Vendée : avis de tempête chez Bénéteau, les syndicats s'inquiètent, la direction temporise

Débrayage ce mardi matin à l'usine Bénéteau de Challans, en Vendée. "Le Covid, c'est un prétexte" estime la CFDT qui dénonce la restructuration en cours chez le leader mondial de la plaisance.

Les chiffres du chômage ne sont pas si mauvais que prévu ? Le nombre de demandeurs d'emplois sans aucune activité aurait même baissé en France en octobre ? La situation n'est pas si simple et surtout, pas si rassurante. Car il faut attendre la concrétisation des plans sociaux annoncés pour établir un réel bilan de la crise sanitaire et économique actuelle.

Quant à pouvoir affirmer que c'est la crise sanitaire seule, qui est la cause de ces plans sociaux, là encore, le doute est permis.

Dans son numéro de décembre, le très sérieux mensuel Alternatives Economiques propose un dossier sur ces entreprises qui ont annoncé courant 2020 une restructuration, profitant de la situation actuelle pour fermer ici ou réduire là.
 

Mise en sommeil ou fermeture ?

Dans son tour d'horizon hexagonal, le magazine prend l'exemple du groupe Bénéteau."Pour faire face aux conséquences de la crise, peut-on lire dans ce dossier, Bénéteau entend céder, mettre en sommeil ou fermer cinq sites (dont trois en France). Pourtant, découvre-t-on plus loin, les chiffres sont moins mauvais que ceux avancés par la direction pour justifier le plan de sauvegarde de l'emploi."
Ce que nous a confirmé Emmanuel Landreau, du syndicat CFDT de Bénéteau. Pour lui, ces mises en sommeil sont en fait des fermetures déguisées et 530 postes ont été identifiés pour accueillir les salariés des sites concernés, volontaires pour une mutation interne. 

L'usine de Challans, positionnée sur les petits et moyens bateaux, serait touchée par ce PSE. 300 salariés concernés. Celle de l'Herbaudière, spécialisée dans les moteurs avec ses 100 salariés, également.

Dans la division Habitat du groupe, il y aura aussi de la casse. Toujours en Vendée, le site de Luçon, avec sa quinzaine de salariés est semble-t-il condamné. D'autres sites en France sont également sur la sellette.
 

"La direction est très loin de nos propositions"

L'annonce des mutations possibles sur d'autres sites a été faite la semaine dernière. "Mais les compensations  ne sont pas finies de négocier, précise Emmanuel Landreau, les métiers disponibles non plus." Le syndicat espère bien obtenir des compensations sous forme de primes. "La boîte a besoin que les salariés viennent boucher les trous mais elle ne prend pas la mesure des contraintes imposées aux salariés. La direction est très loin de nos propositions."Pour la CFDT, ces restructurations étaient déjà dans les cartons avant la crise de la Covid-19. La direction avait déjà imaginé réduire les fonctions supports. L'éparpillement des sites de production était aussi en ligne de mire. Fermer des usines pour recentrer les outils était un objectif que la crise sanitaire pourrait avoir facilité.

Une crise bien commode. Sauf que les salariés ne vont peut-être pas suivre si facilement cette stratégie. Si tout le monde a eu peur de l'avenir cet été avec notamment l'annulation des salons, le recul est finalement modeste selon le syndicat.
 

Aucune fermeture en France selon la Direction de Bénéteau

La lecture des événements n'est pas la même pour la Direction du groupe. Celle-ci refuse de parler de fermeture pour les sites de Challans et de l'Herbaudière et lui prèfère le terme moins définitif de "mise en sommeil".

Pourtant, elle confirme bien que parmi les 400 salariés concernés, 340 opérateurs se verront proposer une mutation vers d'autres sites de production. Reste environ une soixantaine de personnes, cadres, fonctions supports, à qui un reclassement devrait être proposé.

"La Direction s'engage à éviter tout licenciement contraint" nous a-t-on assuré chez Bénéteau qui ne reconnait qu'une seule fermeture, celle du site de Marion aux Etats-Unis. Même si, à Challans et l'Herbaudière, "outillage et collaborateurs seront transférés", on n'emploie pas le terme de fermeture.  

Une pudeur que la CFDT explique par la volonté de Bénéteau de contourner la loi Florange de mars 2014, loi qui oblige l'employeur à trouver un repreneur en cas de fermeture. Si l'on en croit la direction de Bénéteau, cette loi ne s'appliquerait pas ici. 

Concernant la motivation de ces fermetures qui refusent de dire leur nom, elles sont bien liées à la crise sanitaire selon la Direction de Bénéteau. "Au cours des trois dernières années, le groupe a effectué des investissements capacitaires, nous a-t-on expliqué, pour passer à un niveau total de production de 12 000 bateaux mais on était à 9 000 en 2019 et la crise Covid a stoppé net la croissance de production. En 2020, on a fait -14% et on est mitigé sur une sortie de crise en 2021."

Selon ce même interlocuteur, il n'y avait pas de projet de restructuration préexistant à la crise sanitaire.

Tous ces arguments suffiront-ils à faire accepter la situation aux salariés ? Pas sûr. "Les gens de Challans sont assez remontés" prévenait lundi Emmanuel Landreau. Et, ce mardi, 200 personnes ont débrayé pour exiger une prime de 5000 euros, en compensation d'une mutation vers un autre sites vendéen (Saint-Gilles-Croix-de-Vie, Commequiers, Saint-Hilaire, bassin yonnais). 

La direction ne consent qu'à une prime de 300 à 700 €.

Les négociations se poursuivent avec une réunion prévue ce mercredi à 8h. Le site de Challans doit fermer en juillet prochain.


 
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