Patrick Edlinger est mort. Le plus célèbre des grimpeurs français a été retrouvé sans vie, vendredi 16 novembre, dans sa maison située à la Palud-sur-Verdon. Il était le pionnier de l'escalade libre, sans corde ni assurance.
Il était la figure emblématique de l'alpinisme de haut niveau. Patrick Edlinger, le pionnier de l'escalade à mains nues est décédé vendredi 16 novembre à l'age de 52 ans. Avec son escalade libre, en solo, il avait révolutionné le monde de l'alpinisme. Mais celui qui se qualifiait "d'homme libre" n'est plus. Retrouvé sans vie dans sa maison de la Palud-sur-Verdon, dans les Alpes-de-Hautes-Provence, il est parti, laissant des projets derrière lui.
Un sportif connu dans le monde entier
Révelé au monde grâce au film-documentaire français "La vie au bout des doigts", en 1982, il était devenu peu à peu, l'une des personnalités préférées des français dans les années 80. Le documentaire, réalisé par Jean-Paul Janssen, mettait en scène Patrick Edlinger, cheveux blonds et longs, retenus par un bandeau, vivant sa passion de l'escalade, sans attache ni assurance. Un artiste qui ne faisait qu'un avec la roche, et dont la souplesse pouvait lui faire franchir les moindres obstacles. Devenu culte, le film est considéré comme le premier du genre, entièrement consacré à l'escalade. Le documentaire est d'ailleurs nommé lors de la 9ème cérémonie des César, en 1984, dans la catégorie "meilleur court-métrage documentaire".
Patrick Edlinger, dit "Le blond", qualifie son sport "d'opéra vertical", un art comme la danse dont "la chorégraphie est dictée par les prises". Cet homme avait révolutionné l'escalade. Il grimpait sans assurance et sans corde, à mains nues, en solo. Il conseillait à tous les adeptes de l'escalade, de rester bien concentré. "Si tu te déconcentres, ne serait-ce que deux ou trois secondes, tu peux louper un mouvement et te casser la gueule." affirmait-il.
C'est pourtant ce qui a mis fin à sa carrière. En 1995, Patrick escalade une voie 7b dans les calanques de Cassis. Après avoir manqué quelques points d'assurance, il chute de dit-huit mètres. Victime d'une prise défaillante, il se retrouve sur le sol, inanimé. Un accident qui ne lui sera pas fatal grâce à la présence d'un médécin, mais qui met un frein à sa carrière de haut niveau. Il continue de s'entrainer sur des voies difficiles comme les voies 8, pour finalement s'arrêter définitivement à la naissance de sa fille, en 2002.
Ses projets
D'après le réalisateur Gilles Chapazz, les deux hommes avaient pour projet la réalisation d'un film sur Eldinger. Une réalisation dans laquelle "Le blond" avait l'intention de se livrer au public sur ce qu'il était devenu. Un homme dépressif, alcoolique. Dans un entretien accordé au Dauphiné Libéré, Gilles Chapazz suppose que, l'arrêt de sa carrière, lui a fait prendre conscience "qu’on ne peut pas être et avoir été". Il ajoute, "c'est le basculement des gens de l’extrême lorsqu’ils reviennent sur terre et qu’ils se rendent compte de leur vieillissement. Ils ont vécu des choses tellement pleines, des émotions si pures que l’angoisse de ne plus les revivre est forte."
Se livrer. C'est aussi ce que Patrick Edlinger avait décider de faire, avec son biographe et ami Jean-Michel Asselin. Une auto-biographie dont la sortie est prévue pour le mois de mai 2013 et qui devait l'aider à sortir de son mutisme. Il voulait parler de ce qui le ronge, l'alcoolisme. Jean-Miche Asselin livrait en exlusivité, dans le JDD, la dédicace du livre d'un "Patrick en souffrance" :
"Je souhaite à tous les êtres, quelle que soit leur activité, de la vivre pleinement en homme libre. La vie est belle, il faut la prendre avec humour et détachement. Il faut savoir rester humble, à l’écoute des autres et s’efforcer de les aider. Peu importe si l’on juge que le monde est peuplé de crétins et de cupides, il se peut que nous en fassions partie, d’où cette idée de penser aux autres et rendre la vie plus belle pour tous".