La Mission Bern vient de donner un sacré coup de pouce au projet de rénovation de la villa Charlotte. L'ancien logement de fonction du sous-préfet des Sables d'Olonne va en effet être totalement restauré d'ici 2023. Un projet à découvrir dans le cadre des journées du patrimoine.
Les habitants de la Chaume aux Sables d'Olonne l'ont longtemps connu sous le nom de Villa Tertrais-Chailley.
Rebaptisée Villa Charlotte lors de son rachat à l'Etat par la Mairie, cette villa fut construite en 1866 par un industriel nantais, Laurent Tertrais, qui fit fortune avec les sardines en boites. À sa création, elle surplombait les usines du maître des lieux.
C'est en 1910 qu'elle fut rachetée par un sénateur, Joseph Chailley dont la femme Charlotte Vormèse donna sa véritable identité à la demeure.
Violoniste de talent, elle fut Premier prix du conservatoire de Paris, amoureuse des arts, la propriétaire fait transformer cette demeure bourgeoise en villa balnéaire.
Laurent Tertrais a eu le génie du lieu en faisant construire sur la corniche de la Chaume, la première villa, et la seule dans ce quartier, où il avait installé ses usines de conserverie.
"Il a choisi un site exceptionnel avec une vue imprenable sur le chenal et à 380°sur l'Océan , mais c'est Charlotte avec sa sensibilité d'artiste et de parisienne, qui va la transformer en villa balnéaire", explique Louise Robin, historienne de l'art et spécialiste l'architecture balnéaire.
Vers 1910, la propriétaire des lieux fait en effet adjoindre une aile avec une terrasse attenante à sa chambre, elle fait aussi créer un escalier monumental, et c'est alors que cette villa devient dissymétrique (ce qui est la caractéristique de l'architecture balnéaire)
"La villa s'ouvre alors pour pouvoir capter tout le paysage" raconte Louise Robin.
Un jardin d'un hectare en pleine ville qui va être restauré
Mais le véritable joyau de la Villa, c'est son terrain.
Un hectare de verdure planté d'arbres dont la superficie n'a guère bougé en un siècle et demi. Une rareté dans un territoire aussi construit que Les Sables d'olonne.
"Comme la maison est sur une butte, les jardins étaient en espaliers et descendaient jusqu'au quai. Charlotte en avait fait un jardin à l'anglaise, fleuri. Elle a défini différents espaces avec différentes ambiances" indique encore Louise Robin.
Ce jardin est la priorité du vaste plan de rénovation de la Villa par la municipalité. Un projet qui a retenu l'attention de la Fondation du patrimoine.
En inscrivant sa restauration au programme de la Mission Bern, la Ville devrait pouvoir toucher entre 300 et 400 000 euros de dons.
Une somme non négligeable quant on sait que le budget alloué à cette restauration est estimé à 2 millions d'euros.
Pour redéfinir la végétalisation du parc, la ville fait appel au paysagiste Louis Benech qui a notamment redessiné les jardins des Tuileries à Paris.
Un projet de "Villa Médicis de la Mer"
La demeure, elle aussi sera entièrement rénovée. La Ville y consacrera un budget de 3 millions d'euros, l'objectif étant d'en faire une "Villa Médicis de la mer". Elle accueillera des artistes en résidences, des expositions, sera aussi un lieu privilégié de conférences, bref un site intégralement dédié à la culture et au patrimoine.
Pour ce qui est de l'aménagement intérieur, la Ville fera vraisemblablement appel au mobilier national, histoire de redonner un petit coté début de siècle à la maison. Mais les "Amis de la Villa Charlotte", sont d'ores et déjà mobilisés pour racheter du mobilier d'époque (second empire, Belle époque) en lien avec la musique, la grande passion de Charlotte.
L'association lance une souscription intitulée " Adoptez un meuble ", afin de racheter des objets et des meubles plus "personnalisés"et d'en doter notamment le salon de musique.
Une vaste bibliothèque constituée de dons de collectionneurs et bibliophiles sera aussi accessible public, elle contiendra plus de 1000 ouvrages sur la villégiature balnéaire. 3000 autres documents, manuscrits relatifs eux aussi à "l'esprit de la mer" seront consultables sur place. Une partie de ces livres, sera réservée aux chercheurs.
À terme, les Amis de la Villa Charlotte espère réunir 6000 livres pour constituer l'unique bibliothèque de livres de mer en France.
Rendez-vous le 18 et 19 septembre sur les lieux du futur site culturel, pour découvrir notamment le travail de l'ébéniste Christophe Legeay qui a restauré la table-coiffeuse dite "au violon" (photo ci-dessus).