Dès ce mercredi 21 février, les marins pêcheurs de Vendée et de Loire-Atlantique, interdits de pêche depuis un mois, vont repartir en mer. Les pertes de chiffre d'affaires sont conséquentes et pour l'heure, ils n'ont pas de nouvelles des aides promises par l'État.
"Demain, on va embarquer les vivres et tout ce qu'il faut pour partir mercredi", assure Eric Taraud, patron pêcheur à l'île d'Yeu. À deux jours de la reprise de la pêche dans le golfe de Gascogne, il a déjà une petite idée de la météo à venir et des choix de pêche.
Nous, ce sera le merlu, les collègues, ça va être la sole. Sauf qu'il va faire mauvais temps, on n'y peut rien. Ça fait un mois qu'il fait beau et puis quand on va partir en mer, il fait mauvais.
Eric TaraudPatron pêcheur
"Je crois qu'on va faire la journée de mercredi, jeudi peut-être. Après, c'est plus ou moins tempête dans le week-end. Ça ne va pas être terrible."
Cloués au port depuis le 22 janvier par décision du Conseil d'État pour protéger les dauphins, les sept bateaux de pêche de plus de 8 mètres que compte l'ile d'Yeu vont donc pouvoir de nouveau jeter leurs filets dans le golfe de Gascogne. Environ 450 bateaux français sont concernés par cette interdiction.
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120 000 euros de chiffre d'affaires en moins
Mais les pertes sont conséquentes : "120 000 euros de ventes perdues, se désole Eric Tauraud. Au mois de février, il a fait beau, il y a eu de la houle, il y a eu tout ce qu'il fallait, on aurait pu travailler comme on voulait. C'est un mois qui représente entre 30 à 40 % du chiffre de l'année."
Et les aides annoncées par le gouvernement tardent à venir. "Les conventions ne sont pas signées. Ce serait en ligne pour le 1ᵉʳ mars, d'après des annonces. Ça veut dire qu'on aura l'argent au mois de mai, si tout va bien !"
Promis par le gouvernement, ce dispositif d'aide doit d'abord être validé par la Commission européenne. Le 6 février dernier, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, indiquait avoir obtenu "un accord de principe" de la Commission.
L'indemnisation est attendue à hauteur de 85 % du chiffre d'affaires perdu pour les fileyeurs (qui pêchent des merlus, soles, baudroies, à l'aide de filets calés au fond ou dérivants) et les bolincheurs (qui pêchent les poissons bleus comme la sardine et l'anchois à l'aide de filets tournants). Les chalutiers devraient être indemnisés à hauteur de 80 %.
Des dauphins de plus en plus nombreux
À 58 ans, dont 40 à naviguer, Eric Taraud ne conteste pas la recrudescence des dauphins dans le golfe de Gascogne et concède en ramener deux ou trois dans ses filets chaque semaine.
"Avant, on voyait des dauphins au large, en dehors du plateau continental, quand on partait à la pêche au thon, au mois d'avril, en mai, en juin. Depuis quelques années, ils sont entrés dans le golfe de Gascogne."
Le marin pêcheur s'interroge sur l'activité des gros chalutiers pélagiques qui pêchent en grande quantité les poissons dont sont friands les dauphins. Conséquence, les dauphins se rapprochent pour trouver de la nourriture, notamment la sardine.
Si vous voyez au sondeur une tâche de sardines, c'est à peu près sûr qu'il y aura un dauphin dedans quand on relèvera le filet.
Eric TaraudPatron pêcheur
Près de 20 millions d'euros ont été investis pour équiper les navires de système répulsif, mais selon le patron pêcheur, "ça n'a servi à rien".
"Certains répulsifs écartent bien les dauphins, mais d'autres les attirent, selon les fréquences. Sauf que ce n'est pas suivi par les scientifiques. Ils nous foutent les trucs à bord, mais ils ne viennent pas."
D'ici à la fin de semaine, les étals de poissonniers seront de nouveau garnis de soles, merlus, juliennes et autres poissons en provenance du golfe de Gascogne.
Les prix qui avaient nettement augmenté ces dernières semaines devraient être revus à la baisse, de quoi inquiéter un peu plus les pêcheurs.
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