C'est ce lundi 17 décembre qu'une décision de justice sera rendue dans le cadre de la poursuite en diffamation de deux historiens par Philippe de Villiers. Au coeur de la polémique, un anneau acquis par le Puy du Fou et qui aurait appartenu à Jeanne d'Arc.
Les médiévistes William Blanc et Christophe Naudin sont poursuivis en diffamation par Philippe de Villiers pour une tribune dans laquelle ils ont dénoncé l'instrumentalisation de la figure de Jeanne d'Arc par le fondateur du Puy du Fou.
Dans cette tribune publiée par le Monde le 25 mars 2016 et intitulée "Comment Philippe de Villiers récupère le mythe de Jeanne d'Arc", les deux historiens pointent un aspect de l'"utilisation symbolique de l'Histoire à des fins mémorielle, politique et économique" qu'ils estiment mercantile et non scientifique.
L'anneau de Jeanne d'Arc est utilisé comme "attraction principale dans un spectacle" du Puy du Fou et est, le reste du temps, exposé dans une chapelle du château, à l'extérieur du parc.
"Nous sommes loin d'une démarche scientifique et publique qui souhaite apporter l'Histoire au plus grand nombre à moindres frais", ont notamment pointé les deux auteurs, critiquant "l'offensive, politique et commerciale, qui marie allègrement un discours identitaire avec une gestion spectaculaire et libérale" de l'objet polémique.
Les deux spécialistes de cette période ne s'accordent notamment pas sur le fait que la bague ait appartenu à coup sûr à la pucelle d'Orléans.
Le tribunal correctionnel de Versailles doit rendre sa décision ce lundi 17 décembre.
376 833 euros pour l'anneau de Jeanne d'Arc
Le 26 février 2016, le Puy du Fou a fait l'acquisition, pour 376 833 euros, d'un anneau ayant appartenu à Jeanne d'Arc et qui lui aurait été volé par l'abbé Cauchon.Un mois plus tard, Philippe de Villiers, le fondateur du site touristique, présente la bague en grande pompe dans l'enceinte du parc, devant quelque 5 000 personnes.
"Messieurs les Anglais, si vous voulez voir l'anneau, vous venez ici, Welcome to the Puy du Fou"... Pour le reste c'est trop tard (...) l'anneau est revenu en France et il le restera", lance-t-il alors, après que les Anglais aient demandé le retour de l'anneau à Londres.
Tribunal correctionnel de Versailles - 8e chambre