Après 18 ans à la tête d'un fabricant de vitrage isolant aux Treize-Spetiers en Vendée, Jean-Yves Glumineau revend la société. Cet entrepreneur généreux lègue une part de la vente à tous ses salariés.
Aux Treize-Septiers, les 150 salariés du fabricant vendéen de vitrage isolant TIV se souviendront toute leur vie de ce mercredi 15 décembre. Leur dirigeant, Jean-Yves Glumineau, les a tous réunis pour leur annoncer deux nouvelles. La première : après 18 ans à la tête de l’entreprise, il cède les rênes et vend la société. La deuxième va les laisser bouche bée : en guise de remerciement, plus de 2 millions 680 000 euros seront reversés entre tous les collaborateurs sous forme d’une prime. "C’était totalement inattendu !" s'exclame Vanessa Quintana, employée au service devis. "Il y a eu un gros blanc", se remémore de son côté le jeune intégré Kevin Lemosle.
"Un homme n'est rien tout seul"
Car Jean-Yves Glumineau n’a qu’un seul credo : un homme n’est rien tout seul. En 18 ans, l'entreprise vendéenne a multiplié son chiffre d'affaires par 5. Mais pas question de s'attribuer tous les lauriers.
J’ai toujours parlé du ‘gagnant-gagnant’. Si l’entreprise gagne plus, les salariés gagneront plus. Ce n’est pas de la générosité mais de la reconnaissance. Si les collaborateurs ne s’étaient pas impliqués pour faire grandir l’entreprise, nous n’en aurions pas été là aujourd’hui. Cette prime est légitime
Jean-Yves Glumineau, PDG TIV
Pas question non plus de réfuter l'argument financier pour fidéliser : " L’ambiance, les conditions de travail et la relation qu’on entretient avec les collaborateurs contribuent énormément à leur bien-être et à leur implication. Mais la rémunération en fait partie également", explique l'homme qui aura 60 ans dans quelques jours.
Chaque salarié, en CDI ou CDD touchera donc une prime répartie sur 3 ans. Le montant de cette récompense : 10 euros par jour travaillé. Les premiers versements sont arrivés lors de la paye de janvier. Kevin Lemosle, récemment intégré, jubile : "Je vais pouvoir mettre de côté. C’est un gros coup de pouce. Je vais pouvoir passer mon permis moto par exemple."
Même son de cloche pour Paolo Andrade, salarié depuis 1997 :"Je viens de finir ma maison et grâce à la prime je vais pouvoir changer ma cuisine ! Je vais pouvoir faire aussi plaisir à ma famille"
Un patron humaniste
Ce salarié a donc vécu l’intégralité de l’aventure avec Jean-Yves Glumineau : "C’est un patron très sociable. Lors de la jour de paye, il donne le bulletin en main propre à chaque salarié. Je n'ai jamais vu ça ailleurs. Les résultats, ce sont aussi les fruits de notre travail mais c'est extrêmement rare de voir un patron faire un tel geste." Vanessa Quintana abonde en ce sens: "Jean-Yves, on le tutoie. Il y a ici un esprit d’entreprise familial. Ça contribue à avoir des conditions de travail apaisées."
Des charges "confiscatoires"
Seule ombre au tableau selon le chef d’entreprise : la fiscalité. Avec les charges patronales d’une part et charges salariales de l’autre, 60% du montant de la prime est amputée. "Les charges sont confiscatoires, C‘est dommage de vouloir récompenser ses salariés et d’être amputé d’autant d’argent à cause des charges", déplore le chef d'entreprise.
C’est le prochain combat du sexagénaire. En 2019, il avait d’ailleurs commencé à alerter des députés et des sénateurs pour changer la loi : "J’ai vraiment envie d’instituer de nouvelles règles. Je ne suis certainement pas le seul dirigeant qui partage ce genre de conviction. Mais il faut des outils pour être motivé à le faire." Avec ce projet de loi, il aimerait inciter d’autres chefs d’entreprise à l’imiter. Jean-Yves Glumineau va sûrement manquer à ses salariés mais ses valeurs humanistes, elles, ne risquent pas de s'éteindre de sitôt.