La Cour de cassation dira lundi si Edwige Alessandri, condamnée à 3 reprises pour le meurtre de son mari, tué dans son lit d'un tir de fusil de chasse en juillet 2000 à Pernes-les-Fontaines, doit être rejugée comme sa défense le réclame.
Un ADN retrouvé
Sa requête, déposée en juin devant la commission de révision des condamnations pénales, s'appuie sur un ADN retrouvé sur deux mégots et une dénonciation, qui accréditent, selon l'avocat de Mme Alessandri, la thèse d'un cambriolage qui aurait mal tourné, que celle-ci soutient depuis 12 ans en clamant son innocence.
Les faits
Dans la nuit du 16 au 17 juillet 2000, Richard Alessandri, 42 ans, directeur de supermarché, était tué dans son lit d'un tir de fusil de chasse en pleine tête. Pour l'accusation, l'auteur du coup de feu est son épouse, Edwige, 53 ans aujourd'hui. Pour la défense, des malfaiteurs se sont introduits dans la maison pour se faire remettre, sous la menace d'une arme, la recette du supermarché et ont tiré accidentellement.
Les condamnations
Edwige Alessandri fut condamnée une première fois en 2006 par la cour d'assises du Vaucluse à 12 ans de prison, peine confirmée en appel devant les assises du Gard, dont le verdict fut cassé pour vice de forme.Renvoyée devant la cour d'assises
d'appel du Rhône, l'accusée écopa cette fois de 10 ans de réclusion criminelle en 2009. Après plus de quatre ans de détention, elle a bénéficié d'une libération conditionnelle à l'automne 2010.
"Les gendarmes ont été induits par des éléments peut-être trompeurs, ils ont suivi une direction beaucoup trop étroite. Différents éléments concrets très favorables à Edwige Alessandri n'ont pas été utilisés ou alors de façon tout à fait insuffisante", déplore son avocat, Me Michel Godest.
La thèse d'un cambriolage
Parmi eux, deux mégots de cigarette retrouvés à proximité de la maison, un mas isolé entouré de champs. L'ADN d'un cambrioleur récidiviste y a été découvert lors d'une analyse scientifique ordonnée pendant le troisième procès à Lyon.Me Godest s'appuie également sur un témoignage accusant une tierce personne du meurtre. Dans les deux cas, une enquête préliminaire a été ouverte et des auditions ont été effectuées, selon le parquet de Carpentras.
"La thèse de l'intrusion extérieure a été étudiée, mais elle a été mise à mal par les constatations des enquêteurs", affirme Stanislas Vallat, vice-procureur de la République à Carpentras, avocat général au premier procès à Avignon.
La thèse du drame familial
La thèse du drame familial, à l'inverse, avait été corroborée par le fils aîné de Mme Alessandri, Yohann, né d'une première union et âgé de 17 ans à l'époque. En garde à vue, il avait dit que sa mère avait tué son mari après une dispute et qu'elle lui avait demandé de l'aider, avec son frère Brice, enfant du couple âgé de 12 ans, à maquiller la scène du crime pour faire croire à un cambriolage raté.Mais l'adolescent s'était rétracté quelques semaines plus tard. Les deux frères, parties civiles aux procès, ont soutenu leur mère. "Le dossier repose essentiellement sur une garde à vue" et "les déclarations de Yohann ne sont pas toujours confortées par les constatations", estime Me Patrick Gontard, qui fut l'avocat du fils aîné jusqu'en 2006, évoquant "une certaine fragilité" de l'accusation.
"J'ai le sentiment que les investigations n'ont jamais été poussées suffisamment loin pour avoir des certitudes", renchérit l'avocat de Brice, Me Marc Geiger.
L'arme du crime n'a pas été retrouvée et les différents mobiles avancés pour expliquer le crime de l'accusée sont jugés peu convaincants par les conseils des enfants et de leur mère.
"Mme Alessandri s'est pris les pieds dans le tapis de ses mensonges", rétorque le vice-procureur Vallat, en référence à des évolutions dans ses déclarations. vignon.