Le manque de composants électroniques affecte depuis plusieurs mois l'activité des entreprises, à l'image de la société Tronico en Vendée. Pour contourner la pénurie, elle s'est tournée vers un marché parallèle de revendeurs, une solution par défaut qui nécessite de renforcer les contrôles.
Conséquence de la relance économique mondiale après la pandémie de Covid-19, l’offre de composants électroniques, principalement fabriqués en Asie, se tend partout dans le monde.
L’entreprise vendéenne Tronico, spécialisée dans la fabrication de produits complexes à dominance électronique, n’est pas épargnée par la pénurie.
Installée à Saint-Philbert-de-Bouaine, à la frontière entre la Vendée et la Loire-Atlantique, elle produit notamment des systèmes éléctroniques pour les avions Rafale ou encore le coeur artificiel Carmat.
La société estime que les délais d'attente sur certains composants atteint désormais deux ans. Pour continuer sa production, elle a donc dû se tourner vers les brokers, un marché parallèle de revendeurs.
"Ce sont des gens qui achètent des stocks, ils les revendent ensuite aux plus offrants, à ceux qui sont prêts à payer le prix pour avoir des composants. Cela nécessite des contrôles particuliers pour éviter les contrefaçons", explique Thomas Hervouet, directeur des achats chez Tronico. Ce type d'achats reste cependant infime précise le directeur des achats.
Il faut donc analyser, scruter ces composants qui ne viennent ni des usines, ni des réseaux de revente franchisés.
Toute une batterie de tests allant du microscope électronique aux rayons X, pour repérer d'éventuelles contrefaçons, rebuts de production, ou bien des composants qui seraient usagés.
"Si on a une trace que le composant a déjà été utilisé, on ne sait pas dans quelles conditions : a-t-il subi des stress en tension, en courant, a-t-il vieilli prématurément, ce qui pourrait induire des problèmes de fiabilité qui ne seraient pas forcément décelés lors des tests de fabrication des cartes électroniques", confirme Jean Bastid, responsable d'activité composants.
Car sur ces chaînes de production où l'on fabrique des pièces de haute technologie pour l'aérospatial, la défense ou encore le secteur médial, toute approximation aurait des conséquences très lourdes.
"On est sur des calculateurs de réacteurs d'avions. Il est hors de question de monter un composant avec une défaillance. On travaille sur des dispositifs médicaux implantés, bien évidemment on ne peut pas se permettre d'avoir une défaillance sur un dispositif qui serait dans le corps humain", affirme Yvan Allaire, directeur des opérations de l'entreprise.
Sur l'ensemble des lots achetés hors du circuit conventionnel, 10 à 20% ont été renvoyés. Selon les experts, la pénurie de composants éléctroniques pourrait durer jusqu'à la fin 2022.