Dans ses vœux diffusés sur un réseau social, le maire des Sables-d'Olonne annonce qu'il va présenter sa démission dans les mois à venir. Yannick Moreau donne peu de détails sur les raisons de cette décision qui intervient un an avant la prochaine échéance électorale des municipales de 2026.
"Santé, bonheur, joie dans les cœurs"
C'est par cette formule que Yannick Moreau, le maire des Sables-d'Olonne, débute ses vœux pour 2025, visibles sur sa page Facebook.
L'élu est assis à son bureau, un sapin de Noël derrière lui et un drapeau tricolore à sa gauche. Il y a un petit côté présidentiel à tout ça. Mais non, Yannick Moreau ne va pas profiter de cette cérémonie annuelle pour nous annoncer quelque ambition nationale. Mais plutôt un retrait des affaires publiques.
"C'est la dernière fois que je vous présente mes vœux en qualité de maire des Sables d'Olonne, et président de son agglo."
Villiériste avant de rejoindre l'UMP
Voilà, l'info de ce début d'année est lâchée : le maire des Sables-d'Olonne va quitter ses fonctions.
Celui qui a débuté son engagement politique au cabinet de Philippe de Villiers, après avoir suivi des études dans le très conservateur Institut Catholique d'Etudes Supérieurs, à La Roche-sur-Yon, puis à l'université de Nantes, a quitté le mouvement villiériste (MPF) en 2012 et rejoint l'UMP.
C'est à Olonne-sur-Mer qu'il obtient son premier mandant de maire en faisant basculer la ville à droite en 2008. Puis, en 2019, après avoir œuvré pour la fusion des trois communes d'Olonne-sur-Mer, Château-d'Olonne et Les Sables-d'Olonne, il devient le maire de cette nouvelle commune. Il est également président des Sables-d'Olonne Agglomération, qui regroupe cinq communes.
"Apaiser progressivement des querelles de clocher inutiles"
"En 2019, nous avons réussi à faire naître la ville nouvelle des Sables-d'Olonne et à apaiser progressivement des querelles de clocher inutiles, déclare-t-il dans ses vœux. Ce qui nous permet désormais de regarder dans la même direction, et de donner un cap clair à notre cité maritime, notre cité de marins pêcheurs, de culture et d'aventure."
Puis, l'élu, qui a été également un temps député, poursuit son rapide bilan et esquisse une explication.
"J'ai beaucoup donné, beaucoup reçu, commis quelques erreurs aussi, dit-il, mais je peux vous assurer d'une chose : c'est avec beaucoup de cœur que j'ai donné 17 années de ma jeunesse et de mon énergie à vos côtés et à votre service. Aujourd'hui, j'ai le sentiment d'avoir fait ma part. J'ai fait mon job. Mais j'ai toujours pensé que les cimetières étaient remplis de personnes irremplaçables et je me suis toujours juré de ne pas devenir un vieil élu s'accrochant à son fauteuil."
"J'ai toujours rêvé d'avoir une vie privée"
La démission du maire des Sables-d'Olonne est une surprise, d'autant plus qu'elle intervient peu de temps avant les élections municipales de 2026. A 49 ans, pourquoi Yannick Moreau choisit-il de se retirer "d'ici septembre 2025", selon ce qu'il annonce.
"Mes proches le savent bien, poursuit-il, j'ai toujours rêvé d'avoir une vie privée un jour, après ma vie publique. Eh bien nous y sommes. D'ici le mois de septembre 2025, je transmettrai donc mes responsabilités de maire et de président d'agglo."
Ce serait donc la volonté de se rendre disponible pour les siens ? Quelle est donc cette urgence qui ne supporterait pas d'attendre la fin du mandat ? La volonté peut-être de placer un "successeur" ou une "successeuse" avant les prochaines échéances ?
Officiellement, nous n'en saurons pas plus, Yannick Moreau est en déplacement, nous dit-on à son service de presse et il ne répondra aux questions des journalistes que lundi prochain.
"Nous ne mesurons pas toujours la chance inestimable que nous avons de vivre ici, dans cette agglomération et cette ville rêvées à la mer. Alors, savourons-la", conclut celui qui a fait entrer la baie des Sables-d'Olonne dans le cercle restreint des plus belles baies du monde.
La surprise des habitants
Dans les rues de la station balnéaire, la surprise est totale.
"Ça me fait bizarre, dit un passant. Il avait annoncé pas mal de choses. Qu'il s'arrête au milieu comme ça... si c'est sa volonté. Il fait ce qu'il veut."
