Chez SAFT à Poitiers, on ne cache pas sa joie en cette journée exceptionnelle. Le monde a les yeux braqués sur Philae qui s'approche de l'inhospitalière Tchouri pour tenter le premier atterrissage sur une comète. Pour cela le petit robot utilise une batterie au lithium conçue à Poiters.
Interviews : Serge Fouilhaux
Directeur division Défense et Espace SAFT Poitiers ; André Petit
Ingénieur technique SAFT Poitiers
Un tweet désormais célèbre l'a annoncé :
Finally! I’m stretching my legs after more than 10 years. Landing gear deployed! #CometLanding
— Philae Lander (@Philae2014) 12 Novembre 2014
"Enfin! Je peux étendre mes pattes après plus de dix ans. Le train d'atterrissage est déployé!", a annoncé le robot dans un tweet de l'Agence spatiale européenne (ESA).Si Philae parvient à s'ancrer comme prévu sur la comète Tchourioumov-Guérassimenko, la confirmation de cette première spatiale devrait parvenir sur Terre vers 16H02 GMT (17H02 heure de Paris), avec une plage d'incertitude d'une quarantaine de minutes. L'enjeu de la mission Rosetta et son robot Philae est de taille : il s'agit de livrer des informations sur les origines du système solaire, que les comètes peuvent aider à déchiffrer. Elles permettent aussi de mieux comprendre l'apparition de l'eau et de la vie sur Terre.
L'aventure semée d'embûches de Philae se passe à plus de 500 millions de km de la Terre. La comète, escortée par Rosetta, file à 18 km/seconde. Philae descend vers elle à la vitesse d'un marcheur (3,5 km/h).
"Nous avons de très bonnes nouvelles. Tout se passe bien à bord. La pile de Philae fonctionne bien. Pour le moment, nous avons reçu toutes les données que nous attendions", a déclaré Philippe Gaudon depuis le centre d'opérations scientifiques et de navigation de Philae à Toulouse. La séparation de la sonde et de son robot laboratoire a eu lieu à 09H00 GMT (10H00, heure de Paris). Un premier succès qui a suscité exclamations et embrassades dans la salle de contrôle du Centre européen d'opérations spatiales à Darmstadt, en Allemagne.
Philae, 100 kg sur Terre, ne pèse qu'un gramme dans l'espace. Il a donc été conçu pour être à la fois plaqué au sol par l'émission d'un gaz et s'ancrer en profondeur sur la comète grâce à deux harpons. Il ne va pouvoir finalement que compter sur eux, un handicap que les responsables de la mission minimisent. Si la décision de lancer l'opération a été prise, "c'est qu'on a suffisamment de marge pour pouvoir y aller", assurent les responsables du vol. Ce "petit problème augmente peut-être la liste des inconnues, mais on a travaillé toute la nuit pour faire en sorte qu'on maîtrise les risques".
Le site retenu pour l'atterrissage de Philae est une zone d'environ 1 km2 située sur le petit lobe du noyau de la comète. Si tout se passe comme prévu, le petit robot et ses 10 instruments se mettront immédiatement au travail pour un programme scientifique intensif de deux jours et demi, Philae fonctionnant alors sur ses piles. Au-delà, c'est un second système de batteries, rechargeables par des panneaux solaires, qui prendra la relève.