Race 2019
"Je sais ce qu'elle a vécu. C'est une course qui est très dure, il n'y a pas de communication, on n'est pas poussé", témoigne-t-il.
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Skippeuse avant tout
Le 15 février, Kirsten Neuschäfer était déjà devenue la première femme de l'histoire à passer le Cap Horn en tête d'un tour du monde, quelques semaines seulement après avoir secouru son concurrent finlandais Tapio Lethinen, naufragé au large de l'Afrique du Sud.
Seule femme à avoir pris le départ, elle a été rejointe sur la ligne d'arrivée par la navigatrice et députée européenne Catherine Chabaud, première femme à boucler un tour du monde à la voile en solitaire, lors du Vendée Globe 1996-1997.
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Au-delà d'être des "premières femmes" dans le monde de la voile, les deux skippeuses partagent surtout une passion et une expertise de la navigation.
Les femmes qui naviguent ne se regardent pas comme des femmes qui naviguent, mais juste comme des individus passionnés.
Catherine ChabaudNavigatrice finisher du Vendée Globe en 1996-1997
"C'est juste génial. Il y a quelque chose d'extraordinaire dans l'air. C'est bon pour la voile et pour les femmes", s'est-elle réjouie.
Sur les 16 partants de la Golden Globe Race, seuls deux autres navigateurs sont encore en lice. L'Indien Abhilash Tomy devrait arriver en Vendée dans les prochains jours tandis que l'Autrichien Michael Guggenberger se trouve encore au large des Canaries.
Le Britannique Simon Curwen a passé la ligne à la mi-journée jeudi, mais ne pouvait plus prétendre à la victoire finale, car il avait effectué une escale dans un port chilien pour réparation pendant la course.
Un "moment historique"
De son propre aveu, Kirsten Neuschäfer a du mal à réaliser, et à envisager la suite. "Je n’ai pas réfléchi au futur à long terme, mais davantage à ce que j’avais envie de faire dans un avenir proche. J’ai envie de partir quelques mois faire de longues randonnées dans la nature avec mon chien", confie-t-elle.
À peine sortie d'une nature à l'état pur, parfois déchaînée, la quadragénaire a déjà soif d'y retourner : "C'est quelque chose de très important pour moi depuis que je suis toute petite, de faire partie de la nature, d'en profiter, de regarder les étoiles, les animaux et le ciel".
Kirsten Neuschäfer a concouru et a gagné sur le plan de la compétition, mais aussi de l'expérience humaine extrême qu'elle a vécu, et qui force l'admiration des observateurs.
Pour le maire des Sables-d'Olonne, Yannick Moreau, "c'est vraiment un moment historique que nous venons de vivre aux Sables d'Olonne. Par son exploit sportif, son courage, son héroïsme... Kirsten devient un modèle et une référence mondiale".
Avec Agence France Presse