"C'est surprenant, confirme un autre Sablais qui s'étonne du manque d'explications. Le renouvellement des mandats, c'est l'année prochaine, c'est étonnant qu'il démissionne peu de temps avant."
Une passante est d'autant plus étonnée qu'elle pensait que Yannick Moreau solliciterait un nouveau mandat.
"Il fait des belles choses, qui ne plaisent pas à tout le monde, dit-elle, mais il fait des belles choses."
"Il est libre d'entreprendre sa vie comme il l'entend, conclut un autre Sablais. Il peut encore changer d'avis."
Pour tous, le sentiment de surprise domine. Dans sa vidéo, Yannick Moreau donne rendez-vous le jeudi 30 janvier aux Sablais pour la cérémonie des vœux de la ville et de l'agglo des Sables d'Olonne, dans la toute nouvelle salle de l'Arena.
"Pourquoi il abandonne les Sablais maintenant ?"
Aux Sables d'Olonne, l'opposition de gauche est quasi inexistante avec deux élus. Mais Yannick Moreau a également des opposants à droite, dans une liste affichée divers droite et où l'on s'étonne également de la date choisie pour se retirer.
"Yannick Moreau quitte le navire avant la fin de son mandat. Une question que tous les Sablais se posent : c'est pourquoi abandonner maintenant ? s'étonne Anthony Bourget, l'un des élus de cette opposition. Je pense qu'aujourd'hui, le plus important, c'est de savoir pourquoi il quitte le navire, pourquoi il abandonne les Sablais maintenant, à la veille de la campagne municipale. Je doute que Yannick Moreau ait opté pour une vie monastique."
Pour Anthony Bourget, la politique menée par Yannick Moreau n'est pas la bonne et, avec ses colistiers, il se dit prêt à proposer une alternative.
Surprise aussi pour le président du Conseil Départemental de Vendée, Alain Leboeuf qui évoque "une nouvelle orientation professionnelle" pour le maire des Sables d'Olonne.
Cette décision lui appartient et je la respecte, tout en saluant sa liberté. Je travaillerai avec lui jusqu’au bout comme nous l’avons toujours fait : dans la confiance et une estime réciproque.
— Alain LEBOEUF (@a_leboeuf) January 3, 2025
"Un homme droit et engagé"
Pour part, Christelle Morançais, la présidente de la Région des Pays de la Loire, tient à saluer le courage, dit-elle, de cette décision.
Je tiens à saluer @YannickMOREAU, qui fait le choix, après avoir tant donné à sa belle ville des Sables d’Olonne et à ses habitants, de se préparer à entamer une nouvelle vie. C’est courageux, digne, à l’image de l’homme droit et engagé que je connais et que je respecte… https://t.co/ahiCtb1iGr
— Christelle MORANÇAIS (@C_MORANCAIS) January 2, 2025
Courage, dignité, pourquoi de tels mots concernant une démission avant la fin d'un mandat sans plus d'explications ? On peut supposer que les semaines à venir apporteront quelques motivations plus claires.
De Saint-Michel à la demande à l'UNESCO
Ce deuxième mandat, qui n'ira donc pas jusqu'à sa fin, avait été marqué par le combat de Yannick Moreau pour conserver une statue de l'archange Saint-Michel que l'élu avait fait poser devant l'église du même nom.
Installée sur l'espace public, la statue avait fait l'objet d'un recours de la part de l'association "La libre pensée" se basant sur la loi de 1905 et, au terme d'une longue procédure, le Conseil d'Etat avait fini par exiger qu'on l'enlève.
Yannick Moreau s'était arc-bouté contre cette décision, souhaitant défendre la culture chrétienne, mais avait finalement trouvé une parade en la déplaçant de quelques mètres, sur une parcelle que la ville a vendue au diocèse.
Dernièrement, Yannick Moreau avait instruit un dossier, sollicitant l'inscription du sauvetage en mer à l'inventaire National du Patrimoine Culturel Immatériel, espérant ensuite une inscription au Patrimoine Mondial.
On fêtera en 2025 les 200 ans de l'organisation du sauvetage en mer en France. La SNSM, qui en est l'héritière, avait payé un lourd tribu dans cette commune vendéenne, perdant trois de ses sauveteurs en juin 2019 lors d'une intervention pendant la tempête Miguel.
Le président Emmanuel Macron était venu rendre hommage aux trois victimes.
On retiendra aussi de cette année 2024, une menace de mort reçue par courrier en décembre dernier et suite à laquelle, Yannick Moreau avait bénéficié d'une protection fonctionnelle.
► Voir le reportage de France Quentin Carudel, Fred Grunchec et Alexis Le Grand
Olivier Quentin avec Quentin Carudel
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