Alors que la pêche peut reprendre dans son intégralité dans le Golfe de Gascogne, la météo est défavorable pour les marins-pêcheurs cloués à quai depuis un mois. La question est pour eux est de savoir s'ils vont prendre le risque de repartir en mer dans ces conditions médiocres.
Le dilemme des patrons pêcheurs, notamment des petits bateaux, est d'essayer de sortir avec l'approche d'une perturbation qui rend la pêche difficile et dangereuse dès ce mercredi après-midi.
"C'est un vrai dilemme, oui. Les marins pêcheurs ont l'habitude de jouer à cette époque avec la météo, de subir la météo, ils savent parfaitement l'appréhender. Mais là, il ne faut pas oublier qu'on est vraiment dans un cadre très, très particulier", rappelle José Jouneau, président du Comité régional des pêches des Pays de la Loire.
On a eu quatre semaines de prison, forcée et contrainte, on va dire. Tout ça pour faire plaisir à on ne sait qui, on ne sait quoi
José JouneauPrésident du Comité régional des pêches des Pays de la Loire
"Les gars, c'est quatre semaines le long du quai, ça veut dire quatre semaines sans salaire. Ça veut dire quatre semaines à occuper les gars, tout le monde cogite, poursuit José Jouneau, donc il y a une réelle prise de risque à prendre. Il y a un coup de vent de prévu. Le week-end, il y a une menace de tempête. Donc vraiment, ça cogite dur pour savoir "Est-ce qu'on continue comme ça ou pas ?"
N'importe quel chef d'entreprise le comprendra, c'est-à-dire qu'on risque sa peau quand on va sur l'eau en cette saison.
José JouneauPrésident du Comité régional des pêches des Pays de la Loire
Car ces trois premiers mois de l'année sont relativement importants pour la trésorerie.
"Ce sont les trois mois les plus importants. C'est là où les gars font la trésorerie de l'année. Et lorsque vous imputez les quatre meilleures semaines, fatalement déjà l'année, on peut dire déjà qu'elle est considérée comme perdue".
Et les aides ne compensent pas, estime José Jouneau.
"Vous savez, un métier qui ne vit que par aide est un métier appelé à disparaître. Monsieur Lemaire a dit dimanche soir qu'il fallait faire 10 milliards d'économies. Nous, on nous dit 'on va vous donner des sous pour vivre'. Quelque part, franchement, c'est très mal perçu".
La question est désormais de savoir si la reprise de la pêche ne va pas déséquilibrer le marché.
"Il va y avoir des impacts, bien évidemment. Apporter massivement au bout de cinq semaines d'arrêt de production. Comment va réagir le marché ? On n'en sait strictement rien. Le poisson est un produit relativement cher, il ne faut pas l'oublier. Le pouvoir d'achat des Français est en chute libre. Donc fatalement, ces dommages collatéraux, on ne les maîtrise pas".
Aujourd'hui, les pêcheurs commencent vraiment à en voir assez tout simplement. De subir et non pas d'être entendu
José JouneauPatron des pêcheurs des Pays de la Loire
Propos recueillis par David Jouillat
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