Interdictions de pesticides: les apiculteurs satisfaits mais ils restent vigilants

15 États membres, dont la France, l'Espagne ou l'Allemagne, ont autorisé la Commission européenne à interdire, à compter de décembre et pour deux ans, trois pesticides sur quatre cultures: maïs, colza, tournesol et coton (produit essentiellement en Espagne). Ils sont mortels pour les abeilles. 

"C'est un moratoire à l'échelle de l'Europe, les abeilles n'ont pas de frontières. Il n'y a pas les abeilles de France, il y a les abeilles tout court (...) Il n'y a donc pas, en plus, de distorsion de concurrence. Ça s'applique à l'échelle de toute l'Europe", a déclaré Stéphane Le Foll, le ministre de l'agriculture. "Maintenant, on a un chantier devant nous pour essayer de garantir à la fois la protection d'un certain nombre de productions, de récoltes et de céréales, et définir à partir de ce moratoire les conditions de la protection des abeilles", a-t-il poursuivi.

L'ONG Générations futures, très active dans la lutte contre l'utilisation des pesticides, a salué la décision européenne et a affirmé "espérer qu'à terme deux autres néonicotinoïdes dangereux, l'acétamipride et le thialclopride soient interdits". L'Union nationale des apiculteurs français (Unaf) a aussi fait part de sa satisfaction et salué "un premier pas" pour la protection de l'apiculture.

"Il est indispensable que cette décision recouvre l'ensemble des cultures", réclame Olivier Belval, le président de l'Unaf.

Stéphane Le Foll avait interdit, peu après son arrivée au gouvernement en juin dernier, le Cruiser OSR sur le colza. Et il n'avait pas exclu, si l'UE n'avait pas validé ce moratoire , de prononcer d'autres suspensions d'autorisations de mise sur le marché.

Notre reportage dans le Var:

 

"Une désision hâtive" pour la FNSEA et la Coordination rurale
Dans un communiqué, la Fédération nationales des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA, majoritaire) estime que cette décision, "prise sans l'aval d'une majorité qualifiée d'Etats membres, va à l'encontre des intérêts croisés agriculteurs/apiculteurs". "En l'absence aujourd'hui de méthodes alternatives adaptées, les néonicotinoïdes revêtent un intérêt majeur pour les filières grandes cultures, fruits et légumes, filières qui contribuent fortement aux équilibres économiques de la France en termes de valeur ajoutée, d'emplois et de commerce extérieur", fait-elle valoir. La FNSEA réclame que soit donnée une priorité au "développement de programmes de recherche et d'innovation dans les domaines de la génétique, de la protection des cultures et de la santé des abeilles".
De la même façon la Coordination rurale, syndicat minoritaire, conteste la décision de Bruxelles, illustration "du pouvoir des environnementalistes", selon elle. La Coordination rurale estime qu'elle aura "peu d'effet sur la santé des abeilles", dont la mortalité est due selon plusieurs études "à un concours de facteurs", rappelle-t-elle. Sans vouloir "minimiser les effets dangereux des traitements agricoles en mauvaises conditions d'utilisation", elle met en garde contre "de nombreux effets pervers".
"La perpétuelle remise en cause et stigmatisation du produit phytosanitaire pour raison de santé de l'abeille ne se traduit que par des contraintes supplémentaires pour l'agriculteur, menant à des baisses de potentiel de production et donc à terme à une hausse du coût des céréales, sans parvenir à régler le problème initial", estime le syndicat dans un communiqué.
A l'inverse, la Confédération paysanne (syndicat minoritaire) "se réjouit de cette avancée", mais considère la mesure "largement insuffisante" car "elle ne concerne pas la production de semences (ni) surtout les céréales d'hiver soit près de 85% des céréales semées en France". En outre, la suspension de deux ans "est trop courte par rapport à la persistance très longue de ces produits dans les sols", juge la Confédération paysanne dans un communiqué séparé.
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