Après sept années de combat pour l'inclusion scolaire de son fils, la mère d’un adolescent autiste Asperger veut redonner espoir aux autres familles en difficulté. " Du proviseur jusqu'aux enseignants en passant par l'infirmière scolaire, quand tout le monde fait le job, ça marche".
À l'occasion de la journée mondiale de l'autisme, le 2 avril 2024, Sabine, maman d’un adolescent autiste Asperger, décrivait pour France 3 Provence-Alpes le quotidien épuisant des parents. Cette Marseillaise se battait pour faire connaître les troubles autistiques et permettre une meilleure inclusion au sein de l'école, témoignant sur les réseaux sociaux de son quotidien auprès de son fils de 15 ans.
Moins d'un an plus tard, Sabine raconte comment Thomas*, son fils élève de première, atteint d'un TSA (Trouble du Spectre Autistique), et d'un TDA (trouble déficitaire de l’attention) a retrouvé le sourire au lycée, grâce à une prise en charge adaptée, dans un établissement public. Elle veut redonner espoir aux familles qui rencontrent des difficultés et dont les enfants se retrouvent en échec scolaire. Sabine partage donc cette expérience positive sur les réseaux sociaux.
@my_tsa_teenager Une très très bonne #nouvelle à vous annoncer, notre plus #beau #cadeau de #noël !!! #cadeaudenoel #inclusion #handicap #tsa #tda #multidys #lycee #félicitations ♬ son original - My-tsa-teenager
La belle histoire de Noël
Cette maman n'en revient toujours pas : "le voici, dès le premier trimestre, avec les félicitations au conseil de classe !". Elle se souvient avoir sauté de joie avec son époux à cette annonce du délégué de classe."Je me suis pincée, j'ai cru que je rêvais et puis j'ai pleuré".
Après sept années de bataille et de descente aux enfers, son fils Thomas, autiste Asperger, a enfin trouvé sa place dans sa classe de première, dans un lycée du 10ᵉ arrondissement de Marseille. "Cette année, notre plus beau cadeau de Noël, c'est une vraie inclusion pour notre enfant, en situation de handicap depuis le primaire", confie Sabine. Et pourtant, dit-elle, trouver un "établissement adapté relevait du miracle".
"J'avais des idées noires"
L'an dernier, l'équipe pédagogique se montrait en effet réticente au passage de Thomas dans la filière de son choix. Le lycéen, incompris dans son handicap invisible, était enfermé dans son indicible souffrance, entre phobie et décrochage scolaire. Ce jeune autiste se retrouvait par ailleurs victime d'un "harcèlement sournois de la part d'autres élèves, harcelé et esseulé", raconte Sabine qui s'est sentie à bout de forces, face à une situation inextricable. "J'avais des idées noires, je n'en pouvais plus, on était face à un mur". C'est ce que cette ex-infirmière définit comme un traumatisme de l'accompagnement, "parce que lorsque les enfants font des burnouts autistiques, nous parents, nous les faisons avec."
Un jour, en sortant des cours, il m’a confié, "Maman, je vais te dire quelque chose qui va te faire plaisir : je suis heureux."
Sabine, mère de Thomas, autiste AspergerFrance 3 Provence-Alpes
Le changer d'établissement, pour un autre lycée public, était le va-tout de la famille de Thomas. Et ce fut une agréable surprise : les enseignants se sont adaptés au rythme du jeune autiste, "il a le droit de sortir de la classe si nécessaire ou de se reposer lorsqu'il est trop fatigué" et ses professeurs ont répondu à ses besoins d'apprentissage avec des méthodes "dont toute la classe a bénéficié, c'est ça l'inclusion", répète avec joie Sabine,"quand les moyens sont mis en place et qu'ils répondent aux recommandations, les résultats sont là."
Malgré sa grande fatigabilité, il rebondit et travaille sérieusement dès que l’énergie revient. Nous sommes tellement heureux de l’avoir comme fils.
Sabine, maman de Thomas, lycéen handicapéFrance 3 Provence-Alpes
" Du proviseur jusqu'aux enseignants, en passant par l'infirmière scolaire, et l'AESH, quand tout le monde fait le job, ça marche", affirme cette maman, qui précise qu'elle a conscience du temps supplémentaire et de l'énergie que cette adaptation demande aux équipes pédagogiques, "mais ça vaut le coup".
Objectif bac
Hypersensible, Thomas ressent également l'ambiance favorable de sa classe comme du "renforcement positif", selon les mots de sa maman, ce qui lui ouvre un bel horizon pour atteindre son objectif bac.
Sabine veut dire aux parents d'enfants handicapés "qu’il ne faut pas lâcher" et envoie un message aux professeurs. "Les enseignants qui n’ont pas peur d’affronter les différences, qui essaient de comprendre les troubles et qui acceptent de modifier un peu leurs habitudes sont essentiels à la réussite et à l'épanouissement" des enfants différents.
*Thomas est un prénom d'emprunt à la demande de l'intéressé.