Jeudi, à Draguignan, deux nouveaux témoins étaient venus témoigner en faveur de l'unique accusé, le Corse Ange-Toussaint Federici. Mais ce matin, la Police judiciaire a surpris deux hommes remettre 50.000 euros à la femme de l'un deux.
Le procès en appel d'un triple homicide survenu dans un bar de Marseille en 2006, en cours depuis lundi devant la cour d'assises du Var, a été suspendu vendredi à Draguignan après quatre interpellations sur fond de soupçons de subornation de témoin.
50.000 euros à la femme du témoin
Après la pause déjeuner, l'audience devait reprendre mais elle a été ajournée jusqu'à lundi par le président de la cour, Thierry Fusina, la garde à vue des quatre suspects interpellés vendredi matin lors d'une opération de police à l'aéroport de Marignane (Bouches-du-Rhône) expirant dimanche, selon l'avocat général, Marc Gouton. "Il était théoriquement l'heure de donner la parole aux parties civiles, mais les derniers événements ce matin" ont changé la donne, a déclaré M. Fusina, indiquant que les interpellations pourraient "avoir un certain lien avec la déposition d'un témoin, M. Boughanemi pour ne pas le citer".
Selon BFMTV, qui a révélé l'information et a pu filmer les interpellations, deux Corses ont été surpris par les policiers en train de remettre 50.000 euros à la femme du témoin en question.
Un témoin surprise
Jeudi, à Draguignan, deux nouveaux témoins étaient venus témoigner en faveur de l'unique accusé, le Corse Ange-Toussaint Federici, condamné en première instance en novembre 2010 à 28 ans de réclusion criminelle pour l'assassinat du caïd Farid Berrahma et de deux de ses lieutenants.
Parmi eux, Karim Boughanemi, un ancien proche de Berrahma en détention jusqu'en 2018 pour meurtre, avait créé la surprise en venant témoigner spontanément en faveur de Federici, après qu'un avocat de l'accusé, en premier instance, eut suggéré que Boughanemi avait peut-être tué Berrahma dans le cadre de luttes internes au clan.
"C'est peut-être un innocent qui est en prison", avait déclaré Boughanemi jeudi à la barre, en se tournant vers le box et en affirmant même qu'il se trouvait sur les lieux de la fusillade au soir du 4 avril 2006, alors qu'aucun témoin n'avait jusqu'ici évoqué sa présence au bar des Marronniers.
"Notre client est effondré" par cette affaire de subornation, "il le prend très mal", a réagi Me Edouard Martial, l'un des avocats de Federici, qui n'exclut pas un piège: "D'où ça vient, comment cela a été organisé, par qui ? on verra lundi matin".
"C'était prévisible, mais c'est lamentable si c'est avéré. Les parties civiles ont la conviction que d'autres témoins ont pu modifier leurs déclarations suite à des pressions", a rétorqué Me Michel Roubaud, avocat de la famille Berrahma.